Aujourd'hui, j'ai passé une journée qui n'entrera dans aucune annale. J'ai passé une journée, qui n'a ni point positif sans compter celui que je ne suis pas mort, mais qui n'a ni point négatif non plus, si ce n'est celui qu'elle me fit me rendre compte de sa non-utilité.

Je pense qu'on a tous, au moins une fois dans notre vie, vécu ce genre de journée. On a l'impression que rien ne s'est passé, bien que nous soyons sortis, que rien n'a avancé, bien que nous ayons essayé, et qu'il y a eu aussi peu de bons moments que de mauvais.

On erre un peu, on subit. On traine sur les réseaux sociaux, ou devant des jeux abrutissants, en faisant les choses que l'on a à faire sans réelle envie derrière. On fait les choses bien qu'on n'en n'ait pas envie, parceque nous n'en avons pas pas envie non plus; nous ne nous posons même pas la question.

Tout au long de cette journée, on ne se dit pas que nous gaspillons notre temps, non, nous subissons juste. Ce n'est pas très horrible à supporter, c'est juste "bof", mais c'est pas atroce non plus. On mange, on boit, on fume, on parle, on vit; mais sans grande conviction, en faisant seulement acte de présence.

Ce genre de journée me donne la sensation d'avoir fait un dixième d'AVC, et que le cerveau ne fonctionne qu'au strict minimum nécessaire de ses capacités, et que le reste a décidé de se payer un congé. C'est comme ça, on peut rien y faire, et demain ça sera mieux, on le sait. Mais pas sur le moment, car sur le moment le cerveau ne nous laisse pas l'opportunité de réfléchir.

A la fin d'une journée "bof", on se couche, sans regret, sans hâte du lendemain, sans frustrations. On se couche juste en disant que cette journée est finie, qu'elle était unique, mais qu'elle était "bof". On observe la date, on la lit plusieurs fois pour imprimer sa combinaison qu'elle seule portera, pour l'ancrer comme une date importante de l'Histoire dans notre crâne, comme pour se rappeler à vie qu'en ce jour précis, il ne s'est rien passé. On se dit ça, sans trop y réfléchir, puis on dort, confortablement, mais sans l'apprécier vraiment.

Et après une journée comme celle-ci, si on a envie d'écrire, on écrira un texte à l'effigie de notre thème. Un texte court, peu rempli, et qui n'apportera jamais rien à la littérature. On écrit juste un texte, qui tout comme notre journée, portera à jamais le qualificatif né d'une onomatopée qui l'exprime; un texte "bof".