«Mon appétit s'est évaporé, ne laissant place qu'au désir de rencontrer cet homme qui suscite en moi cette fascination.»

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Kira


Je viens de finir de m'apprêter pour sortir. Vêtue d'un jean noir et d'un petit pull blanc aux épaules dénudées. Mon maquillage est discret pour une harmonie parfaite. Ce soir, je retrouve Judith et Matt au bar du coin pour décompresser. Je marche jusqu'au lieu, c'est tout près. La sensation d'être suivie recommence. En revanche, je note une distinction entre les deux, même si j’en suis incertaine. La première est dérangeante, intrusive dans mon intimité, alors que celle-ci n’a rien à voir, je la sens bienveillante et garde plus de distance. Je n’ai aucune idée de comment je les distingue, pourtant, la différence est bien là.

Subitement, les images du tas d’humains me reviennent à l’esprit, c’est étrange, pourquoi maintenant ? Je me demande si un lien pourrait exister entre ce souvenir et l’ombre qui me suit. Alors que je jette un œil discret dans la vitrine de présentation des nouveaux vêtements à la mode pour voir qui me suit, je ne repère rien ni personne qui pourrait révéler cette présence.

J’arrive enfant au café ou nous devons mes amis et moi nous retrouver. Légèrement en retard, je m’empresse de regarder à travers les vitres pour vérifier s’ils sont bien là.

C’est le cas, j’ouvre la porte et je les rejoins.

Ce n’est pas la première fois que je viens ici, l’odeur des pizzas est toujours aussi agréable. Les plantes vertes disposées avec soins apportent la touche naturelle à l’ambiance et rappelle la belle nature d’autrefois.

Le serveur nous invite à commander nos boissons, ce soir, pas de folie avec l’alcool, j’opte pour du soft – Virgin mojito.

Judith vante sa rencontre avec Ian Somerhalder, euh non, Liam, pardon. On lui demande si elle compte un jour nous le présenter ou si elle préfère le garder égoïstement pour elle. Quant à Matt, ce soir, il est différent, il joue un autre rôle, celui de me draguer ouvertement, à croire que mon refus n’était pas explicite. À la vue de l’atmosphère détendue, ses tentatives me font rire.

— Après les partiels de janvier, ça vous dirait que l’on prenne un peu de vacances, mes parents ont un chalet dans les Vosges près du lac blanc on pourrait partir tous ensemble ?

Je souris à sa demande, aller à la montagne en hiver, avoir de la neige à foison devant la porte, resté confiné, enroulé dans un plaid au coin du feu. C’est très tentant.

— Oui, dis-je le sourire aux lèvres.

— Si je viens avec mon nouveau mec, vous n’allez pas beaucoup me voir…

— AHA, ce n’est pas grave. Ça serait super et il me tarde d’y être.

Il explique tout ce que l’on peut faire là-bas, du ski et de la luge, de la motoneige, des randonnées.

Ça m’en donne l’eau à la bouche. Tout en me rappelant ces films de Noël qui passent en boucle en cette période. Même si ce ne sera que pour janvier. Mais avant de rêver, revenons à la réalité.

La cloche de la porte teinte deux fois. C'est alors que l'aura bienveillante me traverse, clouée sur mon siège, impatiente de découvrir qui suscite cela et surtout pourquoi.

Mes yeux, toujours fixés sur mes amis, ils ne s'en soucient guère.

Avec discrétion, trait de caractère très ancré en moi car je ne supporte pas le fait de me faire remarquer, je tourne la tête vers la gauche. Un homme aux cheveux de jais, imposant de taille et de carrure, avance d'un pas décidé vers le comptoir.

Alors que je le suis du regard en tournant la tête dans l'autre sens, il s'accoude au bar et croise les pieds. Il est vêtu d'un costume bleu marine qui semble valoir plus que l'unique œuvre d'art accrochée au mur de mon appartement - un cadeau de mes parents. Mon cœur bat la chamade, résonnant dans mes oreilles. Des gouttes de sueur perlent sur ma nuque glissant dans mon dos, mes mains deviennent moites, et ma bouche s'assèche en un instant. On dirait que je suis tombée sous son charme en quelques secondes. Je tente de me reprendre en secouant la tête, mais le temps semble suspendu, me transportant dans une autre dimension. Les bruits extérieurs disparaissent, ne laissant place qu'à cette personne inconnue qui semble tout absorber sur son passage.

— Kira, ça va ?

Je secoue frénétiquement la tête pour signifier non en réponse à Judith. Non ça ne va pas du tout, je ne comprends absolument rien en ce qui m'arrive.

— Tu veux sortir prendre l’air quelques instant ? demande Matt, inquiet de me voir haletante.

Sa proposition est intéressante, mais vu comment je tremble, je ne suis pas en mesure de me lever. J’essaie de détourner les yeux, mais je sens une attirance envoûtante.

Matt appelle un serveur pour qu’il apporte une bouteille d’eau. J’en bois deux verres d’affilée et j'en reste toujours assoiffée.

Je pose délicatement mes mains croisées sur mes cuisses. Captivée par le scintillement soudain de minuscules particules dorées sur mes ongles. Mes yeux manquent de sortir de mes orbites, déconcertés, tandis que ces grains de poussière couleur miel dansent gracieusement vers le sol. Est-ce le fruit de mon imagination ou bien suis-je délirante ?

Alors que mon regard se reporte inlassablement sur cet homme qui m’attire sans même avoir vu son visage. Judith a commandé trois pizzas : et bien que l'odeur m'ait tentée en rentrant, elle me répugne à présent. Mon appétit s'est évaporé, ne laissant place qu'au désir de rencontrer cet homme qui suscite en moi cette fascination. D'un trait, je vide mon verre d'eau, mais lorsque je tourne la tête vers le comptoir, il a mystérieusement disparu, me laissant désorientée à la recherche de sa silhouette disparue.

— Qu’est-ce qui t’arrive Kira ? demande Judith, intriguée par la vivacité avec laquelle j’ingurgite verre sur verre.

— Rien, ne vous en faites pas, ça va passer, j’ai eu un coup de chaud, dis-je en posant discrètement les yeux sur mes mains.

Les petites lumières dorées ont, elles aussi, disparues.

Le reste de la soirée, je suis restée absente dans mes pensées : un homme, des paillettes dorées sur mes doigts, voilà sur quoi fixe mon cerveau. Y aurait-il un lien ?

Il me tardait de retourner chez moi pour avoir accès à mon ordinateur et ainsi me renseigner à l'aide d'internet. Vers minuit, j’ai pris la décision de partir. Ne souhaitant pas que je rentre toute seule à une heure aussi tardive, ils m’ont raccompagnée chez moi.

Après quelques brèves recherches, tous les symptômes semblent pointer vers le coup de foudre. En revanche, je ne trouve absolument rien sur la poussière dorée à l'exception de la fée clochette. Me voilà bien avancée.

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