4. Préparer la soirée

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4.     Préparer la soirée

 

Vers dix-huit heures trente, Clémence eut terminé, avant de ranger son stand, elle envoya un message à Christophe,

J’ai fini, je termine de remballer les affaires, tu pourrais être là dans combien de temps ?

Puis retourna à ses rangements.

Quelques minutes plus tard, elle entendit une petite sonnerie qui lui annonçait qu’elle avait un message. Elle en prit connaissance,

Je peux être là d’ici trente minutes. Tu m’attends devant l’entrée ou un autre endroit ? 

Elle sourit puis répondit,

Devant l’entrée, ok, à tout de suite.

Elle mit son téléphone portable dans son sac et retourna à son rangement puis fila discuter avec les autres participants pour évaluer le succès du forum.

À dix-neuf heures pile, elle était à la porte d’entrée… Où l’attendait déjà Christophe.

-          Ah, mais tu es déjà là ? Tu attends depuis combien de temps ?

-          Quelques minutes, un pote m’a déposé en voiture.

-          Et tu es prêt à refaire tout le trajet à pied avec moi ?

Elle eut un haussement de sourcils qui reflétait son étonnement, Christophe se rapprocha d’elle et lui glissa à l’oreille,

-          C’est parce que je suis un peu masochiste… Et puis l’idée de me balader à côté de toi, dans le noir, je trouve ça un tantinet romantique.

-          Mmh romantique… Tout un programme.

Il la prit par l’épaule et lui proposa de commencer à marcher. Ils déambulèrent tous deux dans les petites rues qui les ramenaient vers le centre de Tournai.

Clémence exprima la joie qu’elle ressentait à l’idée que cette journée soit enfin finie, puis, regardant Christophe et serrant la main qu’il avait toujours sur son épaule, elle rajouta qu’elle était heureuse que cette journée soit terminée pour pouvoir faire plus amplement connaissance avec lui.

À ces mots, Christophe s’arrêta et prit Clémence par la taille puis l’embrassa. Ils restèrent-là, un petit moment, enlacés sur ce chemin peu fréquenté à cette heure, dans le noir… L’éclairage public ne s’annonçait que près des zones plus densément peuplées.

Bercée par ses baisers, Clémence reprit cependant ses esprits et indiqua,

-          Dis, Christophe, si tu veux qu’on ait le temps de boire un verre avant que je ne prenne le dernier train, on devrait se bouger un peu, non ?

-          Oui, c’est vrai, et assis, on sera peut-être mieux pour se bécoter… Viens, on y va !

-          Tu ne perds pas le nord toi…

Christophe la prit par la taille et réenclencha la marche.

Ils arrivèrent devant un bar que connaissait Christophe, il entra le premier, tenant Clémence par la main.

-          Vient, j’espère qu’il y a de la place, nous sommes quand même vendredi soir…

-          Oui effectivement, c’est risqué… Ouf, il fait chaud ici !

-          Oui, il fait chaud. Ah, là-bas, dans le coin, il y a deux places sur un petit divan, viens !

Il s’orienta vers les places qu’il avait repérées et se jeta sur le divan, réceptionnant Clémence qui le suivait de près.  

-          Yes, c’est une bonne place, pas dans la cohue et confortable. Ça va pour toi ?

-          Oui, oui, c’est bien ici… Dis-moi, ils font des cocktails ? J’en ai vu plusieurs en passant.

-          Oui, ils en ont une série, c’est pour cela que j’ai choisi de venir ici. Tu aimes les cocktails ?

-          J’adore… Enfin quand ils sont bien faits.

-          Tiens, voici la carte.

Ils choisirent leur cocktail puis s’installèrent bien à l’aise en attendant ces derniers.

Clémence hésita, puis se lança dans la discussion qu’elle rêvait d’avoir avec Christophe, concernant la question qui la titillait depuis quelques mois déjà,

-          Alors, dit-moi Christophe, tu venais vraiment rien que pour accompagner ta cousine au forum aujourd’hui ?

-          Ah… Euh, mais oui… Tu en doutes ?

-          Oh, je ne sais pas trop, tu n’es pas resté très longtemps avec elle et elle semblait savoir ce qu’elle cherchait pour ses études, non ? Et les vétérinaires ce n’était pas vraiment à côté de mon stand.

-          Oui, mais je comptais faire le tour de toute façon, tu sais.

Christophe était un peu gêné dans sa réponse, il regardait la table et passait le doigt sur le rebord de celle-ci.

-          Hé, mais c’est bon, Christophe, je posais juste la question, lui dit-elle en rigolant, je voulais savoir si tu avais l’intention de venir vers moi ou pas… Vu ce qui s’est passé là tantôt.

Il ne dit mot, braquant toujours son regard sur la table. Plutôt refroidie par son attitude, Clémence essaya de se sortir de la situation qu’elle avait amenée en tentant une note d’humour.

-          Oups, d’accord, j’ai fait un impair, là, je crois… Ah, je suis douée pour ce genre de chose.

Clémence était un peu dépitée, elle aurait préféré une déclaration passionnée, mais bon, visiblement, Christophe lui semblait actuellement bien moins preneur que ce qu’elle avait espéré, malgré leurs baisers.

Heureusement, les cocktails arrivèrent à ce moment-là, ce qui détendit un rien l’atmosphère. En boutade, elle lui lança,

-          On peut quand même trinquer ensemble Christophe ? Ou pas ?

Il ferma les yeux et prit une grande respiration, Clémence fronça les sourcils, pour elle, cela n’annonçait rien de bon, elle se tint sur ses gardes. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il plongea son regard dans le sien et lui avoua,

-          Oui, c’est vrai, je ne sais pas ce qui m’a pris, mais oui, je suis venu au forum dans le but de te voir. Madison était mon alibi.

-          Et …

-          Et je n’étais pas sûr que tu veuilles de moi…  J’ai pris Madison avec moi,  si jamais je devais revenir bredouille.

Clémence se détendit et sourit,

-          Tu as ta réponse maintenant, non ?

-          Oui, j’ai une partie de ma réponse en tous les cas.

-          Une partie ?

-          Oui, je ne sais pas si tu as envie d’aller plus loin et de mieux me connaître.

Elle soupira, mais sourit puis secoua la tête négativement en lui faisant de gros yeux.

-          Tu crois que je serais ici en train de siroter un cocktail avec toi si je ne voulais pas en savoir plus sur toi ?

Il retrouva un sourire franc et lui dit,

-          Oui, cela semble être une évidence, mais bon, j’ai un fond timide et défaitiste, tu sais.

-          Ah, toi aussi ! Eh bien, nous allons devoir nous dépasser tous les deux alors.

-          À cause de ?

-          De ma timidité aussi Christophe… J’en ai peut-être pas l’air, mais je suis timide et pas du tout sure de moi, surtout du côté amoureux.

Il prit son verre et lui proposa,

-          Trinquons à nos timidités conjuguées alors ! Tchin !

-          Tchin ! Oui, trinquons.

Ils goûtèrent leurs cocktails respectifs et échangèrent ensuite  autour de la saveur de ses derniers.

-          Le mien est bien sucré, les jus de fruit dominent, j’aime.

-          Le mien n’est pas trop sucré, mais le jus d’orange domine, je sens à peine l’alcool.

-          C’est traître, je crois, précisa Clémence avec un petit sourire.

-          Oui, je crois aussi… Tu veux goûter ?

Il lui tendit son verre, qu’elle repoussa puis l’embrassa à pleine bouche. Une fois rassasiée, elle lui répondit, très sérieusement,

-          Oui, le jus d’orange domine, il est bon.

Elle reprit une lampée de son propre cocktail et le regarda en coin, il se redressait tout doucement, avec un sourire qui lui dévorait le visage.

-          Moi aussi, je veux goûter… Avec ta méthode, elle a l’air efficace.

Il l’embrassa à son tour, avec passion, tout en passant ses mains sur son ventre et ses hanches, elle lui caressait les cheveux d’une main et de l’autre descendait le long de son dos.

Entre deux baisers fougueux, ils respirèrent et continuèrent à consommer leurs cocktails. Une fois leurs verres vides, Christophe lui proposa,

-          On en reprend une tournée ?

-          Oui, tu reprends le même ? Moi oui.

-          Ok, je vais commander au bar, sinon on va perdre du temps à héler le garçon.

Il quitta la table après lui avoir caressé la joue, elle le regarda se rendre au bar et l’observa passer commande… Elle se sentait bien, le cocktail faisait effet, surement, mais ce qui lui faisait encore plus d’effet, c’était d’être ici, avec lui et de passer son temps à l’embrasser, elle n’en revenait pas qu’ils aient fini par sortir ensemble, enfin !

Elle sourit aux anges puis jeta un œil à sa montre et eut une douche froide… Il était vingt-deux heures, elle n’avait plus qu’une demi-heure avant le départ du dernier train vers Bruxelles.

Christophe arriva avec les cocktails commandés et vit, à la tête que faisait Clémence, que quelque chose n’allait pas. Elle était blême.

-          Qu’est-ce qu’il se passe, Clémence ?

-          Mon train, le dernier train vers Bruxelles part dans moins de trente minutes à la gare… Je… Je vais devoir partir.    

Elle se mordit la lèvre et le regarda qui s’asseyait à côté d’elle. Elle n’avait pas envie de partir, elle ne voulait pas le quitter, elle ne voulait pas que cela s’arrête, là, platement, à cause du train qu’elle devait prendre. Perdue dans son conflit intérieur, elle entendit Christophe lui dire,

-          Tu peux toujours rester ici cette nuit.

Elle se ressaisit et voulu lui démontrer l’absurdité de sa proposition. Tristement, elle lui dit,

-          Où ? Dans ce bar, jusqu’au premier train de demain matin ? Je ne pense pas qu’ils resteront ouverts jusqu’à cinq heures du matin, tu sais…

Comme elle rassemblait ses affaires en vue de partir, Christophe lui précisa, en lui touchant la main qui cherchait son écharpe, 

-          Mais non, j’ai une chambre d’ami à la maison.

Clémence se figea et arrêta de respirer… pourquoi pas, songea-t-elle. Puis lui dit, timidement,

-          Mais je n’ai rien avec moi… Pas d’affaire de toilette, ni de rechange.

Il posa un doigt sur ses lèvres pour la faire taire.

-          J’ai du savon, des pyjamas, des brosses à dents et autre… Et je t’offre le bed & breakfast.

Elle eut l’impression de pouvoir recommencer à respirer, mais lui demanda,

-          T’es sûr ? Il est vrai que ce serait plus simple pour moi, mais je ne voudrais pas te déranger.

-          Je t’invite, en tout bien tout honneur, précisa- t-il en souriant.

Perdue entre son envie d’accepter et la crainte qu’elle ressentait quand même à l’idée de rester avec lui, sans échappatoire possible si finalement cela ne se passait pas bien… Elle ferma les yeux et fit fi de ses inquiétudes ; elle pensa  Fonce Clémence ! T’as rien à perdre et tu attends ça depuis des mois! Puis, un peu timide, elle lui répondit,

-          Je crois que je vais me laisser tenter alors…

-          Juste une précision, j’habite une grande maison avec mes parents, on a chacun notre étage, tout à fait indépendant, est-ce que cela te dérange ?

-          Que tu vives encore chez tes parents ? Non… Sauf si c’est maman qui s’occupe encore de faire ton lit.

-          Mais non ! Rhoo comment tu me vois toi !

Elle éclata de rire, ce qui dissipa la sensation qu’elle avait que « tout allait se planter à cause du train» et le prit dans ses bras pour lui répondre,

-          Je suis d’accord et j’accepte ta proposition d’hébergement chez toi, merci… Cela me permettra de siroter un autre cocktail avec toi, ici.

-          Tu m’en vois ravi Clémence… Trinquons à cet accord.

La soirée se passa dans une ambiance amoureuse, arrosée par quelques autres cocktails. Vers minuit, ils décidèrent d’aller dormir dans la maison de Christophe, mais pour cela, il fallait se lever. C’est à ce moment que Clémence se rendit compte que les cocktails étaient effectivement très traîtres !

-          Houuu, je tourne !

-          Ah, toi aussi… Purée, l’air de rien, ce qu’on a bu était bien fort, je crois.

-          Oui… Viens, prendre un bol d’air frais nous fera du bien !

-          Et une petite marche aussi !

Ils arrivèrent à quitter le bar sans trop d’encombres et se retrouvèrent dans la rue, Christophe lui prit la main et indiqua la direction qu’ils allaient suivre.

Marcher dans la nuit froide les dégrisa un peu.

Lorsqu’ils arrivèrent à proximité de chez Christophe, ils étaient en forme et n’avaient qu’une idée : manger quelque chose ! Christophe proposa de faire un crochet par une friterie encore ouverte et située à deux pas de là où ils étaient pour faire une pause. Clémence marqua son accord.

Ils dégustèrent des frites et une brochette chacun. Une fois requinqués, ils reprirent le chemin de la maison de Christophe.

Sur place, devant la porte d’entrée, il lui expliqua,

-          J’habite à l’étage, je te montrerais les endroits stratégiques, sanitaires et autres, puis l’endroit où tu pourras dormir.

-          Ok, je te suis… Il faut faire attention pour tes parents ?

-          Euh, tu sais, je ramène qui je veux chez moi.

Un peu gênée, elle lui précisa,

-          Mais non, je sais, je ne parlais pas de ça, je parlais du bruit… Je ne connais pas la qualité de l’insonorisation chez toi.

En souriant, il lui demanda, sur un ton taquin,

-          Quoi, tu comptes hurler durant la nuit ? Il y a des choses que je dois savoir, tu es somnambule, tu es un loup-garou ?

Elle pouffa de rire, mais se sentait toujours un peu gênée… Elle allait entrer dans son intimité et cela la stressait un peu.

-          Non… Je me renseigne, c’est tout, tu as peut-être des escaliers qui craquent !

-          Pas de souci.

Il déposa un baiser sur ses lèvres avant d’ouvrir la porte.

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