48. Fuite
La pression sur ma main se relâcha quand Pete rendit son dernier soupir. Je lui plaçai ses bras en croix sur sa poitrine et lui fermai les yeux. On aurait presque dit qu'il dormait. Je me relevai péniblement. Je passai mon poing contre ma figure pour essuyer mes larmes. Mon regard tomba sur le zombie qui se débattait toujours autant à trois mètres de là. Je me traînais dans sa direction et lui plantai rageusement le couteau dans le crâne. Il retomba comme une vieille marionnette uniquement retenue par ses chaînes. J'essuyai sommairement la lame sur les vêtements du zombie et fis demi-tour. Je glissai le couteau à ma ceinture et m'approchai des scientifiques. Ils firent quelques pas en arrière. J'attrapai le jeune par la blouse.
— La prochaine fois, c'est toi qui testera ton sérum de malheur. En attendant, je ne veux pas vous revoir, fulminai-je.
Il tremblait comme une feuille, croyant probablement que j'allais le frapper. J'en avais terriblement envie d'ailleurs. Des bruits de pas précipités attirèrent notre attention. C'était les deux autres qui revenaient.
— Attendez ! Il y a un problème ! C'est...
— C'est trop tard ! Pete est mort ! C'est votre faute ! criai-je au chef.
— Que... ?
C'en était trop. Je lui balançai un coup de poing en pleine mâchoire. Mes jointures me faisaient mal mais au moins je me sentais mieux. Enfin, un peu. Le chef des scientifiques tomba à la renverse en se tenant la bouche. Il avait du sang au coin des lèvres. Tant mieux. Il n'avait qu'à faire ses tests à l'avance au lieu de compter sur des cobayes humains pour essuyer les plâtres des ses échecs.
J'attrapai G par le bras et l'entraînai dans le couloir. Une fois arrivées au niveau des ascenseurs, je nous fis prendre les escaliers. Ça me paraissait mieux que d'attendre nerveusement que l'ascenseur arrive, j'avais besoin de bouger. Après quelques marches, ma sœur s'accrocha à moi. Elle sanglota contre moi. Elle qui ne connaissait Pete que depuis des semaines alors que je l'avais côtoyé pendant des années. Le choc de sa mort me heurta comme une vague déchaînée. Je la tins contre moi et on pleura un peu, ou très longtemps, je ne sais plus, dans cette cage d'escalier, quatre étages sous terre.
Enfin je rangeai mon couteau dans ma botte et on reprit notre ascension. Nous émergeâmes dans le hall d'entrée. Je nous dirigeai vers le point de contrôle tenu par les militaires. Je n'avais aucune envie de rester plus longtemps dans ce bâtiment de malheur. Il fallait que je sorte. Qu'on rentre chez nous. Mais le chef de patrouille de Pete se trouvait là.
— Brown n'est pas avec vous ? demanda-t-il en haussant un sourcil.
Les mots me vinrent difficilement, comme toujours dans ces cas-là, je choisis d'énoncer la situation le plus rapidement possible. Un peu comme un pansement qu'on arrache.
— Il... il est mort, répondis-je avec une voix étranglée.
— Quoi ?! Dans l'enceinte du bâtiment ? Comment ?!
— Il a testé le sérum des scientifiques. C'était un échec. Il ne m'avait pas dit qu'il voulait le faire... Il avait cru... Il est... toujours dans cette salle horrible.
— Il était optimiste à propos de ça. Nous prendrons soin de lui.
— Merci...
Il me rendit mon arme que je rangeai dans mon étui avant de me diriger vers la sortie, G sur mes talons. Avant de franchir le seuil, je me retournai.
— Ah, au fait. J'ai frappé un scientifique, j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur.
Le chef de patrouille me fit un signe de la main en souriant. Lui aussi avait perdu un homme de confiance. Il se fit remplacer et se dirigea vers les ascenseurs. Je me demandai s'il allait aussi mettre une bonne correction aux chercheurs. Ce serait mérité. Au moins il n'avait pas l'air de m'en vouloir pour le petit coup de poing. Une fois dehors, on se dirigea vers la voiture et nous montâmes à l'intérieur.
— Est-ce qu'il reste de l'espoir ? Concernant le sérum ? Tu crois qu'ils peuvent en trouver un autre ?
En guise de réponse, je démarrai la voiture.
Annotations