« Tout doux, tout attentionné, ce qui fait de lui l’ami parfait, mais sûrement pas l’amant rêvé. »

15 minutes de lecture

Kira

Octobre, deux-mille-vingt-trois.

— Kira, sépare les tables deux et six, nous avons beaucoup de réservations à midi, dit mon patron en essuyant frénétiquement la vaisselle.

Je me précipite à travers la salle pour déplacer les tables, les espaçant d’un mètre afin de laisser l’espace suffisant pour circuler. Je m’active pour dresser les couverts avant de revenir derrière le comptoir.

Quelques instants plus tard, trois personnes entrent, dont deux habitués. Ils se dirigent droit vers moi. Le dernier, plutôt jeune, est peut-être une nouvelle recrue pour leur entreprise de bâtiment.

Être serveuse inclut peu le besoin de parler : il suffit d’écouter et d’être attentif aux différents comportements pour apprendre sur les gens.

Alors que je prends la commande des trois hommes, je remarque le clin d’œil du dernier. Je fais mine de rien et le regarde avec patience pour savoir ce qu'il veut. Il finit par me demander un demi-pression, rien d’anormal à dix heures du matin.

Je me retourne face à la tireuse à bière mais je sens son regard insistant sur mon corps. Ce comportement qui revient bien trop souvent me met mal à l’aise. En lui tendant son demi, je tremble légèrement. Lorsqu’il saisit sa consommation, il force le contact et nos doigts se touchent. Je retire presque immédiatement ma main même si je sais que mon geste n’est pas passé inaperçu aux yeux de mon patron et qu’il me fera une réflexion. Pour tuer le temps plus vite et calmer la pression d’angoisse qui me serre le cœur, je me concentre sur ma respiration, comme me l’a appris mon psy. Après quelques instants, c’est un peu mieux et j’en profite pour m’écarter du comptoir et aller m’occuper des clients qui sont assis en salle. Puis, étant dans l’obligation de revenir derrière le bar pour avoir accès à la caisse et leur rendre leur monnaie, je réalise qu’ils sont finalement partis. Le stress s’éclipse lui aussi.

Il est midi et les clients commencent à affluer au bar-restaurant, je prends les commandes rapidement pour ne pas perdre de temps. Comme le dit si bien mon patron : le temps, c’est de l’argent.

À la fin de mon service, je récupère les pourboires qui me sont destinés. Si je pensais que mon patron allait en profiter pour me remonter les bretelles, il n’en fait rien. Je récupère mon sac, le salue et pars.

Ma journée n’est pas terminée : il est quatorze heures et je rejoins la faculté. J’ai cours en amphithéâtre sur le droit privé pendant deux heures. Jongler entre travail et cours est assez éreintant, mais après quelques années, surtout lorsqu’on n’a pas le choix, on s’y fait. Grâce à un emploi du temps bien défini, j’ai réussi à inclure des moments où je peux prendre soin de moi. Mon amie m’attend pour passer les portes de la salle. Une fois que nous sommes tous assis, le professeur commence et ma concentration reste difficile à maintenir à cause de la fatigue qui envahit mon corps. Mais je me suis fait la promesse de tenir. Je refuse d’abandonner, je n’ai pas fait tout ça pour rien et je suis en dernière année de master.

Je plie mes affaires à la fin du cours, pressée de rentrer chez moi. J’occupe un petit studio situé à quelques pas de ma faculté. En effet, j’ai déserté le campus universitaire il y a un peu plus de deux ans maintenant. Même s’il apparaît tout petit (il n’atteint même pas les vingt mètres carré), il est sécurisé. En plein centre-ville je ne pouvais pas espérer mieux. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle je travaille en plus d’avoir contracté un crédit étudiant. Mes parents prennent en charge mon studio et les frais de santé. Quant à moi, je paie mes factures et mes frais de scolarité, qui dépassent facilement les cinquante-mille dollars. Mon modeste chez-moi se compose d’un salon qui fait également office de chambre, d’une petite salle de bain et d’une cuisine avec le strict minimum. Ce qui ne pose aucun problème pour moi car je déteste cuisiner.

Après une douche rapide, je m’étends sur mon lit, un paquet de chips à la main et, dans la demi-heure suivante, je tombe de sommeil.

Mon réveil sonne, je le frappe avec nonchalance pour qu’il s’arrête. Je ne peux plus le supporter.

Aujourd’hui est une journée spéciale : mon ami Matt rentre d’Europe, son stage à l’étranger est terminé. Mon portable vibre, je le prends et constate que c’est lui qui m’écrit.

Matt : Ne m’oublie pas ce soir !!! Biz !

Il me fait rire : comment pourrais-je l’oublier ? Nous nous connaissons depuis maintenant cinq ans, nous avons passé notre licence de droit ensemble, c’est le master qui nous a séparés, lui s’est dirigé en filière de droit de l’entreprise, et moi comme vous le savez, en droit privé.

Moi : Mais non, ne t’inquiète pas. 18 h au o’BrienBar.

L’amitié qui nous lie est plurielle, fondée sur la confiance et le soutien. Elle a été enrichie par de nombreuses expériences, fort heureusement souvent joyeuses, comme lorsque nous sommes allés camper pour fêter notre licence...

Savoir qu’il est en route pour revenir après six mois d’absence me motive. Je m’empresse de me préparer et de partir avec le sourire aux lèvres au travail.

Le temps défile entre chaque client qui s’arrête un moment pour consommer. Certains, en revanche, me ramènent trois ans en arrière à cause de leurs comportements pervers. C’est déjà la quatrième fois que j’esquive la main harceleuse du client d’hier, encore présent au comptoir. Je ne pourrai pas continuer ainsi longtemps. Je contourne désormais l’îlot central dans l’optique de le laisser à l’écart. Si je m’écoutais et agissais en conséquence de ce que me dicte ma tête, je partirais en courant afin de m’éloigner le plus loin possible. Mais cette idée en aucun cas n’est pensable, alors je lutte contre moi-même, contre un acte passé qui m’a en partie détruite et m’a fait perdre le peu de confiance que j’avais en moi. Incapable de le rembarrer et de le remettre à sa place, j’accuse tête baissée son attitude déplacée. Il rigole de sa propre bêtise à gorge déployée avec ses « amis », sans même se douter une seule seconde que son comportement est inadmissible. En tentant de me rétablir, je sens le verre glisser de ma main tremblante. Il rebondit sur le bord du comptoir avant de se briser en milliers de morceaux au sol. Les trois oppresseurs sont alertés par le tintement du verre et cette fois l’agression devient verbale.

Alors que je me mets de plus en plus à paniquer, je cours me réfugier dans les toilettes. Je me canalise exclusivement sur ma respiration, je me persuade qu’à mon retour, ils ne seront plus là. Je tape un message à mon psychiatre qui me suit depuis deux ans, à la suite de sadisme que j’ai vécu.

Je retrouve peu à peu un souffle normal à l’aide de nombreuses gorgées d’eau fraîche distribuée par le robinet. Je n’ai pas le choix, je dois y retourner :le bar ne peut pas rester sans surveillance. Alors que mes yeux se posent instinctivement à l’emplacement qu'ils occupaient, ils n’y sont plus : la pression s’amoindrit d’autant plus. Je les vois dos à moi, quittant le bar et Matt qui, quant à lui, fait son entrée.

Comme prévu, il vient à l’heure. Je contourne avec hâte le comptoir pour aller le prendre dans mes bras.

— Putain ! Te revoir fait tellement de bien ma Kira ! articule-t-il en accentuant le possessif.

Je ne lui appartiens pas, mais je fais mine de rien et je l’étreins. La main qu’il avait cachée dans son dos s’avance et me tend une boule à neige avec la tour Eiffel. J’éclate de rire.

Savoir qu’il a pensé à moi pour me l’offrir me remonte le moral.

— Oh ! Un cadeau de Paris ! dis-je pleine d’entrain, joyeuse de son présent.

Je lui offre un verre. Il me raconte son stage et même parle des rencontres qu’il a faites lors de ses sorties.

J'ai presque achevé ma tâche, il ne me reste plus qu'à porter les poubelles dehors. Je saisis un sac dans chaque main et je pars par la porte de derrière qui mène aux conteneurs extérieurs dans une ruelle. Soudain, ce que j'aperçois me fait lâcher les deux sacs avec un léger cri de stupeur. Les trois hommes qui se trouvaient dans le bar sont allongés au sol les uns sur les autres, formant un tas d'humains. Des ecchymoses sont visibles au niveau de leurs yeux et de leurs bouches. L'un d'entre eux pousse un râle de gorge: cela semble être extrêmement douloureux. Bien fait ! Ils ont dû jouer les plus malins et se sont retrouvés confrontés à plus féroce qu'eux.

Je jette les deux sacs poubelles non loin d'eux et je rentre dans le bar. Matt m'y attend.

Alors que nous nous apprêtons à partir, la culpabilité me ronge.

— Matt, tu sais te battre ?

— Euh, pas vraiment non…

Ça confirme que ce n'est pas lui, même si je le savais déjà, mais en six mois il aurait pu prendre des cours.

— Pourquoi ? demande-t-il en fixant mon portable que je viens de prendre dans ma main.

— Pour rien, simple question de curiosité.

J’invente un prétexte pour aller aux toilettes avant de partir. J'appelle une ambulance. La facture qu'ils devront régler les découragera de recommencer. Je donne l'adresse à l'ambulancière qui me la demande.

Une fois le bar fermé à clef, direction la rue commerçante où l'on pourra se restaurer.

Depuis une heure, assis en face de moi, il me questionne sur comment j'ai occupé mon temps ces six derniers mois. Ma routine concernant mon emploi du temps a expliqué en quelques mots mon quotidien. Puis, j'avais le besoin de me confier quant au fait que mon passé me rattrape depuis deux jours.

Comme à chaque fois, et ce depuis deux ans, il sait trouver les mots, il m'a rassurée et a accentué le fait que maintenant il ne bouge plus de New York.

Sa main vient chercher la mienne et m'apaise.

— Et toi, c'est quoi la meilleure chose qui s'est passée pendant ton voyage ?

— Que les jours s'écoulent afin que je te retrouve plus vite.

Je marque une pause, je ne comprends pas. Son regard fixe le mien et un sourire s'affiche sur son visage.

— Kira, je voudrais qu'on sorte ensemble, mais plus comme des potes, comme des amants.

Qu'est-ce qu'il lui prend soudainement ! Je retire ma main à une vitesse éclair.

— Hein ?

Toutes ces années d’amitié m’ont permis de comprendre qu’une relation amoureuse entre nous ne fonctionnerait pas, même si je dois admettre qu’il était attirant lorsque ses yeux bleu azur sondaient les miens.

— Kira ! On a tout à y gagner ! On se connaît depuis des années, on s’entend super bien ! Rien de mieux qu'une relation amoureuse après avoir été amis !

J’avoue que je m’étais déjà demandé si quelque chose pouvait naître entre nous deux : j’en ai conclu que non. Mais impossible de lui avouer qu’il ne me plaît pas, ce serait bien trop vexant. Il est ce garçon que l’on pourrait définir comme guimauve, ou peluche. Tout doux, tout attentionné, ce qui fait de lui l’ami parfait, mais sûrement pas l’amant rêvé. J’ai besoin de me sentir protégée et en sécurité, d’un homme qui ne soit pas taillé comme un fil de fer.

Puis, avec nos caractères similaires cela nous ferait tomber dans une routine. Ce que je fuis par-dessus tout. S’il semble le bon pour une femme, il n’est pas pour moi. Déjà, par la complicité qui nous lie, il connaît quasiment toute ma vie, ce serait malsain, sans parler des quelques fois où il a assisté à des soirées de beuveries où j’ai pu me lâcher et sortir des tabous. Bref.

— Mais dis quelque chose !

— Mais Matt ! L’amitié c’est bien aussi !

— Je t’aime Kira !

Allez, deux déclarations d’un coup, ça devient difficile à gérer, je n’ai jamais eu à faire à ce genre de chose, moi. Comment dit-on non, sans vexer ?

— Je suis désolée, je préfère qu’on reste amis.

Je n’ai pas réussi à faire mieux, j’en suis aussi navrée que lui.

— C’est l’aspect amoureux qui te fait peur ?

— Oui.

Mais pas que…

— Et si on le laisse de côté on ne se prend pas la tête, tu préfères ?

— Non Matt, je suis désolée.

Je ne suis pas amoureuse de lui.

Sa proposition ne me ressemble pas, offrir mon corps sans bâtir une relation de passion autour, même si j’ai confiance en cet homme, ce n’est pas pour autant que je souhaite faire ma première fois avec lui. Il n’est pas le type d’homme qui me convient.

— Alors ça y est, je suis friendzoné pour de bon.

Je pouffe de rire dans ma main et je m’excuse encore, même si je ne sais pas vraiment de quoi.

Il ajoute que c’est tout de même dommage, que nous aurions formé un beau duo. Peut-être, nous ne le serions pas.

— Matt, j’ai été tenté une fois dans mon existence de me mettre en couple et tu as vu le résultat.

— Mais tu ne peux pas rester toute ta vie célibataire à cause d’un connard !

— J’en sais rien, mais regarde autour de toi, tout va mal.

— Kira, les mentalités changent en même temps que le monde évolue.

— Pas assez vite, à cette vitesse-là la fin de l'humanité aura lieu dans cinquante-ans.

— Ben moi je préfère vivre cinquante belles années qu'aucune.

— C'est ton droit, moi je préfère essayer de faire quelque chose et sauver ce qui peut encore l'être.

— Tu me fascineras toujours Kira, mais pour nous c'est dommage.

Alors que Matt revient encore sur le beau couple que nous aurions pu former, moi je suis en train d'imaginer ma vie dans quelques années, un corps incapable de procréer, des couples désirant des enfants, et tel un film d'horreur : des poussettes vides ou contenant des poupées pour rappeler la vie d'antan.

C'étaient les pensées de trop. Je pars au bar et je bois deux shots de vodka pur ayant pour but d'oublier.

L’alcool me monte vite à la tête, je n'ai pas l'habitude de boire. Matt a prit l'initiative de me rejoindre et trinque le dernier avec moi du monde pourri dans lequel on vit.

Il me raccompagne chez moi, je me tiens à son bras pour ne pas trébucher à chaque pas car il m’est difficile de marcher droit.

Sur le palier qui mène à la porte de mon appartement, je me retourne vers lui et je lui tends les bras. Il vient s'y glisser et je pose un baiser sur sa joue pour le remercier.

Finalement, vu mon état, il a trouvé bon de me soutenir jusque dans mon salon pour me faire asseoir sur mon lit après avoir mis cinq minutes à essayer de rentrer la clef dans la serrure.

Une bassine près de mon lit, je souris à son initiative. Rassuré, il part.

L’ivresse m’empêche de dormir, ma tête tangue comme si je voguais sur un bateau au large sous une tempête.

Mes pensées s’entremêlent : à la vue de mon état ce soir, s’il n’avait pas été un garçon respectueux, Matt aurait pu profiter de la situation. Il est gentil, bien élevé et prend soin des autres, a contrario de Lucas, sur lequel je n’arrive pas pour autant à tirer un trait.

Le lendemain matin, je me réveille avec une migraine alcoolique. Je me rappelle la soirée de la veille : finalement, moi aussi, le reste du temps, je fais semblant d’être heureuse. La déprime me tombe dessus lorsque j’admets connaître les principaux problèmes de ce monde et que je me sais impuissante. C’est la raison pour laquelle je me suis dévouée à faire des études de droit. Pour un jour, pouvoir participer àa changer le monde. La vibration de mon portable me détourne de mes pensées négatives, j’ouvre le message.

Matt : Pas trop mal à la tête ? J'ai déposé des Efferalgan sur ta table de salon. À bientôt.

Oh ! Comme c’est attentionné de m’avoir laissé des cachets après ma beuverie !Sans doute, un vrai gentleman.

Après en avoir avalé un, j’attends avec impatience son effet en m’étalant sur mon lit avec mon pc et un accès illimité à ma plateforme de séries préférées.

Ma journée de repos a été contre-productive : je ressasse sans cesse quels seraient les moyens d’améliorer efficacement l’environnement.

***

Une semaine s’est écoulée depuis ma soirée en compagnie de Matt. Si je me suis heureusement remise de ma cuite, je n’en reviens toujours pas d’avoir autant de dossiers à rendre pour les cours. Au moins, ça m’apportera autre chose que des résidus d’ivresse.

Judith, mon amie, doit me rendre visite cet après-midi, on doit avancer sur le dossier où nous sommes en binôme.

Pour gagner quelques heures de recherches sur internet, nous avons décidé d’aller en bus jusqu’à la bibliothèque du centre-ville.

Je me retourne avec l’impression d’être suivie : je ne vois rien, mais ce sentiment persiste. De la manière la plus discrète, sans m’arrêter de marcher, je regarde dans la vitrine de l’immeuble qui se trouve à notre gauche. Rien.

Nous entrons dans le bâtiment, il y a un grand nombre de personnes, ce qui agit sur la stabilité de mon stress. Nous nous dirigeons vers le fond où sont rangés les manuels de droit. Je m’assieds en face de la porte de sortie, pour ainsi avoir la possibilité de guetter et assouvir ma soif de sécurité.

— Ça va ? m’interroge Judith qui doit voir l’anxiété sur mon visage. Je lui réponds oui de la tête, elle se mordille la lèvre inférieure, mais n’insiste pas.

Avec mon psychologue, nous avons évoqué le comportement du client à mon boulot, il m’a tout de suite appuyé sur le fait qu’il était d’accord pour dire que sa conduite était intolérable. Puis il m’a conseillé d’en parler avec mon patron.

Précédemment, c’est sans doute ce que j’aurais naturellement fait, mais ces derniers temps j’ai parfois du mal à me fier à mes propres avis sur les autres. En outre, il précise tout de même qu’après deux ans sans nouvelles de mon ex-agresseur, il serait peu probable qu’il refasse surface maintenant.

J’ai bien senti une présence avant d’arriver au cabinet médical, mon instinct se réveille, m’alerte, ça ne peut pas être anodin.

Pourtant, je me plonge dans mon travail, car je dois valider mon année et obtenir mon master. Je ne laisserai rien ni personne venir entraver mes plans, et encore moins un fantôme du passé.

Après de nombreuses heures écoulées à étudier, nous avons partagé la soirée, et je me suis confiée à propos de Matt. Judith m’a entendue et sa réponse a été étonnante.

— À ta place, j’aurais dit oui ! Il a de la personnalité et du charme, ça ne se refuse pas, un mec comme lui !

Pas besoin d’en écouter plus, je juge qu’elle craque pour lui. Elle aurait adoré qu’il lui ait fait la même proposition, mais ça n’arrivera pas et elle le sait.

Sa réponse respire la jalousie.

***

En traversant le couloir de la faculté, je croise Matt adossé contre le mur, juste avant la porte d’entrée où j’ai cours dans quelques minutes. Faussement nonchalant, un pied appuyé sur la cloison derrière lui, il essaie de se donner un air détaché.

Alors qu’il avance une main aimable pour me saluer, je recule d’un pas. Mon corps s’exprime de lui-même et refuse son contact. Ma décision a été prise depuis un moment et mis à part l’amitié, aucune autre relation ne se créera avec lui. Cette situation est rendue embarrassante par le fait que je l’ai rejeté, mais que je veux que l’on reste amis Je suis mitigée : me comporter comme avant avec lui me fait peur quant à l’espérance qu’il pourrait éprouver, mais mettre de la distance entre nous le ferait souffrir. D’un geste de la main, je le salue tout en poussant la porte pour entrer dans la salle de classe.

Devoir le repousser ainsi me fait mal. Je ne sais pas ce qui ne tourne pas rond chez moi. Matt plaît à pas mal de filles dans ma classe, certaines veulent même devenir amies avec moi pour tenter de l’approcher.

Le prof fait son discours : je fais uniquement acte de présence, je n’arrive pas à écouter, mon cerveau préfère se concentrer sur l’évolution de notre relation avec Matt, et le déclin de la Terre que l’on entend et voit, chaque jour, plutôt que d’apprendre le programme universitaire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Bubu Kira ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0