Chapitre 23 : L’erreur que je n’aurais pas dû faire

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Alex

9H30 – La fête battait son plein ce jour-là. Les élèves de chaque classe étaient surexcités par l’évènement qui allait bientôt débuter. Les derniers préparatifs se terminaient et la plupart des élèves étaient partis se changer dans les vestiaires. Je trouvai une place libre et enfilai ma tenue de sport. Nous avions tous la même, un short blanc et un polo blanc où ornaient des symboles dorés et noirs, seul le bandeau permettait de nous identifier. La journée sportive s’étalait sur deux jours et était l’évènement le plus attendu car toutes les classes du lycée s’affrontaient. Quatre équipes avaient été constituées, chacune composée d’une classe de Terminale, de Première et de Seconde. Les points remportés dans chaque confrontation s’ajoutaient tout au long des deux jours et la meilleur équipe recevait à la fin des deux journées un point de plus dans sa moyenne de sport. Le directeur, voulant motiver les élèves pour le sport, avait alors trouvé un appât à donner aux élèves. Les équipes étaient tirées au sort chaque année et cette année la composition s’organisait ainsi : équipe blanche : 1-5-9, équipe verte : 2-6-12, équipe rouge : 3-8-10 et équipe bleue : 4-7-11. J’étais un peu triste de ne pas me retrouver avec Matt mais la journée s’annonçait ensoleillée et amusante. Et puis, même si nous n’étions pas ensembles, nous pouvions toujours nous retrouver à un moment donné. Je rejoignis l’espace de l’équipe rouge et m’assis aux côtés de Marc. La rencontre interclasse allait bientôt commencer et toutes les équipes étaient entrain de chanter en coeur l’hymne du lycée. Une voix dans le micro nous firent tous taire et nous écoutâmes le discours d’ouverture du directeur qui annonçait le début des jeux. Je cherchai Matt du regard mais ne pus le trouver parmi la foule des bleus.

Sur les deux journées, je participais à quatre épreuves : le tournoi de basket où une équipe de chaque couleur participait, un relais 4 x 100m où les meilleurs coureurs de chaque équipe prenaient part, et étrangement à la balle au camp entre les équipes de terminales. Les premiers participants se dirigèrent vers leur lieu d’épreuve tandis que les élèves qui ne participaient pas de suite se divisaient pour aller encourager chaque participant. Je me dirigeai alors vers le gymnase pour débuter la rencontre contre l’équipe bleue sachant très bien que j’allais sûrement rencontrer mes amis qui, comme moi, faisaient partis des meilleurs joueurs de basket du lycée.

***

16H – Un silence s’était installé dans les tribunes de supporters alors que les athlètes de la dernière épreuve, de ces deux jours, prenaient place dans leur couloir respectif. Au bilan, l’équipe bleue et l’équipe blanche étaient au coude à coude pour remporter la victoire. Les deux autres équipes les talonnaient mais elles n’avaient plus aucune chance de remporter la victoire. Le relais 4 x 100m faisait se lever et chanter les élèves de tout le lycée. La boule au ventre, étant le dernier coureur de mon équipe, je m’installai alors à mon point d’attente, fermant les yeux pour me concentrer. Madame Pouff se tenait en position, un revolver dans la main, pour donner le coup d’envoi et les hurlements se turent quand elle pointa le canon vers le ciel. « Bang ». Les premiers coureurs étaient partis à toute vitesse au signal sonore et la foule avait recommencé à hurler des encouragements de tous les côtés. Mon équipe avait fait un départ parfait, mais le coureur était moins rapide que les trois autres. La première passation s’est vue avec l’équipe rouge en tête. La deuxième passation a vu l’équipe blanche dépasser l’équipe rouge mais le deuxième coureur de mon équipe avait réussi à rattraper le retard. C’est donc en même temps que le coureur de l’équipe blanche que je reçus le témoin. Je m’élançai à toute vitesse comme si ma vie en dépendait jusqu’à la ligne d’arrivée. Jusqu’au sprint final, il était impossible de deviner le gagnant, mais je franchis la ligne d’arrivée avec un pas de plus que mon adversaire. Les cris de l’équipe bleue retentirent dans tout le stade et je fus rejoins assez rapidement par mes coéquipiers qui célébrèrent cette victoire en me portant, moi brandissant le témoin. Cette journée interclasse se termina donc avec la victoire de l’équipe bleue, suivie par l’équipe blanche, l’équipe verte et pour terminer l’équipe rouge.

***

17H30 – Après avoir fini de ranger le stade, le gymnase et la cours, les élèves furent libérés. Nous étions vendredi soir et je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer prendre une douche et retrouver mon lit. C’est heureux que je rejoignis Matt devant le portail. Je le saluai amicalement, car trop d’élèves étaient encore présents et nous prîmes le chemin de la maison sur mon vélo. Nous avions convenu de nous retrouver et de nous poser un peu dans ma chambre car avec l’interclasse, nous n’avions eu que très peu de temps pour se voir. Nous arrivâmes assez rapidement chez moi et filâmes, après avoir salué mes parents, à la douche. Nous la prîmes ensemble et de par la proximité, je ne pus m’empêcher de parfois le toucher. Une fois douchés, nous nous affalâmes tous les deux sur le lit, lui posa sa tête contre mon torse et moi passai mon bras sur son épaule. Je voulais le sentir tout contre moi jusqu’à ce qu’il s’en aille et ne pus m’empêcher de déposer sur le haut de sa tête de petits baisers.


Matt

21H – J’ouvris lentement les yeux et observai ce qui m’entourait. Quand je réalisai où je me trouvais et l’heure qu’il était je me relevai d’un bond paniqué. Alex se réveilla suite à mon sursaut et se frotta délicatement les yeux.

« Qu’est-ce qu’il y a ? me demanda-t-il, étonné par ma réaction.

— Je me suis endormi, expliquai-je en tremblant.

— Ah oui c’est vrai, moi aussi ! répondit-il machinalement.

Mon père rentrait à 21H30 ce soir-là et il m’était impossible d’y être à temps. Je calculai rapidement s’il m’était préférable de rentrer en courant alors que j’avais 45min à pieds ou si je devais demander à Alex de me ramener en vélo. Je pris une grande inspiration et me rongeai les ongles.

— Ne t’inquiète pas je te ramène en vélo, on ira plus vite ainsi.

— Merci… » répondis-je tout de même inquiet si on devait croiser mon père.

Nous nous levâmes rapidement et descendîmes les escaliers à toute vitesse. Après un bref salut à ses parents, je montai derrière lui tandis qu’il prit la direction de mon immeuble. Je priai longuement que mon père ne soit pas encore rentré et descendis en sautant de son vélo. Malgré mon état de panique général, Alex essaya de me rassurer et il me prit dans ses bras pour me calmer. Les battements de son coeur m’apaisaient et je fermai alors les yeux, m’imprégnant de son odeur. Je me détachai alors de lui et allai gagner mon immeuble quand un bruit sourd à ma droite attira mon regard. Un homme, un sourire masqué sur son visage nous observait. Mon sang se glaça quand je devinai la carrure de mon père et baissai immédiatement les yeux.

« Bonsoir monsieur, le salua Alex qui avait facilement deviné le lien qui nous unissait.

— Bonsoir, répondit mon père d’une voix calme qui dissimulait l’ouragan de ses émotions.

Je n’osais plus bouger et je ne voulais absolument pas croiser son regard. Mon père s’approcha de nous et posa une main sur mon épaule. Sa main tremblait car il n’arrivait pas totalement à dissimuler ses émotions.

— Tu es ? demanda-t-il à Alex alors qu’il avait parfaitement compris ce qu’il représentait pour moi.

— Un ami, répondit-il innocemment sans savoir que cela ne servait plus à rien de mentir.

— Un ami… un ami et bien tu me raconteras tout ça là-haut Matt ! » déclara mon père, la voix tremblante.

J’acquiesçai pour donner le change et suivis mon père après avoir salué brièvement Alex qui nous avait regardé inquiet jusqu’à ce que l’on disparaisse de sa vue. Les pas lourds et bruyants de mon père raisonnaient dans tout l’immeuble et je m’attendais au pire dès que nous aurions franchi le seuil de la porte de notre appartement. C’est donc terrorisé que je suivis mon père chez nous et fermai la porte derrière moi, scellant mon malheureux destin. La porte se ferma avec un bruit assourdissant et je fermai les yeux sous la surprise. Mon père n’avait pas dit un seul mot depuis que nous avions quitté Alex mais je sentais qu’il pouvait exploser à tout moment. Tandis qu’il déposait ses affaires dans sa chambre, je n’avais pas osé bouger de l’entrée. Il revint et se servit un verre d’eau puis le but tout en me lançant un mauvais regard. Il posa son verre avec violence et m’ordonna de m’approcher. J’obéis apeuré et m’avançai vers lui pour me retrouver sous son nez. Je n’avais toujours pas relevé la tête et j’attendais effrayé que sa colère explose.

« Alors comme ça tu as un ami ? me demanda-t-il furieux.

Je me mordis la lèvre inférieure et me tus.

— C’est un ami ? Tu es sûr ? m’interrogea-t-il avec agressivité.

Je ne répondis pas car quoi que j’allais répondre, je n’avais aucun moyen pour me défendre. Je reçus un coup de pied dans le ventre et fus projeté en arrière avec violence. Mon pauvre corps rencontra le sol et j’eus le souffle coupé. Tout en me protégeant comme je le pouvais, j’attendis que ses coups de pieds cessent et que sa colère retombe. Je n’avais plus aucune force quand ils s’estompèrent et je respirai difficilement.

— Je ne crois pas que tu aies compris mon avertissement de la dernière fois ! dit-il d’une voix menaçante.

Ma vue se brouillait par mes larmes et tout mon corps tremblait suite à sa fureur.

— Vu que tu n’as pas l’air de comprendre, je vais te le faire rentrer une bonne fois pour toute !

Il m’attrapa violemment par les cheveux et m’obligea à m’asseoir sur une chaise face au dossier. J’avais peine à rester assis et ma tête reposait sur le dossier de la chaise pour me soutenir. Je ne savais pas ce qu’il préparait et j’entendis un faible bruit qui attira mon attention. Avant que je ne comprenne ce qui allait m’arriver, je ressentis une horrible douleur et ne pus retenir un cri quand le métal de sa ceinture rencontra mon dos. L’endroit où la boucle s’était abattue me brûlait atrocement et j’avais l’impression de n’être plus qu’une poupée sans vie. Bien que je portais un polo et un pull, chaque coup m’arrachait un supplice insoutenable. Des larmes de souffrance coulaient le long de mes joues et je faillis m’évanouir sous la torture que m’infligeait mon père.

— Ose recommencer et je te jure que tu y passes ! vociféra-t-il tout en m’assénant de coups impitoyables.

Sa cruauté était telle que tout l’appartement était plongé dans les hurlements et les larmes qui s’échappaient d’entre mes lèvres. Le supplice s’arrêta une fois que le bourreau fut assez satisfait et je perdis connaissance.

***

Je me réveillai alors difficilement et gémis quand les effets des coups laissés par mon père se réveillèrent. Je ne pouvais plus bouger tellement mon corps était endolori. Je ne ressentais plus rien à mon réveil et je mis un certain temps avant de m’apercevoir que j’étais attaché au lit par une corde qui faisait le tour de ma cheville. Je n’essayai pas de me détacher car de toute façon je n’en n’avais pas la force et que mon père n’avait sans doute pas rendu la tâche facile. Je fermai de nouveau les yeux, espérant que la douleur s’atténue avec le temps et priant pour que mon calvaire se termine sans ma mort.

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