51. Cris

3 minutes de lecture

La plaie de mon bras me grattait légèrement. La fois où j'avais été griffée au cou, je mettais presque immédiatement endormie pour une journée. J'allais à présent pouvoir observer en détail l'évolution de l'état de ma plaie. J'eus un rire nerveux en imaginant la réaction des scientifiques s'ils pouvaient me voir. Ils m'auraient sans doute aussi mise en cage pour pouvoir m'étudier sous toutes les coutures. Pour l'instant, du sang perlait de mon bras gauche et de mon poing droit. J'étais aussi couverte d'hémoglobine ne m'appartenant pas.

L'après-midi touchant à sa fin, je me rendis compte que je commençais à avoir faim. Ma rage commençait aussi à retomber. Je pris dans mon sac le peu de nourriture que j'avais emporté. Je m'assis par terre, sur une bordure et mangeai mon maigre repas. Mon esprit se dégagea un peu et je me dis que G et les autres devaient commencer à s'inquiéter pour moi à cause de ma disparition. Je me décidai enfin à rentrer.

Je retraversai la ville dans le sens inverse, contemplant d'un œil nouveau les piles de cadavres qui remplissaient les rues. Il y en avait un sacré paquet en fait. Je marchais d'un bon pas, la fraîcheur du désert tombant rapidement en fin de journée. Je sortis de la ville et empruntais la route vers les cavernes. La nuit était quasiment tombée et je grelottais de froid. Comme une imbécile, je n'avais pas réfléchi très loin et n'avais pas emporté de vêtement chaud. Quand j'arrivais enfin au niveau du portail, j'entendis Max crier quelque chose. C'était lui qui était de garde à cette heure là. Les autres vinrent ouvrir la porte. Les yeux des filles s'arrondirent lorsqu'elles remarquèrent mon état.

— Mais qu'est ce qu'il t'es arrivé ? s'exclama G avec force en me tirant à l'intérieur du portail.

Son ton fit revenir ma colère. Ne comprenait-elle rien ?! Elle devrait comprendre ce que je ressentais mieux que quiconque ! Elle, ma jumelle ! Je me dégageai d'un mouvement d'épaule en ravalant une remarque cinglante. Je commençai à m'éloigner vers le dortoir.

— Tout va bien, murmurai-je.

— Non c'est faux ! Tout ne va pas bien !

Ah, elle m'avait entendue donc.

— Tu passes des heures en ville à leur courir après et tu reviens couverte de sang !

— Ce n'est pas le mien.

— Et ça c'est quoi ?! fit-elle en attrapant mon bras griffé.

Je sentais le regard de Shirahoshi et Max sur moi malgré la pénombre. Je ne pouvais pas le supporter. Tous ces cris me redonnaient envie de frapper quelque chose.

— Tu fonces tête baissée sous prétexte que tu es immunisée ?! Une morsure au cou, une artère sectionnée, tu peux toujours mourir tu sais ! cria G.

Je dégageai mon bras avec violence et m'éloignai sans répondre. J'allais me frotter le visage avec de l'eau froide, je nettoyai sommairement mes plaies. Quand j'eus terminé, l'eau du seau était devenue rouge. Je plongeai ma dague dedans pour enlever la croûte de sang séché qui recouvrait la lame. Je rinçai aussi l'étui et jetai l'eau dans le sable. Je décidai d'aller me coucher après ça.

J'allai dans le dortoir et m'allongeai sur mon matelas. Je fermai les yeux. J'entendis des pas se rapprocher. Comme je tournai le dos à la porte, cela ne servait à rien d'essayer d'ouvrir un œil. Je fis semblant de dormir. La personne soupira bruyamment et s'allongea sur son propre matelas. C'était sûrement Gretha. Je ne fis pas un mouvement pour me tourner. Elle n'essaya pas d'engager à nouveau la conversation non plus. Tant mieux. Peu après, j'entendis d'autres bruits de pas et tout le monde vint se coucher. Normalement c'était à moi de relever Max pour surveiller le camp mais je ne fis pas un mouvement quand il vint dormir à son tour. G devait lui avoir dit quelque chose à mon sujet. Je me demandais quoi. Elle n'avait pas l'air de comprendre mon état, de quel droit pouvait-elle parler en mon nom aux autres ?

Je ressassai ces questions et dormis mal cette nuit là. Des cauchemars tourmentaient mon sommeil. Je revoyais les sous-sol d'Atlanta. Le zombie enchaîné. Pete. Mes combats dans les rues de l'après-midi. Cette fois-ci elles étaient noires de monde. Je n'avais pas mon pistolet sur moi. Je n'avais aucune prise sur ma dague, mes mains pleines de sang m'empêchaient de tenir le manche correctement. J'étais submergée. J'avais beau donner des coups de couteau dans tous les sens, il y en avait toujours plus. Je fus agrippée par des dizaines de mains décharnées et...

Annotations

Vous aimez lire Shagya ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0