Chapitre 19 : Weekend au parc d’attraction
Alex
12H – La cloche venait de retentir dans les couloirs du lycée. La reprise des cours après les vacances de Noël avait laissé une certaine amertume dans le coeur des lycéens. Moi, c’était tout le contraire. Heureux de reprendre les cours, mais surtout de revoir celui qui m’avait extrêmement manqué pendant plus de deux semaines, je m’étais levé sans problème ce matin et avais même crié par la fenêtre ma joie de revenir au lycée. Mes parents se doutaient de quelque chose mais n’avaient pas essayé de me faire cracher le morceau. Ils étaient au courant de ma séparation avec Juliette mais ne m’avait jamais demandé si j’avais retrouvé une nouvelle copine. Anya tenait sa langue. De toute façon, elle pensait toujours que Matt était pour moi un ami cher et puisqu’elle l’aimait bien, elle ne m’embêtait jamais. Par contre, elle l’aimait tellement qu’elle voulait rejouer avec lui. J’en avais discuté avec l’intéressé et il m’avait annoncé que ça ne le dérangerait pas de jouer avec Anya, la prochaine fois qu’il venait à la maison. C’est bizarre, mais au fond de moi j’étais jaloux, c’est stupide c’est sûr, mais je n’arrivais pas à le partager.
J’avertis Marc que je ne pourrais pas déjeuner avec eux ce midi et partis en direction du potager. Pressé, je descendis à toute vitesse et faillis tomber. J’atterris avec beaucoup de mal en bas de la pente et jetai des regards dans toutes les directions pour voir si mon rendez-vous était déjà arrivé, personne. Je soupirai et m’appuyai contre un arbre en l’attendant.
Quelques minutes plus tard, des bruits de branches craquèrent et mon visage s’illumina quand je vis arriver l’amour de ma vie. Cela faisait au moins deux semaines que je ne l’avais pas vu et je ne pus retenir mon extase. J’ouvris les bras pour qu’il vienne s’y blottir et il s’exécuta sans traîner. Je refermai alors mes bras autour de son corps et humai le doux parfum qui se dégageait de sa chevelure. Bien que nous nous écrivions tous les jours et que l’on s’appelait parfois, il m’avait manqué horriblement. J’étais décidément bien accro à lui. Doucement, je le retournai et son dos rencontra l’arbre contre lequel j’étais adossé il y a quelques instants. Je desserrai ma prise et commençai à lui caresser la joue avec ma main. Il réagissait à la moindre de mes touchers et cela me remplissait de joie. Je pris appui avec ma main contre l’écorce de l’arbre et passai mon autre main derrière sa nuque. Puis, j’approchai sensuellement mes lèvres vers les siennes et les scellai avec un baiser fougueux. Mon partenaire ne se déroba pas et une de ses mains se posa sur mon épaule tandis que l’autre préféra filer vers mon dos. Ce baiser était si enivrant, qu’une de mes mains descendit le long de sa colonne vertébrale et vint se poser sur une de ses hanches. Je libérai alors ses lèvres et cherchai un chemin vers la peau nue de son cou que son manteau ne cachait pas. Je déposai alors un baiser à cet endroit et je le sentis frissonner à mon contact. Je ne pus retenir un petit rictus et continuai sur ma lancée. Il releva la tête comme pour libérer un peu plus son cou et je m’y faufilai, succombant à la tentation du diable. J’en voulais plus et vins m’attaquer à son oreille. Ma langue passa sur son lobe et je l’entendis pousser un léger gémissement. Surpris et enchanté d’avoir trouvé une de ses parties sensible, je renouvelai mon attaque et m’abandonnai au plaisir.
Un bruissement d’aile nous tira de notre jeu sensuel et je le relâchai. Il avait un regard érotique que je ne lui connaissais pas et je dois bien avouer que j’avais une folle envie de le dévorer tout cru. Mais bon, ce n’était pas le bon moment ni le lieux pour le faire et je m’abstins alors de continuer notre petit jeu. Je soufflai un bon coup comme pour me calmer et m’assis sur le banc et l’invitai à en faire autant après lui avoir déposé un baiser sur le front. Il me rejoint après s’être ressaisi et nous sortîmes notre repas. Entre les vacances et le boulot que les professeurs nous avaient donnés, nous avions beaucoup de choses à nous raconter.
« Au fait, tu es libre le week end prochain ? Pas celui qui arrive mais le suivant ! Avec ma bande on a prévu d’aller au parce d’attraction. Et puis comme c’est un peu loin, on voulait y rester une nuit pour pouvoir en profiter le plus possible.
— Mais je vais vous déranger, s’étrangla Matt inquiet.
— Pour ma part tu ne me dérangeras jamais et pour les autres, bah, ils savent déjà que je passe du temps avec toi… sans savoir que l’on sort ensemble, précisai-je devant son air paniqué. En plus, ils t’aiment bien, ils me l’ont avoué, donc aucun soucis.
— Je dois demander à mon père la permission et je te redis, m’informa-t-il avec un sourire.
— Dans ce cas je croise les doigts pour qu’il accepte, m’exclamai-je, un sourire aux lèvres.
— Moi aussi » répondit-il doucement en posant sa tête sur mon épaule.
La cloche sonna et nous rappela que nous devions retourner en cours. Je râlai un peu et Matt m’embrassa avant de partir en courant le premier. Je le rejoignis et nous prîmes la direction de nos classes respectives.
***
19H – J’informai les autres que j’avais invité Matt à venir avec nous et que j’attendais sa réponse et leurs réponses furent positives. Victor était ravi car on allait être un nombre pair et qu’aucun d’entre nous ne devrait alors monter seul sur les manèges. Thimothée était du genre à dire « plus il y a de monde plus on rit », Lucas suivait généralement la majorité et Marc accepta en me glissant une vanne par message privé. Amusé, je déposai mon portable sur mon lit et me replongeai dans la montagne de devoirs qui s’étendait sur mon bureau. C’est vers 23H que j’explosai de joie puisque je venais de recevoir une réponse positive de Matt. Selon ses dires, son père partait du jeudi au lundi pour son travail. Ce qui signifiait qu’il était libre comme l’air. Heureux comme jamais de passer un weekend entier avec Matt, j’eus du mal à m’endormir ce soir-là.
*** ellipse de 2 semaines ***
5H30 – J’arrivai avec Marc devant un immeuble et sonnai à l’interphone.
« Oui ? répondit une voix à moitié endormie.
— C’est moi, dis-je amusé par la voix de Matt.
— Quatrième étage, annonça-t-il avant de raccrocher.
La porte d’entrée s’ouvrit et nous nous dirigeâmes vers l’ascenseur. Nous arrivâmes alors au quatrième étage et observâmes les lieux qui nous entouraient. L’étage comprenait cinq appartements et nous vîmes une porte s’ouvrir devant nous.
— Rentrez » nous dit-il, j’ai quelques dernières choses à préparer, nous prévint-il depuis l’intérieur de l’appartement.
Matt, préférant nous laisser seuls, attendit dehors. J’entrai, et découvris avec émerveillement l’habitat de mon amoureux. Bien que l’appartement n’était pas si grand que ça, l’efficience de l’agencement des meubles permettait d’y installer le nécessaire. La pièce principale était composée de la cuisine, du salon et de la salle à manger. Deux autres pièces donnaient sur la chambre de Matt et de son père et la dernière pièce présentait une salle de bain. Matt accepta que je fasse une visite furtive, excepté la chambre de son père, puis je m’assis dans le canapé en l’attendant. Il revint au bout de dix minutes, un sac sur le dos et un sourire aux lèvres. Nous nous embrassâmes passionnément, puis nous sortîmes de l’appartement rejoindre Marc. Après un bref salut et un sourire en coin de la part de mon meilleur ami, nous quittâmes l’immeuble pour retrouver les autres.
Après vingt minutes de marche, nous gagnâmes la station de bus et rejoignîmes les trois autres compères. Ils nous attendaient assis sur un banc et nous firent de grands gestes. Nous nous saluâmes puis nous montâmes dans le bus qui allait nous déposer après 3H de route chez le cousin de Marc. D’ailleurs, nous étions logés chez lui et comme chaque année, il nous accompagnait avec sa femme et sa fille. C’était la condition pour que nous puissions partir seuls. Je désignai du doigt deux rangées de sièges et une leur faisant face, et nous nous y assîmes. Thimothée trouva place du côté de la fenêtre à côté de Lucas, Marc s’assit avec Victor de l’autre côté du couloir et moi, je laissai le côté de la fenêtre à Matt. Le voyage s’avérait long et nous avions tous amené de quoi nous occuper. Thimothée avait ramené un jeu de cartes et nous nous étions lancés à cinq dans une partie de Tarot. Epuisé, Marc avait passé son tour et s’était endormi, la capuche sur sa tête. Matt ne sachant pas y jouer, nous décidâmes alors de partager un jeu et je lui expliquai en même temps les règles. Contrairement à la première fois où il s’était essayé au bowling et au billard, il apprit rapidement les règles et les stratégies de ce jeu de cartes. De ce fait, nous pûmes jouer assez rapidement à cinq avec une annonce au roi.
Au bout d’une heure de jeux de cartes, je commençai à me sentir mal et nous abandonnâmes les jeux de cartes pour vaquer à des occupations plus calmes. Lucas et Victor se plongèrent dans un livre tandis que Thimothée sortit sa console pour passer le temps. Matt n’arrêtait pas de rire devant ma mine atterrée et je me vengeai en lui croquant le lobe de l’oreille. Il murmure un « t’es fou » et je lui répondis naïvement que les autres étaient tous plongés dans leur activité et ne faisait pas attention à nous. Je tombai de sommeil car je n’avais pas beaucoup dormi la nuit dernière et je m’installai alors la tête sur l’épaule de Matt. Celui-ci me caressa discrètement la tête et me tendit une paire d’écouteurs. Même avec la musique qui entrait dans mon oreille le sommeil m’emporta et je me laissai bercer par les balancements du bus.
Matt
9H30 – Je réveillai tendrement la marmotte qui me servait de petit ami et nous descendîmes du bus après les quatre autres. Un homme, la trentaine, nous attendait à la station. Il nous accueillit avec de grands sourires et nous accompagnâmes jusqu’à sa demeure qui se trouvait à moins de quinze minutes à pieds. Je m’installai avec Alex dans la chambre qui se trouvait la plus éloignée des escaliers au premier étage et y déposai mes affaires. Mes pensées se bousculèrent dans ma tête à la vue du lit double qui se dressait dans la pièce et je me retournai pour cacher la timidité qui était apparue sur mon visage. John, le cousin de Marc nous appela et nous le rejoignîmes dans le salon. Il nous présenta sa femme Eva et sa fille de 6 ans Clarisse et nous nous mîmes tous en route.
Nous devions prendre le bus pour nous rendre au parc d’attraction et malgré la foule qui était présente par ce beau jour de janvier, nous avions tous réussi à monter dans le premier bus qui s’était présenté. Le parc d’attraction était l’un des plus grands de la région, mais je n’y avais jamais mis les pieds. Les cinq garçons s’y rendaient chaque année depuis trois ans et tous en connaissaient les moindres recoins. Après avoir payé l’entrée, nous convînmes d’un horaire et d’un lieu de rendez-vous pour rentrer. Une fois que nous fûmes fixés, John et sa femme se dirigèrent avec leur petite vers la section enfant et je regardai avec attention et amusement la bande d’amis qui jouaient à pierre-feuille-ciseau pour décider de l’ordre des attractions de la journée. Mon regard se posa sur un couple et leur fils de 10 ans qui riaient aux éclats en marchant. Je fus tellement captivé que je n’entendis pas Alex et les autres s’approcher de moi.
« Hey oh Matt ! s’exclama Thimothée, ça te va ce que l’on a décidé ?
Je quittai des yeux la famille aimante et focalisai mon regard sur l’intéressé.
— Comme vous voulez, je vous fais confiance, répondis-je avec entrain.
Je perçus le regard inquisiteur d’Alex derrière l’épaule de son ami et lui souris.
— Très bien ! s’écria Thimothée. Direction les montagnes russes.
Bien que je n’eus jamais posé un pieds dans un parc d’attraction, j’avais déjà vu des vidéos de ce genre d’attraction et mon sang se glaça. Alex s’approcha de moi furtivement et passa son bras autour de mon épaule.
— Tu es sûr ? me chuchota-t-il, étonné.
— Ça me fera une nouvelle expérience » annonçai-je enjoué, tentant de me rassurer.
Mais j’allais très vite déchanter. Nous nous tenions dans la queue des montagnes russes et les cris que j’entendaient me terrifiaient. Alex s’amusait à moitié de mon expression tout en étant inquiet. Plus on avançait dans la file et plus j’avais envie de m’enfuir en courant. Alex me rassura en me donnant quelques techniques pour me relaxer mais cela ne suffisait pas. Quand ce fut à notre tour de monter dans les wagons, j’eus un pas hésitant mais de toute façon, je ne pouvais plus reculer et donc montai à côté d’Alex, derrière Victor et Marc. Nous nous trouvions au milieu des wagons et je me raidis quand l’employé vint abattre les gardes-corps. Nous n’étions pas encore partis que j’avais déjà fermé les yeux. Tout à coup, je sentis une main me prendre la mienne et me la serrer. J’ouvris les yeux et découvris le visage souriant d’Alex. Je pris une profonde inspiration et c’était parti. Plus les wagons montaient, plus j’angoissais.
« Lors de la chute bloque ta respiration » me conseilla gentiment Alex.
Je ne pus qu’acquiescer et suivre la progression de la nacelle. Le sommet était bientôt visible et je pouvais déjà entendre les cris de joie des premiers passagers. Mes yeux faillirent sortir de leur orbite quand la vue spectaculaire panoramique entra dans mon champ de vision. Alex me jeta un regard avant que nous chutâmes et je fermai alors rapidement les yeux tout en veillant à bloquer ma respiration. La descente infernale ne dura pas longtemps mais assez pour que je me sente mal. Cependant, je pus ouvrir les yeux tout le reste de l’attraction. Le wagon rentra au bercail et je m’apprêtai à m’en extirper quand je fus pris de vertige. Alex me retint et je m’appuyai alors sur lui. Il m’aida à marcher et m’allongea sur un banc en bas de l’attraction. J’avais honte de ne pas avoir supporté l’attraction alors que les visages des autres en redemandaient encore mais j’étais tellement mal que je ne pouvais plus monter sur une telle attraction.
« Vous n’avez qu’à y aller, je vais rester avec lui ! proposa Alex de vive voix.
Les quatre amis se regardèrent un instant et acceptèrent sans hésiter. Ils me souhaitèrent bon rétablissement et disparurent dans la foule.
— Désolé, murmurai-je difficilement.
Il me tendit une bouteille d’eau qu’il venait de sortir de son sac et s’assit à côté de moi, m’invitant à venir poser ma tête sur ses cuisses. Malgré la gêne que j’éprouvais puisque nous étions en public, je bus quelques gorgées d’eau et m’installai selon ses dires.
— Oh tu sais, dans un sens je suis bien content que nous soyons séparés des autres, me confia-t-il.
Surpris, je lui jetai un regard curieux.
— Bah oui, comme ça on reste tous les deux, annonça-t-il sans gêne et avec un sourire amoureux sur le visage.
— Moi aussi » avouai-je sans détourner les yeux.
Il me caressa tendrement les cheveux et déposa un baiser sur mon front. Au bout de vingt minutes, je pus me relever et Alex sortit la carte de son sac. Il entoura avec un feutre noir les attractions qui semblaient plus « tranquilles » et nous prévîmes un itinéraire efficient. Une fois déterminé, nous nous mîmes en route. Malgré le temps d’attente, nous devions pouvoir monter sur chaque attraction et rejoindre le point de rendez-vous à temps. Les attractions sélectionnées étaient composées de celles sans chute mais nous gardâmes tout de même celles qui proposaient des loopings. Heureux d’être seuls, nous profitâmes, tel un couple, des attractions et de la journée. Nous fîmes une pause repas vers 14H30 et nous nous posâmes une bonne heure à un stand qui proposait des rafraichissements pour digérer avant de reprendre le plan initial.
Il était 19H quand nous nous rendîmes à la grande roue. Étrangement, Alex avait insisté pour y monter quand la nuit serait tombée et je le suivis dans une nacelle. Ma première impression fut celle de l’instabilité des nacelles mais Alex me rassura sur sa solidité malgré quelques grincements. Nous montions doucement et nous atteignîmes tranquillement le point le plus haut de la grande roue. Mon visage s’illumina quand je vis le spectacle qui se déroulait sous mes yeux. On pouvait voir l’ensemble de la ville scintiller telle une multitude de diamants éparpillés dans le paysage.
« C’est magique ! affirmai-je à grande voix.
— J’étais sûr que cela allait te plaire » me répondit-il ravi.
Je lui souris et me pencha vers lui pour l’embrasser sur la joue. Il me regarda tel un enfant qui quémande un jouet et fit rebondir sur ses lèvres son index. Je rigolai devant son expression enfantine et m’approchai doucement de lui. Il semblait observer tous mes faits et gestes et y prenait un malin plaisir. Je posai alors une de mes mains sur son épaule et approchai mon visage du sien. Je pouvais sentir sa respiration tellement nos visages étaient près. J’avançai alors ma bouche vers la sienne et y collai mes lèvres. Nos langues se cherchèrent sensuellement et je m’abandonnai au plaisir que me procurait ce baiser. J’étais encore un peu maladroit quand je devais mener la danse mais je m’améliorais de jour en jour. Depuis que je sortais avec Alex, j’étais devenu accro à ses baisers et il m’arrivait parfois de désirer aller plus loin. D’ailleurs, j’avais encore en mémoire le baiser fougueux que nous avions partagé au potager. Je m’étais surpris à être déçu qu’il n’ait pas continué et avais espéré qu’il m’embrasse une nouvelle fois de cette manière-là. Nos lèvres se séparèrent et nous échangeâmes des regards passionnés. La fin du tour nous ramena à la réalité et nous rîmes de bon coeur en descendant de la nacelle. Alex ne m’avait pas lâché la main jusqu’à ce que nous descendîmes de l’attraction et les gens nous lançaient parfois de drôles regards. Mais tout cela m’importait peu car en ce moment j’étais l’homme le plus comblé. C’est donc le coeur gonflé que nous rejoignîmes le reste de la troupe.
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