L'amour a ses raisons dont la raison s'en branle.

Et dans un élan d'envie irraisonnable, je veux te suivre. Que ce soit ici, que ce soit là-bas, je veux te suivre et être à jamais avec toi.

Qu'as-tu de si spécial pour m'enivrer sans être près de moi ? Pourquoi me dire non quand nous sommes les deux en émois ?

Pars s'il le faut, mais n'oublie surtout pas. De l'autre côté de la mer, quelqu'un pense à toi. Et si une nuit, un soir, tu te sens vide de moi, alors traverse la Manche, elle te guidera.

Ma porte, mon lit, mes draps n'attendent que toi.

Je voudrais te suivre, vraiment, et mettre ma vie de côté. Car à quoi bon écrire quand nous nous savons aimé ?

Cette passion qui t'effraie, n'existe qu'à travers toi, et que tu partes à Rome, Villejuif ou Poitiers, elle ne disparaîtra pas. Car je pense à toi, et tu penses à moi, et au fur et à mesure que la vie avance, que nous grandissons, notre rêve de cette vie dont nous avons tant parlé, où tu serais vieille, où je serai vieux, où dans un jardin pousserait à boire, à manger et à fumer. Où le long de nos denrées, un enfant courra, défiant un canidé, sous l'oeil inquiet de sa mère, et celui amusé de son père. Ce rêve dont nous fantasmons chacun, se voit être consumé par le temps.

Dans ce rêve, nous étions riches de tout, et la vie passait dans une accumulation de douceur, où rien ne pouvait nous arrêter.

Mais il restera rêve, car tu pars, et je pars. Et nous nous aimons, mais sans nous aimer.

Un homme m'ôtera-t-il de ton esprit ? Une femme parviendra à me défaire de ta peau ? Je nous le souhaite, autant que je n'y crois pas.

Puisse la vie être aussi belle que ce rêve avorté. Puisse-t-elle être heureuse et simple, comme avant que je réalise que l'amour ne vaut rien, s'il n'est pas avec toi.