Chapitre 6
Je grognai et me dissimulai sous ma couette pour esquiver, en vain, les rayons du soleil et le froid. Mon père me secoua encore un peu et ce fut au tours de ma chienne d'essayer de me tirer du lit, en me donnant quelques coups de pattes. Je les marmonnai de me laisser tranquille et me retournai en repoussant Nina. Elle le prit mal et hurla à la mort, trop près de mon oreille. Je m'obligeai à me lever, pour faire cesser ce bruit qui semblait insupportable dès le réveil. Elle cessa lorsque je posai un pied sur le sol mais recommença dès que j'essayai de retourner me coucher. Je maugréai, de mauvaise humeur et jurai en regardant le réveil qui affichait neuf heures. Je manquai de sommeil...
Mon père avait déjà déserté la pièce, me laissant seul avec l'animal qui me regardait innocemment. Malgré l'amour que je lui portai, je me surpris à être énervé contre son comportement. Je quittai donc la pièce sans la câliner comme je le faisai habituellement et descendis rejoindre mon père.
Un bol de céréale m'attendait sur la table. Mon père me le désigna d'un regard et ce malgré ma mine peu engageante. Je soufflai bruyamment, pour exprimer mon mécontentement et me forçai à déjeuner. La chienne demanda à sortir mais je l'ignorai et mon père fut forcé de lui ouvrir la porte à ma place.
— Nathanaël ?
Je tournai la tête dans sa direction, à regret...
— Je ne t'ai pas vraiment vu travailler, ces derniers jours. J'ai peur que tu ne perdes vraiment le fil. Tu dois t'y mettre sérieusement, c'est important. Je ne pourrai pas t'aider si tu as trop de difficultés, et tu sais bien qu'il m'est impossible de payer quelqu'un pour le faire... Est-ce que tu veux bien te concentrer là-dessus ? Au moins aujourd'hui...
J'acquiesçai mais remontai sans débarrasser, définitivement de mauvaise humeur. Je m'enfermai dans ma chambre pour choisir quelques vêtement puis gagnai la salle de bain.
Aujourd'hui, j'avais choisi le confort au style.
Tant pis, de toute façon, je n'avais pas prévu de sortir ce week-end, loin de là. J'allai faire mes devoirs, écrire, si la précédente action ne me prenait pas trop de temps et demain, je m'occuperai de Nina...
Une fois habillé, je me rinçai le visage, pour finir de me réveiller puis quittai la salle de bain. J'ouvris la fenêtre malgré la fraicheur et fis rapidement mon lit, pour aérer les draps. Je posai mon sac sur mon bureau et sortis les affaires dont j'avais besoin pour faire mes devoirs mais aussi comprendre mes leçons de la semaine.
Je m'assis et jetai un coup d'œil par la fenêtre avec un air lasse, peu enclin au travail. Je m'obligeai cependant à m'y mettre et ouvris mon trieur. Je décidai d'abord de me pencher sur mon cours de mathématiques. Cependant, je pétai rapidement un plomb, avec l'envie irrépressible de m'arrêter. Je finis par rejeter ma tête en arrière pour respirer et calmer mon énervement. Cela faisait à peine une heure que j'y étais et pourtant, je n'en pouvai déjà plus.
J'étais fatigué. Je dirai même épuisé. Pour tout dire, je regrettai presque d'avoir autant écrit, la nuit précédente...
Je me levai, fis quelques tours de ma minuscule chambre et finis par m'accouder à ma fenêtre. Je soupirai et posai ma tête à l'intérieur de mes bras. Je n'avais qu'une envie, me recoucher tout en écoutant un groupe de rock quelconque...
Je finis d'ailleurs par attraper mes écouteurs et à retourner à mes devoirs, difficilement. Je m'insultai mentalement d'être aussi bête. Ces exercices étaient simples, en apparence en tout cas. J'avais vu la moitié de la classe terminer la première fiche en une demi—heure et la seconde l'avoir fini avant la fin de l'heure. Quant à moi, j'avais, une fois chez moi, laborieusement, recopié la correction sans rien comprendre. Je soufflai, callai une mèche de cheveux derrière mon oreille et j'avais retenté, vainement, de me reconcentrer. Comme cette matière-là me donnait du fils à retordre, j'attrapai plutôt mes cours de littérature antique et entrepris de déchiffrer un texte latin. Je me rassurai ainsi sur mes maigres compétences.
Ma matinée ne servit à rien, puisque je n'avais pas fini. Je secouai la tête, toujours autant fatigué et les neurones en compote. Mon père toqua avant d'entrer. Il s'approcha et ébouriffa mes mèches soyeuses.
— Ça ne sert à rien de travailler si tu es dans cet état, avança mon père avec inquiétude. Tu devrais aller t'aérer cet après-midi. Courir te permettrait d'évacuer et Nina a besoin d'être promenée.
J'acquiesçai sans savoir quoi dire et me levai en papillonnant des paupières pour chasser la fatigue.
— On va manger, j'ai fait des lasagnes.
Le nom du plat me tira un petit sourire alors je fis l'effort de me trainer jusqu'à l'une des quatre seules chaises de la maison. Nina vint réclamer quelques caresses mais me laissa rapidement tranquille lorsque papa lui remplit sa gamelle. J'attendai d'être servi en baillant un peu puis commençai à manger. Pas un bruit ne perturba le repas, seulement le raclement des couverts sur la vaisselle. Je voulus débarrasser mais mon père m'en empêcha d'un regard.
— Va courir.
Je baissai la tête d'un air coupable. Je m'en voulai de laisser mon père s'occuper d'autant de chose dans la maison. Pour me rassurer, il ébouriffa mes cheveux avec un sourire et me poussa vers l'escalier. Je finis par abdiquer et préparai quelques affaires, avant de m'enfermer dans la salle de bain pour enfiler une tenue plus correcte. Je nouai soigneusement mes cheveux et me brossai rapidement les dents avant de ressortir. Nina, qui avait senti que je préparai quelque chose, s'agitait dans ma chambre. Je l'attachai correctement et me promis d'investir très prochainement dans une petite sacoche. Je souris en imaginant la chienne en dog scout, avec un bandana, des friandises sur le flanc gauche et une gourde d'eau de l'autre côté. Nina m'observa étrangement, lorsque je me mis à rire seul.
Mon mini fou rire terminé, je descendis boire de longues goulées d'eau au robinet puis j'entrainai la chienne au dehors. J'étirai mes chevilles sur les premier mètres puis allongeais peu à peu les foulées, jusqu'à courir.
Je fis quelques pauses et finis, au bout d'une petite heure, par m'arrêter dans un parc de jeu pour enfant. Je m'étonnai de ne pas l'avoir vu avant et me dirigeai vers la petite fontaine pour boire un peu. Je laissai également Nina se désaltérer et décidai de faire un véritable arrêt. Comme le parc était vide, je décidai de squatter la balançoire. La chienne, heureuse de pouvoir gambader comme elle le pouvait, me supplia du regard de la détacher. Je m'exécutai avec un sourire et la laissai se défouler dans l'enceinte du parc de jeu. Je me balançai doucement, en fermant les yeux, le temps de reprendre mon souffle.
Je finis par rester ainsi tout l'après midi, à penser au passé, à ma mère, et à la ville puis, je finis par rentrer. Je me sentai mieux, vide. Je rejoins mon père, qui était en train de lancer une machine et me blottis contre lui. Il arrêta ce qu'il était en train de faire pour me rendre mon câlin.
— Ca va mieux ?
J'acquiesçai doucement.
— Je vais jouer un peu, je pense...
— Douche toi d'abord, d'accord ? Je t'appelerais pour manger.
J'hochai de nouveau la tête et montais pour prendre mon pyjama, avant de me diriger vers la salle de bain. Je fermai la porte au nez de ma chienne, qui voulait, encore une fois, prendre d'assaut la baignoire. Elle gratta à la porte en couinant. Je l'ignorai, avec un petit sourire en coin. Je posai mes affaires sur le bord de l'évier et croisai mon reflet, dans le miroir. Je pris une moue boudeuse et me rapprochai, pour constater que j'avais quelques boutons. Je soupirai, grattai un peu et constatai que ça ne servait à rien. J'ouvris le placard, pour chercher de quoi faire un masque puis me rappelai que tout était resté avec maman, dans notre ancienne maison. Cette constatation m'attrista un peu. J'allumai l'eau, le temps qu'elle ne chauffe et me déshabillai avant de passer sous le jet brûlant. Je ressentis un certains soulagment en me débarassant de la sueur accumulé pendant ma course. Je ne restai pas plus de cinq minutes sous l'eau et m'empressai de me sécher en grelottant. J'attrapai le sèche-cheveux, après avoir noué une serviette autours de ma taille et coiffai rapidement mes mèches bleues. Puis, je m'habillai, un peu à la hâte, pour rejoindre ma chambre et ma guitare. Je m'assis sur le lit, agitai mes doigts et grattai les cordes avec douceur. Nina, en entendant l'instrument, releva la tête. Comme la plupart du temps, elle était mon seul public et elle jouait son rôle à merveille. Je tendis la main pour la gratouiller puis attrapai mon téléphone pour trouver une partition. J'entamai un accord avec un sourire, en bougeant la tête au grès des notes.
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