52. Espionnage

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Je me réveillai en sueur, brandissant mon pistolet caché sous mon oreiller. C'était le milieu de la nuit et il n'y avait personne en face de moi. J'avais du mal à reprendre mon souffle. Je haletai à cause de mon cauchemar. Je remis mon pistolet à sa place et m'allongeai sur mon matelas en inspirant profondément. Tous les autres dormaient paisiblement à mes côtés. Au bout de longues minutes, j'arrivais enfin à me calmer. Les images du cauchemar devenaient de moins en moins présentes dans mon esprit. Je m'efforçai de respirer lentement mais je ne parvins pas à me rendormir.

Lasse, je sortis le plus silencieusement possible de la pièce, attrapant un t-shirt propre. Je me changeai rapidement, frissonnant à cause de la sueur sur ma peau et de l'air glacial qui régnait dans le désert nocturne. Je déambulai dehors un moment, faisant le tour du complexe. Les grillages étaient en bon état. Les températures fraîches semblaient m'empêcher de penser à quoi que ce soit. Comme si mon cerveau était gelé. J'en fus ravie. J'arrivai devant le carré de terre où nos plantations poussaient. D'ordinaire, je souriais toujours en voyant ces petites pousses combattre le désert pour finalement s'épanouir mais là, je restais de marbre devant les tiges et feuilles vertes. Je finis mon tour d'un bon pas et allai dans la pièce qui servait de bureau à G pour ses recherches.

C'était assez sommaire en mobilier, il n'y avait qu'un bureau, une chaise, quelques étagères et un canapé. Par contre, il y avait énormément de classeurs et divers papiers regroupant les recherches de G sur le fonctionnement de la machine. Les feuilles les plus importantes avaient été épinglées sur les murs pour être bien visibles à tout instant. Je ne pensais pas qu'elle avait effectué autant de travail là dessus. Je m'approchai du bureau, regardant les papiers éparpillés dessus. Je ne comprenais rien. Des tas de dessins de molécules et d'équations remplissaient les pages devant moi. Chaque centimètre de papier était recouvert de l'écriture serrée de ma sœur. Je tâchai de ne pas mettre de désordre quand un petit carnet bleu attira mon attention. Il était à moitié caché sous un amas de notes sur un coin du bureau. Je le saisis délicatement et allai m'asseoir sur le canapé. J'ouvris le carnet. Il n'y avait que le nom de ma sœur et une date datant d'il y a un an après sur la première page. Je feuilletai rapidement le cahier. Chaque page était couverte d'une écriture serrée entrecoupée de dates sur une bonne moitié du carnet. Je compris alors que j'avais son journal intime ou ce qui s'en rapprochait entre les mains.

Prise d'une impulsion, j'ouvris la première page. Je parcourus rapidement les pages qui relataient ses cours. J'en connaissais la majeure partie puisqu'on s'appelait souvent à l'époque pour qu'elle me raconte tout ça. C'est le mois de juillet de cette année qui m'intéressait. Quand cela avait commencé. Terreur, incompréhension, tout était relaté. G avait assisté à la transformation de plusieurs de ses amis avant de fuir l'université. Elle avait tout consigné en détails. Les cauchemars avaient dû la rendre folle. Nos conversations étaient aussi retranscrites mots pour mots. Le fait que je viendrais la sauver, que je saurais quoi faire, que je résoudrais tout revenait régulièrement. Elle avait tellement foi en moi à l'époque. Ce qu'elle avait écrit sur moi ces derniers jours ne disait pas le même message. C'était de l'inquiétude, parfois de la colère, jamais elle ne semblait saisir mes pensées.

« Sylvia m'inquiète. La mort de Pete l'a touché plus profondément que je ne l'aurait cru. »

« Elle est partie sans se retourner, sans dire un seul mot. C'est le même mutisme dans lequel elle s'était enfoncée à la mort de nos parents... »

« A-t-elle abandonné l'espoir ? »

« Je ne sais pas quoi lui dire. »

J'avais vu juste, elle ne comprenait rien de ce que je ressentais. Je refermai le carnet d'un geste sec et veillai à le remettre à sa place sur le bureau. Ainsi, elle ne verrait pas que je l'avais feuilleté. Je me laissai tomber sur le canapé. J'essayai de fermer les yeux pour me rendormir. La nuit avançait et je ne m'étais que peu reposée.

Le manque de sommeil commençait à me brûler les yeux mais aucun repos ne me venait lorsqu'ils étaient fermés. Le manque d'eau ou de nourriture pouvait vous tuer mais la privation de sommeil était une véritable torture. Elle était capable de rendre n'importe qui fou en l'espace de quelques jours. Je ne laisserai pas ça m'arriver, j'avais bien trop de choses à finir avant cela. Inspirant profondément, je m'installai le plus confortablement possible avant de tenter à nouveau de m'endormir. Je ne sus pas combien de temps s'écoula avant que je n'y parvienne.

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