La destruction du temple intérieur
L'oeuvre de toute une vie, se retrouvera annihilée par son bien-aimé. Digne d'une tragédie grecque, la destinée de notre cher Elisa va être chamboulé à jamais, pour le meilleur et surtout pour le pire !
Le dessein d'une idylle d'été résiste rarement à l'alliance objective de deux êtres perspicaces, où la défense de leurs intérêts mutuels est la seule chose qui les lie !
Avant sa chute, l'édification de mon temple fut le sujet de toutes mes attentions, sa beauté majestueuse m'émerveillait, tout en apaisant mes peurs fantasmagoriques. Elle se trouvait au sommet d’une montagne si imposante, que très peu de voyageurs osaient s’y aventurer. On pouvait aussi apercevoir, une forte propension de la faune locale et un cours d'eau qui entourait ce havre de paix.
Mes ballades nocturnes sur mon immense carrelage inspirèrent ma soif insatiable de liberté, la danseuse étoile surgit de l'obscurité pour prendre place dans ma demeure. La contemplation de cette magnifique vue panoramique, surplombant le versant de la montagne, me mua en une créature absolument béate.
Je me souvins de la première fois que les portes de ce lieu empli de mystère s'ouvrirent à moi. Je pouvais entendre l'écho d'une voix suave et légère, me suppliant de garder l'énergie intacte par des sacrements, sinon tous ses bienfaits disparaîtront.
Sur le moment, une profonde incompréhension me submergea ! Ignorant ses conseils avisés, je pus très vite éprouver une atmosphère de quiétude, mais cette joie de courte durée cessa en un clin d'oeil. Les secrets du message enigmatique me furent dévoilés !
Chaque jour, au lever du soleil, je devais consacrer ce lieu par de longues prières au milieu, de mon autel et de mon tabernacle, où je disposais de tout le matériel dont j'avais besoin. Après ce bref instant, je me dirigeais vers une autre de mes pièces. On pouvait apercevoir deux imposantes statues d'Athéna et d'Arès à l'entrée, ainsi qu'un magnifique bureau à tirelire de l'époque napoléonienne, orné de bronze. En sa présence, la rigueur de mes sales besognes ne pouvait être ignorée.
Quand le besoin de me reposer se faisait sentir, j'adorais vagabonder au milieu des miroirs disposés de manière chaotique et gouter à l'extase, que ma somptueuse fontaine de jouvence provoquait en moi. Elle avait la capacité de me plonger dans un état méditatif, en quelques minutes.
A l'approche de l'aurore, j'entamais de profondes réflexions introspectives, pour mieux appréhender un futur, dont l'angoisse de l'incertitude rôde toujours dans l'attente d'une attaque sournoise. La présence foisonnante de Dahlia, ainsi qu'une balançoire, symbolisant l'enfant qui sommeille en moi, rassuraient mes peurs les plus profondes.
Un carillon fut accroché aux abords de mon logis, me prévenant de l'arrivée de mon unique visiteur. Il en avait l'exclusivité, même si d’autres, à une époque lointaine ont déjà pu me rendre quelques visites furtives. Désormais seul sa présence était autorisée.
Grand friand de mon hospitalité, il raffolait se faire honorer de mille et une façons, comme s'il représentait la quintessence de l'homme. Notre attachement fanatique l'un envers l'autre, favorisait de longs et savoureux moments charnels, mais fit aussi naître une jalousie maladive.
Notre relation se compliqua dans les mois qui passèrent, la douce harmonie du début se métamorphosa en une prodigieuse cacophonie. L'ambiance désastreuse des disputes, s'achevait bien souvent par un dénouement des plus joyeux, où je redevenais sa promise. Malheureusement, je ne savais guère que, ses voeux le destinaient à une autre que moi. Une affaire qui allait être très préoccupante pour notre avenir.
Voyant que la situation s'empira, j'oeuvrais assidûment à mes prières pour que notre relation redevienne ce qu'elle était, Jadis . Mon espoir s'amenuisait de jour en jour, à la vue des résultats.
Lors d'une nuit de pleine lune, sa femme tomba sur un message qui m'était destiné. Elle reçut une claque, en s'apercevant de l'infidélité de son bien-aimé, une insupportable trahison. Elle le congédia violemment de la maison sans qu'il puisse s'expliquer. Fou de rage, par ce qu'il jugea être une profonde injuste, lui qui était si dévoué à sa famille, perdit en un claquement de doigt tout ce qu'il avait bâti, depuis des années.
La colère du titan atteignit rapidement son paroxysme, il sut que pour rentrer à nouveau dans les bonnes grâces de son épouse, il n'aurait pas d'autres choix que de réparer ses erreurs du passé. Il semblait évident avec le recul, que j'étais l'une d'entre elles.
Le soir-même, il me rendit une visite à l'improviste, je pouvais sentir son haleine de chacal imbibait d'alcool. Les aveux de sa double vie entraînèrent un véritable tremblement de terre, l’équilibre de mon temple fut rompu.
Le costume de l'amante, qui s'harmonisait si bien avec mon visage, se transforma subitement en celui, d'une diablesse briseuse de couple et responsable de tous ses maux. Ne pouvant plus supporter une telle offense envers ma personne, j'entamai une série de cris de furie, qui le bannirent immédiatement de ma résidence.
Le lendemain, il mena une expédition punitive contre mon havre de paix, la peur commençait petit à petit à m'habiter. Comme si je devais lui payer un lourd tribut et que l'addition risquerait d'être salée. Cependant, la présence de l'incommensurable montagne me rassura. Avec elle, je me sentais en sécurité.
A chacun de ses pas, je ressentais une vague s'abattre contre ma forteresse, le bruit de ses grondements résonnait si fortement, qu'on pouvait l'entendre à une centaine de lieues d'ici. J'imaginais les cris sanglants des martyrs décimés par l’empreinte de féroces soldat, ce qui me paralysa instantanément. J'étais prise dans une toile d'araignée sans aucun moyen d'y réchapper. Incapable d'avoir la moindre pensée rationnelle, de légères fissures sur mon miroir apparurent sans crier gare, signe de ma grande fébrilité.
Après de longues minutes de lutte éreintante, un son familier arriva jusqu'à mes oreilles, signe annonciateur d'une triste nouvelle. Mon bourreau était là pour prendre ce qui lui était du, en laissant aucune échappatoire possible. Il arriva en face de moi, vêtit de la robe du procureur, prêt a en découdre, devant les yeux ébahis du tribunal populaire. La condamnation fut inéluctable, on m'accabla de la pire des disgrâces avec l'intransigeance d'une sentence irrévocable.
Une féroce gifle me fit tomber par terre, mes frêles miroirs ne pouvant pas supporter un tel impact, éclatèrent en mille morceaux. Son engeance destructrice n'était qu'à ses prémices , il assena des coups d'une extrême violence à l'encontre de mon autel, ce qui lui ôta tous ses bénéfices prolifiques.
Mes excuses et mes supplications pour qu'il arrête sa barbarie, n'eurent pas l'effet escompté. Ils décuplèrent sa délectation perfide, à m'enlever tout ce qui était cher à mon coeur. L'apogée de sa barbarie ne faisait que commencer, mes deux adorables statues symbolisant l'importance d'une une dure journée de labeur, se décomposèrent en petits fragments, dans les fracas d'un odieux coup de maître.
Quand survint la dévastation de ma balançoire, les souvenirs de mon enfance joyeuse prirent fin. A ce moment-là, l'espoir d'un avenir radieux était mort-née. Il se dirigea vers la dernière pièce, celle incarnant notre amour, il enflamma le tout avec son regard de tortionnaire et son sourir sadique. C'était la première que le voyais, il faut dire, qu'il cachait bien son jeu.
Le vent emporta dans son élan, l'amas de poussière d'une existence passée, l'odeur de soufre embaumait désormais, cet endroit si spécial à mon coeur. Il ne restait plus rien à quoi m'attacher !
Bientôt, j'allais devenir un fantôme que personne ne remarquerait ! Malgré mon statut de victime d'une odieuse profanation, je ressentais une profonde culpabilité pour avoir déçu une personne que j'aimais si fort.
Ma damnation éternelle avait un nom, cependant, il m'était impossible de le prononcer, comme si ma langue s'était nouée avec le drame ! Ce qui me plongea dans des abysses, encore auparavant inconnus !
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