Le ciel se brume et les âmes vagues abondent dans le noir qui a crevé le jour. Ça siffle, ça tangue, ça me perfore l’essence des mots qui se voilent tendus sur le rivage. Les maelströms s’évaporent dans les bouées sanglantes des nuits sans sommeil. Rocambolesques presque, éparpillées dans le firmament qui éclate en fragments d’étoiles grises et poussiéreuses. Sur ton visage la plage se perd, tu sonde les avens pour t’y plonger. Ma main tendue tu l’as repoussée sur tes joues corallines et les larmes ont perlé sur mes phalanges. J’ai rien-dit-rien-fait d'autre. Qu’attendre que tu me la rendes, que tu t’amendes. Mais de là tu mens, clairement, ce sont tes souffles qui me le murmurent sous tes cils. Tu as engouffré ta tête bien profond dans la vague pour ne plus rien voir que le trouble qui s’onde, et les silences qui chantent. Les callitriches se glissent entre les interstices, s’immiscent et ta perception factice. Que sais-je, si tu ne peux plus rien dire que des mots qui se noient dans un verre d’eau et que les gouttes qui tombent font déborder le vase, ébréché, de tes émotions étouffées. J’ai plus qu’à regarder, ton corps s’ensevelir sous des nuées amères, les laminaires te charogner le cœur jusqu’à ce que de toi – et puis en fait de nous – ne reste qu’un mince filet jeté au fond de l’océan, les mailles lâchées en désespoir de cause. Perdue d’avance. Tes cheveux droits sous la surface, le crâne lisse et aqueux, et le cœur tendu comme un arc-en-sel dans la marée, cherchant, du bout de l’ongle des doigts à saisir. Un Un vivier.