46. Cobaye

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La pièce n'était pas très grande. Un zombie était enchaîné à un mur et se débattait violemment. Mais contrairement à celui près du laboratoire des scientifiques, celui-là était loin d'être inoffensif : griffes, dents, râle d'envie, il avait la totale. Et pour cause, à moins de quatre mètres devant lui se trouvait une proie vivante qu'il avait bien l'intention de croquer. Je serrai ma main autour de la seringue à cause de la rage. Je pris aussi soin de me placer entre Gretha et les scientifiques.

— Faites attention à ça. Comme je vous l'ai dit c'est notre seul exemplaire.

La voix était tranchante comme un rasoir et totalement dépourvue d'émotions. Cela ne fit que mettre plus en colère.

— Pourquoi ? demanda simplement G d'une voix tremblante.

— Le sujet s'est porté volontaire.

— Le sujet ?! Le sujet ?! C'est comme ça que vous parlez des gens ?! Vous me dégoûtez ! Vous qui aimez tant la science, allez donc là dedans ! leur crachai-je.

Un mouvement attira mon regard, la personne se rapprocha de la vitre et me regarda dans les yeux. On se mesura du regard un moment l'un l'autre sans rien dire et il finit par me désigner une petite trappe faite pour transférer des objets à l'intérieur de la pièce.

— Donne-moi ça Altman, j'ai confiance en toi.

Je fixai Pete sans rien dire, la seringue toujours à la main. Le contenue de ce minuscule objet pouvait très bien le tuer avant même que le zombie ne le touche. Et rien ne garantissait que le sérum des scientifiques était bien efficace. Ma confiance en eux avait drastiquement baissé en l'espace de quelques minutes. D'ailleurs j'avais bien envie d'en frapper un en plein visage vu ce qu'ils étaient en train de faire. Si quoi que ce soit arrivait à Pete...

Je me remémorai tous les souvenirs que j'avais de lui, un homme légèrement plus âgé, m'accueillant comme une soeur dans son unité et... Je chassai ces souvenirs d'un mouvement de tête, il n'allait pas mourir ! Je ne devais pas penser comme ça. Je m'approchai et glissai la seringue dans le compartiment avant de reculer pour rejoindre Gretha. Elle s'accrocha à moi comme une bouée de sauvetage, je lui pressai la main, tremblante d'anxiété et de rage contenues. L'équipe de scientifiques se trouvait derrière nous. Un homme s'approcha à son tour de la vitre et releva sa manche.

— Piquez-vous ici, dit-il en montrant le creux de son coude. Il y a de quoi se faire un garrot sur la petite table derrière vous.

— Entendu.

Pete se tourna et s'approcha de ladite table. Je le vis se faire un garrot avec le matériel à disposition. Il nous regarda toutes les deux à tour de rôle avant de se piquer dans le bras. Il fit une légère grimace quand l'aiguille lui pénétra la peau. En quelques secondes, tout le sérum était entré dans son flux sanguin. Il retira le garrot et fit bouger ses doigts pour rétablir une bonne circulation dans son bras.

— Combien de temps avant que ça n'agisse ?

— À peine quelques minutes, déclara la femme en regardant sa montre.

— Pete, chuchotai-je en m'approchant de la vitre, tu n'avais pas besoin de faire ça.

— Arrête, je suis persuadé que ça va aller. Vous vous ressemblez tellement et pas du tout en fait, fit-il d'un ton enjoué en fixant alternativement G et moi.

Je bouillais de rage et le visage de G n'était qu'un masque de peur. La proximité et les bruits effroyables du zombie tendant ses bras vers Pete dans l'espoir de l'attraper n'arrangeaient rien. Ironiquement ce fut Pete, dans sa cellule et à quatre mètres d'un revenant, qui fit de son mieux pour détendre l'atmosphère durant les interminables minutes de notre attente. Je n'arrêtais pas tripoter mon étui vide et les doigts de G étaient glacés contre mon avant-bras.

— Il est temps.

Pete hocha la tête, nous adressa un sourire à toutes les deux et s'éloigna de la vitre. En trois pas il fut à portée du zombie qui se débattait comme un fou. Il tendit le bras vers le revenant et grimaça lorsque les ongles décharnés griffèrent sa chair.

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