16. Rencontre avec la petite biche

10 minutes de lecture

16.     Rencontre avec la petite biche

 

Christophe sonna et entendit l’ouvre porte fonctionner, il poussa la porte et se dirigea vers l’appartement de Clémence, elle l’attendait à la porte.

— Bonsoir Christophe, tu veux que je t’aide, tu as l’air chargé.

— Non, ça va, je vais tout déposer à côté de la porte. Ma mère m’a passé de la soupe au potimarron, tiens.

— Merci, ta mère avait peur que tu n’aies pas à manger ici ?

Clémence se retint difficilement de rire.

— Non, elle se souvenait que tu avais aimé sa soupe… Et je crois aussi qu’elle voulait apporter sa petite touche personnelle.

— Tu en veux pour ce soir ?

— Euh, je ne sais pas ce que tu avais prévu en fait. Il y a juste qu’elle compte récupérer le récipient ce weekend.

— J’allais improviser, je viens juste de rentrer du travail, je n’ai pas encore eu l’occasion de préparer quoi que ce soit, si tu es d’accord, je la mets au menu.

Elle lui sourit et lui fit un clin d’œil en lui précisant :

— Comme cela, elle sera un peu avec nous aussi.

Christophe la regarda avec des yeux écarquillés.

— Ah, mais, je n’ai pas envie qu’elle soit avec nous… Pas avec ce que j’ai envie de faire avec toi ce soir.

Clémence éclata de rire.

— Ah bon, et tu as prévu de me proposer quelque chose de particulier ce soir ?

Il la prit dans ses bras et l’embrassa goulument, la laissant à peine respirer, elle se tenait à lui alors qu’il la rejetait en arrière par la force de son baiser. Finalement, il la laissa respirer.

— Waouh ! Ça c’est du baiser…

— T’en veux encore ?

Elle le regarda, les yeux mi-clos, en se collant à lui.

— Pourquoi pas…

Dans un sourire qui lui éclaira le visage, Christophe plongea à nouveau vers elle et lui donna une autre variante du baiser précédent. Ensuite, Clémence resta accrochée à lui, parsemant son cou de baiser. Elle lui chuchota à l’oreille,

— J’ai fait les tests de dépistage lundi, j’ai reçu les résultats ce matin, je suis saine. Si tu veux vérifier, ils sont sur le buffet, là-bas.

Il tourna la tête pour lui répondre,

— Moi aussi, je les ai reçus, tout aussi sain, je les ai dans mon sac, si tu veux vérifier.

Elle se décolla de lui avec un petit sourire et lui prit la main pour qu’il la suive,

— Vient que je te montre où tu peux ranger tes affaires… En attendant que tu déballes ton sac, j’irais me rafraîchir sous la douche, j’ai eu une rude et pénible journée.

— Ah oui ?

Elle souffla en hochant la tête et en fronçant les sourcils,

— Oui, il y a quelques conflits à mon boulot et j’ai l’impression d’être parfois au milieu d’un échange de tir, c’est épuisant, j’ai l’impression que cela me grignote de l’intérieur, c’est usant. Mais bon, je vais tenter de me changer les idées en passant sous la douche… Me laver de toutes ces tensions ! Après ça, je serais toute à toi mon cher amant.

— Mmh oui, maintenant, tu es avec moi, je vais te changer les idées…

Elle sourit, posa un baiser sur ses lèvres puis lui indiqua l’endroit où elle avait fait de la place pour ses affaires personnelles et fila sous la douche. Christophe eut fini rapidement, il n’avait finalement pas apporté beaucoup de choses. Il hésita puis se lança. Il allait prendre une douche avec elle.

Elle prenait sa douche dans une baignoire, Christophe pensa 

Ouf, il y a de la place pour deux.

Lentement et silencieusement, il ouvrit le rideau de douche qui fermait l’accès à la baignoire dans toute sa longueur et grimpa dedans.

Clémence, absorbée par ce qu’elle faisait, se frottait vivement les bras sous le jet de la douche avec un air soucieux. Il posa la main sur son épaule.

Clémence sursauta et cria.

Il la prit par les épaules et tenta de la calmer, elle tremblait comme une feuille, les yeux remplis de frayeur. Christophe était décontenancé, il ne savait que faire… Il lui dit,

— Eh calme-toi, je voulais juste te faire une surprise… Je ressors si tu ne veux pas.

Il avait déjà le pied sur le bord de la baignoire, prêt à s’éclipser si elle le lui indiquait. Clémence, gênée, lui fit signe de la tête que non, il pouvait rester.

— Je suis désolée Christophe… Je ne sais pas ce qui m’a pris de crier comme cela, je ne m’attendais pas à te voir là… J’étais dans mes soucis…

Elle garda les yeux baissés, malaxant sa bouteille de gel douche, elle sentait son cœur battre trop vite dans sa cage thoracique. Elle se concentra sur sa respiration pour tenter de se calmer. Il lui prit le menton entre son index et son pouce, pour qu’elle relève les yeux qu’il découvrit apeurés. Il fronça les sourcils, n’arrivant pas à comprendre la raison de cette frayeur.

— Je ne voulais pas te faire peur Clémence, mais visiblement, j’ai raté mon coup, tu as l’air d’une petite biche effrayée devant le chasseur qui pointe un fusil vers elle.

Il la prit dans ses bras, elle n’avait pas bougé, elle était tétanisée. Il posa son front contre le sien, et lui chuchota, tout en lui caressant le dos,

— Je ne voulais pas te faire peur, Clémence.

— Oui, je sais… Souffla-t-elle.

Il posa la tête de Clémence sur son épaule et lui caressa la nuque, elle se détendit tout doucement. Christophe lui demanda, en chuchotant,

— Est-ce que tu veux que je t’aide pour te frotter le dos ? Ou bien préfères-tu commencer par me frotter le dos ? À moins que tu ne préfères que je te laisse…

Clémence finit par bouger et lui répondre,

— Oui, je vais te frotter le dos Christophe, je préfère.

Elle s’y attela consciencieusement, un peu trop au goût de Christophe qui avait espéré autre chose, mais il la laissa faire, voyant bien qu’elle n’était pas en état de faire autrement.

Soudain, elle laissa tomber l’éponge qu’elle utilisait et se colla au dos de Christophe en passant ses mains sur son torse, le visage contre le haut de son dos. Christophe sentit des larmes couler des yeux de Clémence ; ce n’était pas la douche, il était trop loin du jet. Il posa ses mains sur les mains de Clémence et les décolla pour qu’il puisse se retourner et lui faire face.

Elle pleurait, effectivement.

Il s’assit dans la baignoire, l’entraînant avec lui en lui tenant les mains, elle l’imita.

— Si tu veux partir, je ne t’en voudrais pas… Lâcha-t-elle

Il fronça les sourcils

— Mais pourquoi voudrais-je partir Clémence ?

— Pour ça…

Elle haussa les épaules.

— Parce que je suis comme ça…

— Je n’ai pas envie de partir, j’ai envie de comprendre pourquoi tu es comme ça tout d’un coup.

Elle le regarda dans les yeux l’espace d’un instant puis son regard se déroba à nouveau.

— Je suis comme ça, c’est tout, je n’ai aucune confiance en moi, j’essaie, mais je ne peux que constater que je suis nulle pour tout.

— Mais tu n’es pas nulle, loin de là, et tu m’en as déjà fait la preuve.

Il passa ses jambes de part et d’autre de Clémence, se rapprocha et l’enlaça, une main caressant ses cheveux, l’autre caressant son dos. Ils restèrent quelques minutes comme cela, puis Clémence se ressaisit et lui dit,

— Je crois que je devrais terminer ma douche et sortir… Nous serons mieux au sec et ailleurs, tu ne penses pas ?

Il lui passa quelques mèches derrière les oreilles en lui répondant,

— D’accord, je reste deux minutes en plus, pour ma douche à moi.

Elle acquiesça en clignant des yeux puis s’activa.

Une fois seul sous la douche, Christophe s’interrogea par rapport à ce qu’il venait de vivre,

Je ne sais pas ce qu’elle a vécu, mais ce n’a pas dû être drôle apparemment

Il sortit de la salle de bains, passa un short et un t-shirt qu’il avait prévu juste avant de la rejoindre.

Il alla à sa rencontre, elle l’attendait, dans le salon, avec une petite mine. Elle leva vers lui des yeux implorant, qu’implorait-elle ? Christophe ne comprenait pas.

— Clémence… Est-ce que tu es d’accord de parler de ce qu’il s’est passé dans la salle de bains ?

— Oui, lâcha-t-elle, de façon à peine audible.

Elle indiqua la place à côté d’elle sur le divan, Christophe s’y installa et lui prit la main. Elle leva les yeux vers lui et serra la main qu’il tenait. Il plaça la main de Clémence à hauteur de sa bouche et y déposa un baiser. Clémence se mit à parler,

— Je dois avoir l’air complètement abrutie à tes yeux Christophe, j’ai l’impression d’avoir tout gâché. Tu venais pour me faire passer un bon moment sensuel sous la douche, non ?

— Effectivement, c’était mon intention lorsque je suis venu dans la baignoire, oui. Mais je ne dirais pas de toi que tu as l’air abrutie, je dirais plutôt que tu avais l’air effrayée.

— Oui, c’était mon cas, j’étais effrayée, mais pas par toi Christophe.

— Par quoi alors ?

Elle leva des yeux embrumés de larmes vers lui et lui dit

— Cela m’a saisi, je me suis sentie vulnérable et en danger… J’avais beau me dire que c’était toi, mais des images de mon ex me revenaient en boucle, je n’arrivais plus à bouger.

— Et, il t’a fait quoi cet ex pour te mettre dans un état pareil.

— Du mal.

Il la sentit trembler, il se rapprocha, gardant dans une main, celle de Clémence et de l’autre, il la prit par les épaules pour la rapprocher de lui, qu’elle puisse poser sa tête sur son épaule à lui.

— J’imagine, pour te mettre dans cet état, est-ce que tu veux en parler ?

— Non, je n’ai pas envie et je n’ai pas envie non plus de continuer à gâcher cette soirée, même si le mal est fait.

Il fronça ses sourcils et lui embrassa le front.

— Arrête Clémence, ce n’est pas parce que mon petit fantasme ne s’est pas réalisé et que tu as eu peur que la soirée est gâchée…

— Ne me dis pas que cela ne t’as pas refroidi Christophe, je ne te croirais pas.

Elle hésita puis se pelotonna contre lui, serrant la main de Christophe en écoutant sa réponse.

— Si, je ne peux pas le nier, mais je te le répète, ça ne veut pas dire que la soirée est gâchée.

— Tu n’as pas envie de rentrer chez toi ?

— Non, pourquoi ?

— Parce que… Je ne corresponds pas à tes désirs.

Il inspira profondément et frotta son nez dans les cheveux de Clémence.

— Tu corresponds très bien à mes désirs Clémence, n’en doutes pas un instant… On a juste besoin de se connaître plus pour savoir à quels jeux nous pourrions jouer sans nous faire peur.

Elle hésita avant de répondre, puis lui dit

— Tu sais, prendre une douche à deux, ça fait aussi partie de mes petits fantasmes, mais là, je… J’ai été saisie…

— Et je ferais attention à ne pas te saisir pour mes prochaines propositions, si tu es toujours d’accord que je t’en fasse ?

— Oui, je suis toujours d’accord Christophe !

Elle avait retrouvé un peu de force dans sa voix. Elle se redressa pour le regarder dans les yeux et pour fondre sur lui et lui donner un long baiser profond.

Christophe fit glisser ses mains jusqu’aux fesses de Clémence, qu’il malaxa puis dénuda en faisant tomber les vêtements d’intérieur qu’avait revêtu Clémence. Il la sentait sourire dans son baiser alors qu’elle sentait qu’il la déshabillait, il sentit sa frayeur s’estomper tout doucement et il la retrouva, à nouveau, elle.

Il lui fit l’amour lentement, en prenant le temps d’embrasser et de caresser tout son corps, Clémence se laissa aller à ses sensations et versa des larmes après qu’il lui eut procuré un orgasme. Après le sien, il fronça les sourcils en voyant les larmes couler aux coins de ses yeux, elle lui dit,

— Non, Christophe, ce sont des larmes de joie… Pour ce que tu viens de me donner…

— Parce que je viens de te faire l’amour ?

— Oui, mais pas que ça, parce que tu es resté, parce que tu ne m’as pas brusqué, parce que tu m’as respecté.

Il lui caressait le ventre après s’être allongé à côté d’elle sur l’espace réduit qu’était le divan.

— Tu sais, pour moi, le respect, c’est primordial dans un couple. Je ne veux pas que tu fasses des choses contre ton gré, je ne veux rien t’imposer.

Elle l’écoutait, osant à peine respirer, de peur de faire du bruit.

— J’y suis allé doucement après que tu m’aies embrassé là tantôt… Je n’étais pas sûr que tu veuilles vraiment avoir une relation sexuelle après la frayeur que tu as eue dans la baignoire.

Elle rapprocha sa tête de l’oreille de Christophe et lui dit,

— Je voulais exorciser cette frayeur, la dépasser, me sentir vivre Christophe et tu as fait juste ce qu’il fallait. Je t’en remercie.

— Ne me remercie pas, tu m’as donné du plaisir aussi en me laissant faire et en te donnant à moi comme tu l’as fait, j’ai eu l’impression que tu m’as, à un moment, donné carte blanche.

— Je t’ai fait confiance, totalement, c’est nouveau pour moi.

Elle soupira.

— Quoi ? Lui demanda Christophe un peu inquiet.

Elle le regarda et ne sut pas trop que répondre à sa question.

— Il vient d’où ce soupir ?

— De loin… De très loin. Mais je ne veux pas, à nouveau, faire retomber la soirée. Si nous mangions ? Je vais réchauffer la soupe aux potimarrons.

Elle affichait un sourire un peu pâle et se redressait pour se lever. Christophe suivit le mouvement en pensant,

Elle ne dira rien de plus.

— Ok, je te suis !

Il la suivit jusque dans la cuisine, l’enlaça par-derrière et lui chuchota au creux de l’oreille,

— J’espère qu’un jour, tu me raconteras ce qui t’est arrivé, pour que je puisse t’aider à panser tes blessures si c’est dans mes cordes, mais maintenant, j’arrête de t’embêter avec ça, tu en parleras quand tu le sentiras. Sur ce, je file te chercher un peignoir ou une robe de chambre, je n’ai pas envie que tu brûles ta peau soyeuse avec une éclaboussure de soupe. 

Il quitta la cuisine après lui avoir donné une petite claque sur les fesses. Clémence sourit. Il revenait déjà, il avait passé un pyjama short et tenait à bout de bras un peignoir qu’il déposa sur ses épaules. Il l’aida à passer les manches et s’occupa de faire un nœud avec le cordon puis lui embrassa le cou.

— J’ai faim fini-t-il par dire après l’avoir lâchée.

— La soupe est chaude, passe-moi les bols s’il te plaît, que je nous serve.

— Tiens,

— Merci, voilà déjà ton bol, j’arrive avec le mien.

— On mange ici dans la cuisine ? Comme pour le petit dej ?

— Tu préfères ? On est plus proche des recharges de pain et de soupe…

— Oui, ici, ce sera très bien. Viens, que nous calmions cette faim-là.

Clémence le rejoignit en souriant, même si une partie d’elle-même était toujours effrayée par les flashbacks  qu’elle avait eus dans la baignoire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Dolhel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0