Eau de jouvence
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Figurez-vous, maman, ce beau châtaignier vert:
Par trois fois centenaire, il n'a cessé de croître.
Il s'enracinera jusqu'aux morts en leur cloître,
Façonnant pour mes fils maint fruits moelleux d'hiver.
Souvenez-vous, papa, que le soyeux visage
De l'été mourant voile une folie profonde,
Car quand son coeur est lourd et quand l'orage gronde,
Trop vite oublions-nous ses vêprées d'onde sage.
La jeunesse est ainsi ; pure électricité,
Qui se charge d'angoisse en crachant des éclairs,
Mais délivre des jours où l'aride est amer...
Même au fond d'un vieux hêtre on la sent persister,
Qui dans un même élan s'offre entière et s'oppose,
Narguant les duperies de l'âge et de la pose!
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