Chapitre 11 :
Le vent se levait encore et toujours de plus en plus fort. Les grains de sable encore plus légers que des plumes se soulevaient violemment et picotaient la figure lorsqu’ils l’atteignaient. Ce n’était pas très embêtant, mais avec le temps, cela commençait à l’agacer un tout petit peu. Quelquefois, les grains inoffensifs se rassemblaient en un presque mur de sable qui pouvait fouetter très fort et la faisait tomber par terre. Elle était petite mais toute frêle. Trop frêle. La petite fille était seule. Toute seule. C’était la seule du trio qui avait réussi à s’enfuir de la prison des conseillers, pourtant, elle se demandait si retourner sur ses pas ne serait pas judicieux. Et pour cause : elle était seule et perdue dans un vaste endroit qui semblait s’étendre à l’infini. La petite fille n’avait cessé de marcher, même pendant la nuit, sa marche se faisait de plus en plus lourde et elle ne savait même pas dans quelle direction se diriger. Elle ne savait pas si elle se rendait en Opartisk, ou si elle s’enfonçait encore plus. Kendra finit par s’effondrer, dans le sable. La petite était bien trop fatiguée pour continuer.
Elle sentit une douce chaleur se répandre doucement dans son corps. Elle aurait voulu ouvrir les yeux pour savoir si elle devait se méfier d’un quelconque danger, mais elle ne pouvait plus lutter contre la fatigue qui venait la prendre telle une mère rassurant son enfant, et Kendra finit par céder. Elle s’effondra dans un monde parallèle où les atrocités du monde étaient bannies et inexistantes.
Elle dormit pendant de nombreuses heures, s’abandonnant à l’envie d’oublier sa situation. Et, lorsqu’elle se réveilla, elle se sentit étrangement apaisée. Pourtant, une vague de panique l’envahit aussitôt. La petite fille s’était endormie dans le sable chaud du désert, logiquement, elle aurait dû voir le ciel à son réveil. Mais c’était un plafond de bois qu’elle avait contemplé un bref instant. Kendra se redressa et regarda autour d’elle. La petite fille avait été déposée sur un matelas avec une fine couverture sur elle, dans une tente. Il y avait quelques objets médicaux et d’autres. L’avaient-ils rattrapée ? La petite blonde bondit du lit, toute paniquée. Où était-elle exactement ? Au final, elle avait bien trop peur pour pouvoir réfléchir correctement. Alors qu’elle se retourna pour sortir de la tente, la petite fille sursauta lorsqu’elle vit un grand homme brun à la peau noire avec une bonne barbe. Kendra recula instinctivement et son dos heurta le lit de fortune et elle tomba à la renverse sur le matelas. Un peuple du désert. Les clans ne pensaient pas qu’ils existaient vraiment, ils les prenaient pour des légendes. Sauf que c’était vrai, il y avait vraiment des peuples dans le désert, beaucoup étaient nomades, mais quelques-uns s’étaient installés à des emplacements fixes. L’adulte leva les bras pour lui dire qu’il ne lui voulait aucun mal. La petite fille resta tout de même méfiante.
— Je ne suis pas là pour te faire du mal. Je peux même t’aider. Tu dois faire partie de ces enfants qui se sont échappés des clans d’Opartisk. N’est-ce pas ?
La petite fille ne le regarda pas et fixait le sol. Pourtant, elle l’avait écouté avec attention. Elle n’avait pas envie de parler. Finalement, la jeune fille n’avait pas l’impression que cela avait été une bonne idée de s’enfuir toute seule dans le désert. Elle se retrouvait encore plus éloignée de l’organisation qu’avant. Mais est-ce que Marin et Maryline étaient bien traités ? Rien n’était certain, Kendra le savait bien. Mais comment rejoindre l’association ? Où se trouvait-elle exactement dans le désert ? L’homme vint s’asseoir à ses côtés.
— Je vois… C’est bien ce que je pensais, tu fais bel et bien partie de ceux qui se sont échappés. Ne t’inquiète pas, nous n’allons pas te ramener à eux. Nous ne savons même pas où sont leurs bâtiments, le désert est bien trop vaste. Et de toute façon, nous ne nous occupons pas des histoires des clans. Nous aimons être à part. Je suis Angelo.
Cette fois-ci, Kendra releva la tête pour le dévisager. Il avait l’air digne de confiance. De toute façon, elle se retrouvait déjà dans de beaux draps. Elle ne pouvait pas s’enfoncer encore plus.
— Vous parlez comme nous ?
— Tout le monde parle la même langue. Même si les tribus nomades et fixes ont leur langage corporel entre eux. Parler s’avère utile aussi. Surtout quand on doit s’entendre entre deux tribus. Il n’y a pas très longtemps, on a dû négocier un emplacement avec un autre clan nomade, si on ne parlait pas, cela aurait été assez compliqué tout de même. Tu ne crois pas ?
— Si, certainement.
Le silence retomba, encore plus lourd, encore plus gênant. Kendra réprima un soupir, puis ferma les yeux un moment. Elle eut le temps de voir les têtes d’Iris et Samuel. Les deux adolescents qui avaient été là pour la jeune fille dans les bâtiments. Ils avaient été là, et ils le seraient toujours. La petite fille voulait les revoir rapidement. Kendra ne connaissait, ni l’heure, ni même le jour, mais elle était certaine d’une chose : avec le reste de la bande qui avait réussi à s’enfuir, ils étaient en Opartisk, près des membres de l’association. Elle savait aussi qu’ils étaient activement recherchés dans tout l’Opartisk et dans les pays alliés au cas où ils auraient fui. La petite blonde aurait tellement aimé être avec eux, et ne pas être coincée dans le désert loin et sans utilité. Mais à elle toute seule, elle ne pouvait pas s’en sortir. Kendra observa l’homme, la jeune fille arrivait à distinguer un tatouage noir sur sa nuque sombre. Une sorte de tige épaisse qui partait de son épaule gauche, qui remontait dans le cou , puis se séparait en deux pour faire une spirale vers le bas juste en dessous du menton et une autre derrière l’oreille droite.
— Comment fonctionnent vos tribus ? Il y en qui ne sont pas nomades ? Et vous avez des traditions bien à vous selon vos tribus ? Est-ce que vous avez des tribus rivales et d’autres amicales ? Et puis, comment faites-vous pour vivre si les clans ne vous aident pas ? Dans les autres clans, nous ne connaissions pas votre existence, c’étaient des vieilles légendes.
Angelo émit un petit rire en passant ses doigts entre ses cheveux.
— Cela arrive, quelques mésententes entre clans. Mais nous ne sommes pas comme les pays de votre monde. On ne se fait pas la guerre, c’est stupide. On est pacifique. Quand il y a un conflit, on parle pour trouver une solution. Cela nous arrive de retomber sur les mêmes tribus, surtout quand elles restent sur place, mais il n’y a pas de soucis. Oui… Chaque tribu à ses valeurs et ses traditions qui peuvent être diamétralement différentes comme très similaires. Pour pouvoir vivre, il faut savoir être organisé, expliqua Angelo qui semblait préférer ce mode de vie à celui des clans. Dans notre clan, chacun à ses tâches, que ce soit enfants, femmes, hommes ou vieillards. Par exemple, dans toutes activités servant à la tribu, on applique la parité, car cela fait partie de nos valeurs. On chasse, on pêche quand on trouve des rivières, on trouve de la nourriture avec certaines plantes. On vit comme cela, mais souvent, les grandes tribus qui ne se déplacent plus nous ravitaillent car ce sont eux les noyaux du réseau.
— Donc… Les tribus du désert forment un réseau ?
— Oui, nous sommes toutes reliées les unes aux autres grâces aux grandes tribus sédentaires. Dis-moi… Connaîtrais-tu une fameuse organisation appelée « association secrète » ?
Kendra se redressa et bondit du lit, les poings fermés. Une bonne nouvelle. Enfin !
— Si ! Oui ! Je cherche à les rejoindre. Mes amis sont aux QG d’Opartisk mais apparemment il y aurait un QG quelque part dans le désert. Vous en avez entendu parler ?
— Nous avons recueilli quelqu’un qui pourrait t’aider. Tu le verras. Mais avant je vais demander à Gabriel de te conduire au lac le plus proche pour que tu puisses te nettoyer. On va aller voir Alma pour qu’elle puisse te trouver des vêtements. Et on t’offrira un repas. Bien… Suis-moi.
L’homme se leva à son tour et Kendra lui emboîta immédiatement le pas. Angelo marcha au rythme de Kendra pour qu’elle n’ait pas à faire trop d’efforts pour le suivre. Les tentes étaient installées en longueurs face à face en formant un grand rectangle un feu de camp flambait au milieu avec plein de gens assemblés autour. Kendra fut éblouie par la luminosité du soleil. Combien de temps avait-elle dormi ? Elle n’avait pas pensé à lui demander. Cela ne devait pas changer grand-chose de toute façon. Les conseillers savaient qu’elle avait réussi à s’échapper. Ils avaient sûrement lancé une patrouille à sa recherche. La cadence ne ralentit pas et n’accéléra pas non plus. Angelo entra dans une grande tente violette. L’intérieur était lui aussi violet. De léger voile violet pendait tous les dix centimètres jusqu’à une petite table qui était destinée à servir à l’accueil. Une jeune femme d’une trentaine d’années surgit parmi les voiles. Ses cheveux d’un brun clair formaient une grosse tresse qui descendait jusqu’à ses genoux. Une petite partie, vers le bas, avait viré au blond à cause du soleil. Ses yeux bruns se fondaient avec sa peau, couleur café au lait qui faisait ressortir ses nombreux tatouages. Dont un au cou. C’était exactement le même, identique à celui d’Angelo. Ce tatouage signifiait-il quelque chose de fort entre les deux jeunes gens ? La tenue d’Alma lui allait à merveille. Son haut, en dentelle rose foncé lui arrivait au-dessus du nombril lui formant aussi un léger décolleté et s’arrêtait juste avant ses coudes. Sa jupe violette, tout aussi élégante lui arrivait en dessous des genoux. C’était une jeune femme vraiment féminine, bien dans sa peau, qui laissait transparaître son assurance et sa beauté inouïe. Kendra n'osait imaginer combien d’hommes avaient dû lui faire la cour. La petite resta la bouche ouverte devant cette déesse sortie du désert.
— Tu es venu avec la petite. De quoi as-tu besoin, Angelo ? demanda-t-elle.
— De vêtements pour elle. Et si tu peux me ramener Gabriel.
— Pas de soucis, Gabriel est sûrement dans la réserve. Je vais vous ramener ce que vous voulez.
Elle fit un clin d’œil au jeune homme puis adressa un sourire éclatant à Kendra. Pendant leur attente, Angelo expliqua que pratiquement chaque famille s’occupait d’au moins une tente qui servait à toute la tribu. La petite avait plein de questions sur les tribus du désert, mais elle n’osa pas. Alma finit par revenir quelques minutes plus tard en soutenant des tissus sur son bras droit. Elle était suivie par un garçon à peine plus grand et plus âgé que Kendra. C’était la copie conforme d’Angelo, en plus petit et en plus jeune. Il portait le même tatouage au cou que les deux adultes. Alma s’avança un peu plus vers la jeune fille et lui donna les vêtements qu’elle venait de sélectionner.
— Tiens… Ce n’est pas ce que tu as l’habitude de porter, mais je pense que cela te fera du bien d’enfiler des habits propres. Gab ? Tu vas la mener jusqu’au petit ruisseau d’accord ? On se retrouve au repas !
Elle lui fit un clin d’œil avant d’entraîner Angelo avec elle dans la réserve en parlant à voix haute du manque de tissus qui l’empêchaient de créer d’autres vêtements pour la tribu. La petite blonde fixa Gabriel, il devait avoir son âge mais paraissait aussi mûr qu’un adulte. Contrairement aux deux adultes, il n’avait pas d’autre tatouage en plus de celui qui ornait sa nuque. Il lui fit signe de le suivre et sortit de la tente. Il devait sûrement faire partie des futurs chasseurs avec sa légèreté, son agilité, sa souplesse et son ouïe à l’écoute. Ils sortirent du secteur des tentes, ce qui inquiéta un peu la petite blonde qui regardait partout autour d’elle, serrant fort contre elle les vêtements qu’Alma lui avait choisis. Le vent semblait s’être calmé, il n’y avait plus ces bourrasques horribles qui avaient découragé la surdouée.
— Alma et Angelo… Ce sont tes parents ? demanda Kendra.
Le petit garçon lui lança un regard à la dérobée pendant qu’un sourire se dessinait avant de se transformer en un rire franc qui surprit Kendra. Cette dernière fronça les sourcils. Elle avait l’habitude de se faire moquer par ses camarades de classe, étant surdouée. Sauf que Gabriel ne connaissait rien d’elle et n’était ni son camarade, ni son ami. Pourtant, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Ils ne venaient pas du même endroit. Ils n’avaient pas les mêmes origines, les mêmes traditions, les mêmes façons de penser. C'était normal qu’elle se trompe et qu'il moque. Puis, contrairement à ses anciens camarades de classe, ce n’était ni volontaire ni méchant. Il ne s'était pas moqué d'elle, ni embêté, juste rigolé.
— Vous avez des enfants très jeunes en Opartisk ? L’homme que l’on a recueilli nous a dit la même chose. Mais non. Certes, on est de la même famille, c’est à cela que sert notre tatouage sur le cou. Chaque famille à son propre tatouage, et quand la femme et l’homme se marient, leurs tatouages sont entremêlés. Mais bon… Pour cela, il faut encore faire partie de ceux qui peuvent se marier. Étant un apprenti chasseur, je le peux, alors qu’Alma qui crée les vêtements de la tribu ne peut pas. Je ne sais pas pourquoi. Je sais juste que c’est comme cela. Ce n’est pas parce qu’Angelo et Alma ont des âges rapprochés qu’ils sont en couple. Ce sont mon frère et ma sœur. N’as-tu pas vu à quel point ils se ressemblent ?
Kendra ne répondit rien, septique. Puis, Gabriel fit la moue en haussant les épaules.
— Rien n’interdit l’inceste, mais cela ne s’est jamais fait. Puis, même si cela devait arriver, Alma et Gabriel sont beaucoup trop sérieux pour cela. Il tient énormément à sa place de co-leader. Ce n’est pas quelque chose que l’on prend à la légère. Il doit rester digne de confiance, propre et sage. Personne n’aimerait lui causer du tort. Tout le monde l’aime bien, et c’est normal. C’est le meilleur.
Kendra essaya de ne pas laisser la gêne s’emparer d’elle. Mais plus il dérivait sur Gabriel, plus elle s’estompa. Elle apprit aussi qu’Alma était une jeune femme très courtisée, qu’elle n’en profitait pas car elle était respectueuse des autres. Gabriel fit promettre à l’Opartiskaine de ne pas dire que sa sœur avait une relation avec le fils d’un des leaders. Déjà, car Alma était censée rester vieille fille jusqu’à la fin de sa vie, et aussi car cela signifiait toucher les leaders. Les fils et filles des leaders étaient encadrés strictement pour prendre la place de leur parent à leur mort. Les cadets étaient prédestinés à des postes haut placés eux aussi. Mais, les fils et filles des leaders se mariaient avec les personnes que leurs parents souhaitaient. Ce n’était pas eux qui décidaient mais leurs parents. Ils choisissaient qui ils voulaient, cela pouvait très bien être une femme comme Alma ou une autre fille de camp. Mais le fils et la fille ne connaissaient pas les noms des filles qui faisaient partie des listes des prétendantes. Ils savaient, après l’annonce du futur mariage. Alma ne pensait pas faire partie de la liste des filles, pourtant, elle ne laissait pas tomber son couple.
— Ce n’est pas dur pour eux ? De devoir se cacher pour entretenir leur relation. Cela ne les affecte pas ?
— Cela aurait pu, c’est vrai. Mais ils ont l’habitude, et ils s’aiment vraiment. Mon frère aussi est au courant, et il les admire. Ils ont tous les deux vingt-huit ans, cela fait quatorze ans qu’ils se cachent, et la flamme ne s’est pas éteinte même si parfois il y a eu quelques quiproquos et des disputes. Je suis fière de ma sœur. Le nom de la fille va être annoncé bientôt, le père de Quentin l’a dit. Depuis, ils stressent un peu. Alma est persuadée qu’elle n’y sera même pas sur la liste, et Quentin garde espoir. Je l’ai toujours trouvé trop optimiste celui-là. Mais cela fait du bien, il rassure ma sœur. Puis, même s’il se mariait avec une autre fille, il serait incapable de la laisser tomber.
— Quels sont les critères de ce leader ? voulut savoir Kendra.
— La beauté, l’intelligence, la joie de vivre et je ne sais quels autres détails, énuméra rapidement Gabriel.
— C’est déjà bien parti pour ta sœur même si elle est censée ne pas être mariée.
— Oui, déclara-t-il en hochant la tête. Elle remplit toutes les conditions de la belle-fille parfaite pour tout le monde. Mais j’ai bien peur que c’est bien parce qu’on lui interdit le mariage qu’elle ne sera pas choisie. Bref… On ne va pas s’attarder sur cela. C’est comment en Opartisk ? Je ne quitterai jamais le désert de ma vie, et tu ne resteras pas là jusqu’à ta mort. J’aimerais savoir au moins comment un des clans est. L’autre type Opartiskain ne peut pas vraiment nous en parler. Il n’est pas en état, on va dire.
Pas en état ? Était-ce un membre de l’association ? Angelo avait laissé entendre que cet homme pourrait l’aider. Mais comment puisqu’il n’était pas en bonne santé d’après Gabriel ? Gabriel ne devait pas en savoir plus sur cet homme, Kendra garda donc ses questions. La curiosité du garçon était drôle à voir, contrairement à lui, les adultes n’avaient pas l’air de vouloir savoir comment les choses se passaient dans un des clans. Même pas dans ceux qui le bordaient. Kendra lui raconta donc comment cela fonctionnait avant, puis la décision des conseillers sur les bâtiments et la guerre.
— Cela fait longtemps que tu n’es pas revenue, constata Gabriel.
— Oui… Et cela aurait été pire si je ne m'étais pas enfuie, je pense. Mais, peut-être qu’au fond je n’ai pas vraiment envie de retrouver l’Opartisk. Ce que je veux dire, c’est que je n’ai pas trop envie de voir mon pays en état de guerre. S’il y a l’association, le peuple doit sûrement se révolter et il doit y avoir des manifestations violentes et la guerre civile attaquant le côté riche de mon pays. Des endroits ont dû être ravagés, la nature aussi. Des bâtiments effondrés en ruine où on sent l’odeur de la putréfaction. Des corps d’innocents morts, démantelés et défigurés. Je crois que la tante de Maryline en fait partie. Peut-être que mes parents sont morts, peut-être que la moitié de la population est décédée. Peut-être bien que la situation est devenue incontrôlable de toute part. Comment faites-vous pour vivre sans soucis ? Sans se soucier des autres clans qui en plus se disputent le désert ? Le désert a longtemps été le terrain préféré pour la guerre, maintenant, ils s’attaquent aux cœurs des pays ennemis. Les capitales, ou les endroits où il y a beaucoup de populations. Les flottes commerciales mais aussi militaires peuvent être touchées quelquefois. Je dois être la seule à m'être renseignée autant… J’avais peur quand les conseillers ont annoncé l’entrée en guerre de l’Opartisk.
— C’est pour cela que nous ne nous occupons pas de ces affaires, ce n’est pas pour nous. Les tribus du désert ne sont pas unies, on ne fait pas partie d’un seul et même pays solidaire, on s’entraide, mais on ne forme pas une seule tribu. Certes, il serait facile de ne pas se faire tuer avec la densité du désert, mais nous n’avons rien à faire avec ses conflits, on préfère rester en paix, c’est mieux. Nous ne prenons pas part à ces idioties des pays qui sont dirigés par des lâches incapables qui ont des envies suicidaires pour l’humanité. C’est pour cela qu’ils n’arrêtent pas… Et, je suppose, que personne ne connaît l’origine de cette guerre… Stupide et pitoyable.
Il avait raison, Kendra le reconnaissait volontiers. Soudain, il s’arrêta et la petite blonde se plaça à ses côtés, une petite rivière limpide reflétait le soleil, le ciel et les nuages.
— Il n’y a que du sable dans ce désert ? s’informa la petite fille.
— Non. Certes il y a une partie composée essentiellement de dune, mais on a campé dans un environnement se rapprochant de la jungle, et il y a aussi une partie rocheuse. Il n’y a pas que du sable dans le désert. Bon, je vais m’éloigner, mais ne mets pas trop longtemps s’il-te-plaît. Je n’aime pas être éloigné du campement.
Kendra le comprenait, elle avait elle-même peur d’être un peu plus loin du campement. La jeune fille trouvait tout de même cela étrange. S’il voulait être chasseur, il devait faire de son mieux pour ne pas avoir peur. La jeune fille posa les vêtements par terre et sortit une fine serviette, coincée entre le bas et le haut, qu’elle n’avait pas remarquée. Elle plongea dans l’eau avec ses habits. Même s’il n’y avait personne, elle n’était pas très à l’aise pour se dénuder en pleine nature. La petite fille plongea sa tête sous l’eau. Elle n’était pas froide, elle était même chaude. La jeune fille utilisa rapidement le petit savon donné par Angelo, puis ressortit de la petite rivière. Elle s’entoura de la serviette et se sécha vite pour enfiler les vêtements qu’Alma lui avait donnés. Le haut rose pâle était d’un tissu plus lourd que celui d’Alma mais était similaire excepté que Kendra n’avait pas de décolleté. Le bas, bleu ciel était un pantacourt moulant en tissu fin. Kendra se sécha rapidement les cheveux avec la serviette avant d’appeler Gabriel. Mais le garçon ne revint pas.
Annotations
Versions