17. Exorciser la petite biche

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17.     Exorciser la petite biche

 

Une fois leur soupe terminée, ils s’écrasèrent l’un sur l’autre dans le divan. Clémence était pelotonnée sur ses genoux, ils étaient serrés l’un contre l’autre. Elle finit par dire,

— Christophe, je ne sais pas ce que tu penses de la situation, je ne voudrais pas que tu te forces non plus. Je ne suis peut-être pas une fille pour toi.

— Arrête de dire n’importe quoi Clémence !

— J’ai peur de parfois redevenir la petite biche de la baignoire Christophe…

— Eh bien, je tenterais de l’apprivoiser, la petite biche. Et puis, il y a aussi les autres moments, où tu n’es pas cette petite biche apeurée… Et où tu es plutôt « top biche » !

Elle rigola et secoua la tête puis se tut et son sourire s’effaça.

Christophe fronça ses sourcils, cela l’inquiéta, il voyait le regard de Clémence se perdre dans ses souvenirs. Elle soupira puis, gardant les yeux baissés, lui expliqua,

— En fait, je ne me suis jamais sentie en sécurité lors des relations sexuelles que j’ai eues auparavant.

Elle jeta un coup d’œil rapide à Christophe, il la regardait. Il prit l’une de ses mains dans la sienne et lui intima de continuer.

— Mon ex, comment dire, n’a jamais été sobre lors de nos relations sexuelles, il n’a jamais été tendre ni attentif à moi dans ces moments-là.

Christophe lui serra la main et glissa,

— Jamais ?

— Jamais, même pour ma première fois, alors que je lui avais demandé d’être doux… Et qu’il me l’avait promis.

Elle prit dans sa main la main de Christophe qui lui caressait la mâchoire puis continua,

— Je me suis rendu compte qu’il ne m’aimait pas lorsque l’une de ses maîtresses m’a expliqué tout le plaisir et l’attention qu’il était capable de donner à une femme. Je l’ai mis à la porte ce jour-là.

Elle le regarda, il écoutait toujours, tenant ses mains avec douceur, en les massant légèrement. Elle continua,

— Je me suis donc retrouvée seule, puis j’ai voulu connaître « autre chose », pour savoir si j’étais capable de ressentir quelque chose d’autre avec mon corps et avec ma tête.

Elle fit une pause.

— Un soir, j’ai couché avec un copain qui m’avait déjà proposé de me « dépanner » de ce côté-là. Il avait une réputation d’amant attentif, d’après les connaissances qui avaient déjà eu l’occasion de « goûter » à ses « services ». Après deux verres de vin, j’ai eu des relations sexuelles avec lui et j’ai ressenti du plaisir physique. Cela m’a rassurée pour l’aspect physique de la chose, mais pas pour le côté affectif. Je n’étais pas amoureuse de lui.

Elle inspira puis eut un gros soupir masquant l’ombre d’un sanglot.

— Et là tantôt, quand j’ai hurlé, c’est parce que je pensais que c’était lui, François. Il m’attrapait toujours par l’épaule dans le lit pour me retourner et me sauter dessus. J’avais beau te voir et me dire que c’était toi et que c’était bien avec toi que j’étais là, mon corps ne répondait pas, je me sentais figée, morte…

Elle dit le dernier mot de façon presque inaudible. Elle se recroquevilla et regarda les mains de Christophe qui tenaient toujours les siennes, sans les lâcher.

Elle ferma puis leva les yeux vers Christophe et lui dit,

— Voilà, tu sais l’essentiel… Si tu ne veux plus être avec moi, je comprendrais.

Le visage de Christophe trahissait son étonnement, ses yeux écarquillés et la bouche ouverte, il se ressaisit et lui dit, en serrant ses mains qu’il sentait trembler,

— Mais qu’est-ce qui te fait croire que je ne voudrais plus de toi parce que ton ex ne t’a pas aimé comme il aurait dû ?  

Elle haussa les épaules, gardant son regard baissé

— J’ai l’impression que c’est toi qui as honte de toi alors que ce gars a abusé de toi…

— Oui, je suis honteuse de ne pas avoir su être à la hauteur de la situation, de ne pas avoir su « faire envie » à un homme…

Elle leva les yeux, Christophe en profita pour lui prendre le visage dans ses mains et lui dire

— eh bien, à moi, « tu me fais envie », et tu n’as pas à être honteuse, ce que j’ai pu voir de ton désir est à la hauteur de mes attentes, voire même plus haut encore !

— Mais, tu risquerais de te lasser de moi, non ? Que je ne te suffise pas ?

Elle se tut puis reprit,

— Tu sais, quelque part, le fait que tu ne répondes pas à mes perches, cela me rassurait et m’énervait, en même temps, c’est clair, mais la distance que tu maintenais me rassurait. Je pouvais rêver sans me mettre en danger.

Il lui caressa les joues avec ses pouces et lui demanda,

— Tu te sens en danger maintenant que nous sommes ensemble Clémence ?

— Non, pas avec toi, mais avec mes fantômes, oui… Tu sais, François, je l’aimais, je l’ai laissé me faire des horreurs. J’avais peur d’aimer à nouveau et de retomber dans le même registre.

— Je ne te ferais jamais de mal Clémence.

Il posa un chaste baiser sur ses lèvres.

— Et jusqu’à présent, tu ne me fais que du bien Christophe.

Ils restèrent enlacés un moment puis Clémence proposa,

— Tu aimes le chocolat chaud ? J’ai envie de ce genre de douceur ce soir.

— J’aime aussi, avec de la cannelle si tu en as.

— De la cannelle, oui, j’en ai, je goûterais aussi tiens !

Elle se leva,

— Je suis de retour dans cinq minutes maximum.

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