Chapitre 15 :
Ils fouettaient de plus en plus fort jusqu’au sang, et lorsque sa victime était en sang, ils continuaient quand même car c’était encore plus fort qu’eux. Ils poursuivaient, encore et toujours en intensifiant à chaque fois, chaque brûlure, chaque bleu, chaque cicatrice. Puis, ils se devaient de les cacher pour ne pas éveiller les soupçons. C’était un cercle vicieux, qui ne s’arrêtait jamais, même lorsqu’il était en âge de se défendre, il n’avait plus les forces, il était vidé. Trop blessé et faible pour arrêter cela. Au fil du temps, il trouvait le moyen pour de moins en moins subir ses violences : il s’éclipsait toute la journée. Sauf qu’il en payait les conséquences. Cela durait moins longtemps, mais c’était encore plus acharné qu’avant.
Un petit enfant se recroquevillait dans un coin d’une pièce. La tête enfouie dans ses genoux, c’était avant tout pour protéger son visage, ses bras prenaient tous. Les coups de ceintures s’enchaînaient sans répit telles des secondes. Sa peau lui brûlait horriblement, devenant par la suite des bleus douloureux. Là où se situaient des ecchymoses, la douleur était encore plus présente quand il frappait. Dès que l’enfant gémissait, il battait plus fort. Le petit garçon n’émit aucun bruit de sanglots quand il se mit à pleurer. S’ils l’avaient entendu, cela aurait fait encore plus mal.
Kilian se réveilla en sursaut et en sueur. La respiration saccadée et rapide. Des souvenirs sous forme de cauchemars. C’était le pire. Malheureusement, cela revenait fréquemment en ce moment. Trop souvent. Le jeune homme, avait refusé de retourner en Opartisk à cause de cela. Il était intimement persuadé que s’il se trouvait dans son pays natal, les crises auraient été encore pires et il les aurait vus devant lui. La barbarie ne devait pas recommencer. Il en avait assez, et s’il devait se cacher ou fuir pour les éviter définitivement, il le ferait. Il ne désirait plus jamais les revoir. Sauf que Kilian n’était pas demeuré. Le jeune homme savait pertinemment que cela ne se ferait pas dans l’immédiat, mais grâce aux bâtiments, il avait pu couper les ponts. Il devait juste, ne pas retomber encore plus bas qu’il était tombé auparavant. Cela pouvait risquer d’être fatal pour lui, il risquait de ne pas pouvoir supporter encore plus que ce qu’il endurait déjà.
Le jeune homme tenta de se calmer et se laissa tomber dans son lit, dans l’obscurité. Néanmoins, il ne se rendormit pas. C’était impossible pour lui. Mais qu’est-ce qui clochait dans sa tête ? Ne pouvait-il pas se comporter et penser normalement ? Il avait beau se le répéter, il en était incapable. Le jeune homme savait très bien pourquoi : ils continueraient à le hanter, où qu’il soit. Ils étaient reliés à lui surtout mentalement mais aussi physiquement. Kilian avait bien peur de ne jamais pouvoir les faire sortir de sa vie. Même s’il n’allait pas se rendormir, il resta dans son lit. Kilian restait dans son lit le plus longtemps possible pour affronter les journées le plus tard possible. Sauf que rester dans son lit éveillé demeurait une activité, qui, bien qu’apaisante, restait truffée d’inconvénients pour le jeune homme puisqu’il pensait. Ses pensées étaient loin d’être heureuses mais plutôt très sombres et dépressives. Kilian avait l’impression d’être au plus bas. Cependant, ce n’était pas vrai. La vérité, était qu’il était désorienté depuis toujours alors qu’il donnait l’illusion d’aller extrêmement bien. Au fond de lui, il avait toujours été perdu, mais ce n’était pas le pire des passades. Il pensait que c’était la pire car il était loin d’Iris, qu’il avait éternellement connu. Cela lui faisait comme un poids en moins qu’il ressentait constamment telle une partie manquante. Sauf qu’il était parti délibérément mais il ne pensait pas qu’il le vivrait aussi mal, il était tout de même intimement persuadé que cela aurait été pire en Opatisk. Le jeune homme avait envie de se gifler. Il le pouvait, et il le fit. Cette fois, il était certain de ne pas pouvoir se rendormir. Il ne se leva pas et ferma les yeux. Soudain, la porte claqua contre le mur et quelqu’un traversa en quelques enjambées la chambre pour écarter les rideaux. Kilian émit un grognement sourd et se redressa en clignant des yeux, le temps de s’adapter à la lumière du jour. Soudain, par pur réflexe de peur il se braqua et ramena ses jambes près de lui. Fred fronça les sourcils puis le regarda interloqué, torse nu, sa ceinture à la main, prête à être mise.
— Ça va ? s’assura Fred.
— Lâche cette ceinture ! déclara Kilian d’un ton plus sec qu’il n’aurait voulu.
Kilian essayait d’être doux avec Fred. Son passé avec sa mère le touchait énormément. Il comprenait Fred, et il ne voulait pas le laisser tomber comme il l’avait fait dans le passé. C’était toujours un très bon ami, et il avait l’impression que même s’ils étaient toujours un peu gênés, ils étaient encore plus proches qu’avant. C’était loin de déplaire à Fred. Ni à Kilian. L’adolescent debout fixa la ceinture avant de la lâcher d’un coup. Puis, il se tourna vers Kilian qui se détendit immédiatement en voyant l’accessoire au sol. Le blond se leva du lit et s’approcha de la fenêtre. Il jeta un rapide coup d’œil dehors, puis se tourna vers Fred. Il masqua son trouble de le voir torse nu. Kilian songea à parler à Cassandra sauf qu’il raya cette option immédiatement. Il était hors de question pour lui de parler. Le jeune homme savait que son amie ne voulait pas le voir se refermer sur lui-même, mais ce dernier ne souhaitait pas se confier. Pour lui, la meilleure solution était de tout garder pour lui. Il ne voulait pas l’embêter avec ses problèmes psychologiques.
— J’ignorai que tu avais la phobie des ceintures. C’est… Assez étrange je dois dire, déclara Fred d’un ton neutre, sans une once moquerie.
— Seulement lorsqu’elles ne sont pas portées. Cela m’angoisse. Cela paraît sûrement idiot, et je comprends, mais c’est loin d’être anodin pour moi.
Fred alla s’asseoir sur le lit et Kilian se rallongea à ses côtés puis ferma les yeux pendant un instant. C’était si bon de retrouver son ami d’enfance qui lui avait si terriblement manqué, néanmoins, il sentait que quelque chose avait changé. Et Kilian avait bien peur, de se rendre compte de ce petit détail qui avait changé et qui changeait beaucoup de chosex. Le jeune homme ne savait pas vraiment s’il en avait peur, ou s’il en avait honte. Ni s’il devait aborder les choses un jour. Arrêter de se casser la tête serait déjà un meilleur moyen d’être rationnel, avec le temps, il essayerait d’analyser les choses et il verrait bien. Enfin… S’il avait l’occasion, mais il avait peur de laisser s’étendre ce petit détail de jour en jour, à chaque fois qu’ils se parlaient, qu’ils se regardaient, qu’il le regardait, pire : quand il pensait à lui.
— Tu… Veux en parler ? bredouilla le jeune homme aux cheveux blonds et châtains.
Non. Même si c’était Fred, il ne pouvait pas en parler. Le jeune homme savait exactement ce qui allait se passer dans le cas où il tenterait de lui parler. Il bégayerait, serait incompréhensible, semblait en état de panique alors qu’il serait en train de faire vraiment une crise de panique et finirait pas bloquer, car il n’arriverait pas à avouer. Il sentirait toujours le poids d’un certaine culpabilité alors qu’il n’y était pour rien.
— J’avoue… Que quelques fois, j’aimerais bien pouvoir en parler. Cela peut paraître débile, mais j’en suis juste incapable. En ce moment, j’ai l’impression qu’il y a tellement de choses qui pèsent sur moi. De toute manière… Je ne suis pas certain de pouvoir en parler. Ce que je veux dire, c’est que je ne me sens pas vraiment prêt, si tu vois ce que j’essaye d’expliquer.
— Tu en as déjà parlé à quelqu’un ? À Iris ? voulu savoir l’ancien briguant.
Kilian fit un petit sourire. Cela faisait étrange et drôle, de voir, qu’à chaque fois qu’il parlait d’un secret qu’il n’avait pas avoué, Fred cherchait automatiquement à savoir si Iris l’avait su. Comme s’il disait tout à Iris. Comme si Fred, avait l’air jaloux ou amoureux d’Iris. Sauf que Kilian savait qu’il la détestait pratiquement. Mais cela restait amusant de voir, qu’il ramenait toujours tout à l’ex meilleure amie de Kilian.
— Non. À personne. Tu vois, ce n’est pas que je n’ai pas confiance en toi, loin de là, tu as toute ma confiance. C’est juste que c’est moi qui ai peur de l’avouer. Peur des représailles peut-être… Enfin, ce n’est pas facile à dire. Je ne me sens pas prêt. J’aimerais pouvoir t’en parler, tu as réussi à me confier des choses. Mais moi… Je n’y arrive pas.
Fred esquissa un sourire, et se pencha en avant. Ensuite, il tourna la tête vers son ami, le regardant les yeux brillants. Il pressa sa main sur l’épaule de Kilian et hocha la tête.
— Je comprends, tu n’as pas à t’inquiéter. Arrête de te pourrir et essaye de moins réfléchir. Si j’ai bien compris un truc pendant ces années, c’est qu’il faut arrêter de penser pour aller mieux. Ce n’est pas simple, je sais, j’ai vécu. Sauf que tu vois, tu es une personne bien. Je dirais même la plus droite que je connaisse. Et cela m’embêterait vraiment que tu sombres car tu laisses je ne sais quoi te ronger.
— Je suis dans cet état depuis plus longtemps que tout le monde le croit. J’ai juste… Un don et une facilité pour les cacher, mais ils n’ont plus l’air de fonctionner j’ai l’impression !
— Je vois… Quand tu te sentiras prêt, parles-en. Cela te fera du bien, et te libéra. Bien évidemment, je te mentirais si je te disais que je m’en fiche à qui tu iras parler. C’est faux car je n’en ai pas rien à faire. Je serais flatté si tu venais m’en parler. Puis… S’il a bien une personne à qui tu dois absolument faire part de ce qui te tracasse, c’est Cassandra. Iris n’est plus là, et si j’ai bien compris, tu commençais à ne plus avoir confiance en elle. Cassandra est ta meilleure amie, elle se fait du souci pour toi. Je pense donc que si tu souhaites en parler, c’est avec elle que tu le dois.
Kilian ferma les yeux. Le jeune homme savait pertinemment que son amie s’inquiétait pour lui. Malheureusement, il ne savait pas comment la rassurer. Quoiqu’il essayerait de lui fournir, ce serait un mensonge, et Cassandra savait quand il lui mentait. L’adolescente n’était pas dupe. Lorsqu’il rouvrit rapidement les yeux, il croisa le regard sombrement doux de son ami d’enfance. Il lui sourit puis l’autre jeune homme se leva.
— Il fait froid ici, je vais aller enfiler un t-shirt, déclara-t-il avant de regarder sa montre. Je m’excuse, il va falloir que tu te magnes pour te préparer. Past nous donne son cours de je ne sais quoi dans trente minutes, je t’avais réveillé pour que tu puisses avoir le temps, mais je n’ai pas vu le temps passer.
— Je croyais que Past avait été envoyé dans le désert retrouver Kendra, s’étonna Kilian en fronçant les sourcils.
— Ouais, mais tu aurais dû le voir sur son lit de blesser en train de se faire réprimander, indiqua Fred en se retenant de rire. C’était presque à mourir de rire. Un des conseillers, ce n’était pas Christian, mais c’était un homme. Baptiste, il me semble. Past disait que la petite s’était réfugiée dans une tribu nomade qui l’aidait à se cacher. Sauf que quand ils ont rassemblé toutes la tribu et ont fouillé les environs, il y avait des petites, certes, mais aucune n’était la petite surdouée exilée. Du coup, il l’a pris pour un fou, et tu aurais dû voir comment il l’a rembarré ! C’était hilarant, et la tête de Past. Dire qu’il doit nous donner cours, alors qu’il ne tient pas debout…
Il finit par partir de la chambre de Kilian. Ce dernier le regarda s’éloigner jusqu’à ce qu’il ne soit plus dans son champ de vision. L’adolescent prit les premiers vêtements qu’il trouvait, évitant soigneusement les hauts à manches courtes puis partit dans sa salle de bain. Le jeune homme se rappela, de tous ces étés très chauds, où tout le monde était habillé légèrement pour supporter la chaleur. Kilian, lui, se retrouvait toujours à manches longues. Il faisait tout son possible pour cacher ses bras. Malgré tout, il arrivait à supporter la chaleur. L’adolescent essayait de ne pas perdre trop de temps. Alors que l’eau chaude coulait, le jeune homme repensait à ce sentiment inexpliqué en voyant son camarade torse nu. C’était un mélange de gêne mais il n’y avait pas que cela, et il arrivait à identifier l’autre sentiment qui s’était mêlé. Kilian se répétait en boucle la discussion qu’il venait d’avoir avec Fred. Kilian n’arrivait pas à comprendre comment il faisait pour lui parler. A l’époque, il l’avait lâchement abandonné, néanmoins, l’autre garçon n’avait pas l’air de lui en vouloir. Kilian trouvait cela remarquable. Le fait qu’il tentait de l’aider aussi. Kilian ne lui avait rien demandé, pourtant le fait qu’il aille mieux avait l’air de tenir à cœur à Fred. Kilian ne comprenait pas pourquoi, mais en même temps, cela lui faisait plaisir. Malheureusement, il connaissait déjà tout cela, et il n’avait jamais parlé à personne. Le pire, c’est qu’il ne se sentait pas prêt sans en connaître les raisons. Il avait pris les prétextes des représailles, mais était-ce vraiment cela ? En y réfléchissant, non. Car il avait assez subi pour supporter ce qui pourrait lui être réservé. Peut-être avait-il peur de paraître vulnérable. Il n’en savait rien, mais il en réfléchirait, parce qu’il ne saurait pas s’empêcher stopper d’y réfléchir. C’était impossible, il avait beau y avoir plein de choses dans la tête de Kilian, la cause principale de son enfer prenait une place majoritaire dans sa tête. Même si, plus le temps passait, et plus un autre problème dont il n’était pas encore conscient allait le préoccuper autant que son passé. Lorsqu’il sortit de sa salle de bain, il vit la brune allongée sur son lit, pensive.
— Ah, salut Cass’ ! Comment vas-tu ? Bien dormi ?
Alors qu’il accrocha sa serviette au dos de la porte, la jeune fille se releva brusquement, puis se leva, un sourire béat aux lèvres et les yeux étrangement pétillants. Cassandra était très heureuse en ce milieu de matinée, et cela faisait plaisir à voir. Surtout pour Kilian qui n’était pas très souriant ces derniers temps. Quand il se retourna, il ne put s’empêcher de se réjouir de la bonne humeur de sa meilleure amie, qui, ne parlait toujours pas.
— Alors toi… Tu as un truc à m’annoncer, devina Kilian. Qu’est-ce qui vient de faire ton bonheur ?
La jeune fille sourit en hochant trop légèrement la tête et prit les mains de son ami puis entremêla ses doigts avec ceux de Kilian.
— J’ai embrassé Liam.
Kilian réprima un ricanement sarcastique. Cassandra avait dit cela, comme si c’était la chose la plus heureuse mais aussi surprenante qu’elle ait pu vivre. Elle était juste aveugle, car depuis un moment, Charles et Kilian avaient remarqué que cela allait arriver et n’hésitaient pas à faire des commentaires auprès de Liam tout en voulant lui forcer la main. Ce dernier avait finalement réussi à vaincre sa timidité. S’il ne l’avait pas fait, Kilian n’aurait eu aucun mal à anticiper sa réaction : il se serait détourné et enfuit, instaurant de la gêne et de l’incompréhension entre lui et Cassandra. Cela aurait été assez difficile à se positionner pour leurs amis.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Cassandra.
— C’était juste que… C’est extrêmement prévisible.
La jolie brune eut un rire étouffé, puis lâcha ses mains, avant de se reculer pour s’asseoir sur le lit du jeune homme. Elle avait les mains moites et avait l’air de songer à quelque chose qui venait de l’émouvoir. Elle releva la tête, avec les yeux, cette fois, qui brillaient de bonheur, mais aussi à cause de quelques larmes. Quelques-unes accrochaient ses cils sans les quitter.
— J’ai toujours cru… Que lorsque j’allais trouver l’amour, j’allais me précipiter voir Iris pour tout lui raconter. Bref, ce n’est pas elle, et ce ne sera jamais elle. Cela me fait un pincement au cœur car ce que je souhaitais étant plus jeune ne se réalise pas. Je prends conscience que c’est la vie, que c’est comme cela qu’elle fonctionne. Qu’elle n’est absolument pas comme on se l’imaginait, même tout le contraire je dirais. Néanmoins, je suis contente d’en parler à quelqu’un en qui je peux réellement avoir confiance. On a tous tellement de chance de t’avoir… J’aimerais vraiment t’aider à te sentir mieux, et à comprendre ce qui ne va pas.
Kilian s’approcha et releva le visage de Cassandra avec sa main droite.
— Ne t’en fais pas pour moi. Disons que… Je ne suis pas prêt à en parler, et j’en ai parlé avec Fred. Il me dit que je devrais en parler dès que je le veux, sauf que je ne veux pas. Je ne vais peut-être pas super bien, mais crois-moi, j’ai déjà été dans un état bien pire. Ne t’inquiète pas pour moi, et concentre-toi sur ta personne. Mon bien être ne doit pas passer avant toi. D’accord ?
Cassandra secoua la tête et prit la main de Kilian et la serra. Elle passa une main sur la joue droite du jeune homme, pour chasser une larme imaginaire et lui fit un sourire triste. Puis rajouta, la voix tremblotante :
— Je suis heureuse pour toi. Tu as beau être triste, j’arrive à percevoir au fond, quelque chose qui scintille. Je ne sais pas pourquoi. Je pensais que tu n’arriverais pas à reparler à Fred, et qu’il n’accepterait pas de t’adresser la parole si facilement. Cela me coupe le souffle de voir que votre relation est si pure. Je veux dire, les points noirs s’effacent dès que vous vous retrouvez. Vous étiez toujours fourrés ensemble avant, et j’ai le sentiment, que cela recommence. Vous semblez devenir encore plus fusionnels qu’auparavant, mais curieusement, d’une autre manière. Il te fait du bien. C’est une évidence, vous êtes bons l’un pour l’autre.
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