49. Craquage

3 minutes de lecture

Le trajet jusqu'à Sweetwater se fit dans le plus grand silence. J'étais retombée dans le mutisme qui me caractérisait quand je ne savais pas quoi penser. J'accusai le contre-coup émotionnel des dernières vingt-quatre heures. De haut en bas, l'ascenseur émotionnel m'avait emmenée à tous les étages. Nous étions aux anges : nous avions finalement des pousses dans notre petit potager. Puis les scientifiques nous avaient contactés, l'espoir d'un remède nous avaient fait pousser des ailes. Puis ça a été la descente aux enfers. Le remède n'était que du vent. Une bourrasque qui a entraîné la mort de Pete. Lui qui n'avait rien demandé. Lui qui était toujours plein d'espoir pour ce monde.

Revenir en arrière était impossible. Le monde était rempli de sable. Le monde était rempli de revenants. Le monde était désespérant, insupportable, épouvantable. Je tâchai de faire bonne figure devant G mais j'avais envie de hurler et de frapper quelque chose. Fort. Une larme coula sur ma joue, je l'essuyai rageusement avant de me reconcentrer sur la route. Je sentais le regard de G sur moi mais elle ne fit aucun commentaire. Nous arrivâmes enfin à destination. Ce n'était pas trop tôt. Il fallait que je sorte de cette voiture. C'était vital. Shirahoshi avait dû nous voir revenir car le portail était à moitié ouvert quand nous sommes arrivées devant le complexe. Je fis passer la voiture au ralenti et me garai sans un mot. Je sortis et me dirigeai vers le coffre.

— Alors comment ça s'est passé ? Des bonnes nouvelles ? demanda la jeune fille.

J'entendis à peine G soupirer. Je m'étais décidée. J'ouvris le coffre, mis plusieurs choses dans un sac à dos, vérifiai mon chargeur et partis vers le portail.

— Sylvia ? m'interpella Max qui venait d'arriver du dortoir.

Je ne lui répondis pas et continuai à avancer. J'entrouvris le portail et me glissai à l'extérieur avant de le refermer précautionneusement. Je m'éloignai pour passer le deuxième quand j'entendis des voix dans mon dos.

— Sylvia ! cria Shirahoshi.

— Que se passe-t-il ? s'inquiéta Max.

— Laissez-la. Elle reviendra. Je vais vous expliquer, fit G d'une voix tout de même inquiète.

Je laissai le complexe derrière moi et partis vers la ville à pied. Il fallait que je passe mes nerfs sur quelque chose. Les zombies feraient très bien l'affaire. Je me mis à courir vers les limites de la ville. J'avais bien trop d'énergie que je voulais dépenser. Bien trop de choses que je voulais hors de mes pensées. Je ralentis quand j'arrivais en ville. Tout était calme. On l'avait bien nettoyée. Je le regrettais presque sur le moment. Mais j'étais persuadée qu'il en restait toujours.

J'étais là, debout au milieu de la route principale, avec uniquement un pistolet, un couteau et de la nourriture dans un sac à dos. Je fermai les yeux. La vision de l'expression de Pete lorsqu'il me demanda de le tuer m'apparut dans un flash. Je tombai à genoux sur le bitume et hurlai de toutes mes forces. Je criai jusqu'à en avoir mal. La dernière pression de Pete sur ma main me hanta comme une douleur fantôme. Je me remis à hurler et tapai le sol du poing pour faire disparaître cette sensation. Je ne réussis qu'à m'écorcher la main. Des nouvelles larmes roulèrent sur mes joues tandis que je regardais le sang sortir de mes jointures et couler lentement sur l'asphalte.

Le soleil de l'après-midi tapait sur mes épaules. Un cliquetis attira finalement mon attention. Quelques zombies s'approchaient de moi, attirés par mes éclats de voix. Je me relevai péniblement, mon poing droit toujours ensanglanté. Je séchai mes larmes avec la main gauche et tirai ma dague de ma botte. Je n'avais jamais vraiment aimé les lames mais il me fallait plus de danger que de simplement tirer sur les zombies avec mon pistolet. Ils n'étaient que quatre à s'avancer lentement vers moi, chacun quelques pas derrière le précédent. Je fis tourner la lame dans ma main, ma rage prenant le dessus. A ce stade, l'image du zombie qui avait provoqué la mort de Pete se superposa avec ceux en face de moi.

J'accélérai et plantai la dague dans le crâne du premier quand j'arrivai à sa hauteur. Je retirai avec force le couteau pour tuer le deuxième. Il s'effondra au sol comme une marionnette. Je poussai le suivant tellement violemment qu'il tomba. Sans un regard en arrière, je lui décrochai un puissant coup de talon dans la tête. Celle-ci, déjà à moitié décomposée, éclata. Je secouai mon pied pour retirer la chair et plantai ma dague sous le menton du dernier zombie. Mon cœur filait à toute allure, la rage faisait bouillonner mon sang, je n'avais qu'une seule idée en tête : les exterminer.

Annotations

Vous aimez lire Shagya ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0