#3 - Des jours néant
Y a des jours avec des envies de rien. De néant. De lit vide, de draps froids, d’absence. Y a des jours avec cette envie d’inexistence. Pas de mort – parce que l’envie de crever c’est réservé aux gens qui souffrent –, non, l’envie de ne pas exister, de n’avoir jamais existé. De se volatiliser du monde sans la moindre trace de vécu qui puisse s’inscrire où que ce soit. Pfiout. Disparaître. Y a des jours comme ça, où s’arracher du sommeil demande le plus gros effort du monde, comme soulever la terre entière coincée sous les paupières. Ça ne vous arrive pas, à vous ? De regarder votre vie et l’univers dans lequel elle se déroule comme un spectateur hébété devant une performance d’art contemporain un peu trop conceptuelle ? Comme s’il vous manquait les clés pour la comprendre ? Sourire, rire, dormir, rêver, aimer… Pourtant il y a cette impression de ne plus vivre depuis… au moins tout ça. De ne faire qu’être là, autant pot de fleur que pot de chambre, bon à rester là, à attendre que la vie nous glisse dessus jusqu’à ronger des pissenlits par le dessous. Mon existence, je la déploie par mimétisme, par contrat social, par habitude. Alors oui, y a des jours où je rêve que mon matelas me dévore.
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