Chapitre 18 :

30 minutes de lecture

C’était encore Gaspard et David, les deux navigateurs, qui s’occupaient du trajet et du bateau qu’ils empruntèrent pour le retour. Les deux hommes remarquèrent bien les têtes sombres de leurs nouveaux amis de rébellion. Ils constatèrent aussi que le petit groupe qui revenait n’était pas composé pareil et aussi réduit. Il n’y avait que Marianne, Samuel et Iris encore touchés par la mort de Peter, venant s’ajouter de cela, le fait que Loan se retrouvait dans le coma. Les soins en Opartisk semblaient meilleurs que celle de Dheas, mais l’état de Loan était beaucoup trop instable et inquiétant pour risquer un transfert d’un endroit à l’autre. Iris n’avait pas connaissance du type de coma exact dans lequel Loan était plongé. Les deux matelots gardèrent un aspect sombre et eurent la présence d’esprit ne poser aucune question, que ce soit sur leur mission, ou sur Loan et Peter.

Les trois amis demeuraient tous atteints par la mort de Peter et le coma de Loan, néanmoins, à part leur expression sombre, aucun des trois ne laissait se libérer un signe de détresse lorsqu’ils étaient en public. Iris posait toujours un œil sur Samuel, même s’il paraissait aller beaucoup mieux qu’au tout début, Iris savait pertinemment que ce n’était qu’une façade et qu’il souffrait à l’intérieur. Il venait de perdre la personne la plus importe pour lui dans sa vie, Iris ne savait pas la sensation, mais elle se doutait bien que ce n’était pas simple. Le dernier jour du trajet, l’océan était mouvementé. Iris se rappelait les premiers moments du voyage avec Peter, quand il vomissait car il ne supportait pas le bateau. Quelquefois, au moment où elle se retrouvait à leur chambre à elle, Samuel et Marianne, elle revoyait Peter dormir à point fermer dans le but de ne pas éjecter le peu qu’il avait dans le ventre. La jeune fille en avait le cœur tout à l’envers et une boule dans la gorge se formait douloureusement et elle se plaquait une main sur sa bouche pour ne pas échapper un sanglot. Elle n’avait pas le droit d’avoir mal elle aussi, elle n’avait pas le droit. Le bateau était le même et la salle où il pionçait aussi, l’imaginer n’était pas compliquée. Et Iris savait que Samuel aussi le revoyait. Personne n’avait pris sa place, comme si un respect devait s’imposer. Le dernier jour, il faisait assez froid, cela marquait le retour en Opartisk.


Les cheveux auburn d’Iris lui fouettaient le visage et elle ne prenait pas la peine de les replacer derrière ses oreilles. Elle frissonna et referma ses mains sur l’imperméable qu’elle venait d’enfiler. D’après David, un orage se préparait et risquait de devenir violent. Iris fit un tour sur elle-même dans le but de voir où Samuel était parti. Elle se mordit trop brusquement la lèvre lorsqu’elle ne le vit pas. Elle sentit le sang lorsqu’elle passa sa langue sur sa lèvre. Elle ne poussa pas de juron. Elle espérait qu’il n’ait pas fait une bêtise. Est-ce qu’il en aurait été capable ? Non. Samuel était responsable et conscient que des personnes tenaient à lui. Ses parents, ceux de son meilleur ami, les surdoués, elle.

— Ne t’inquiète pas pour lui. Il ne fera pas de bêtises. Samuel, il est intelligent, déclara une voix juste derrière elle.

Iris bondit en tournant sur le regard amusé de Marianne. Sur le coup, elle se demanda comment elle pouvait savoir ce que ferait-Samuel ? Depuis quand le connaissait-elle bien ? Sûrement grâce aux entraînements de combat que Marianne donnait à Samuel. Elle avait toujours dans l’optique de continuer d’ailleurs. Elle semblait aller beaucoup mieux. La mort de Peter l’avait beaucoup touché car c’était un ami depuis un moment. Sauf que Marianne était la personne la plus forte que la plupart des gens connaissaient. Elle ne s’apitoyait pas sur son sort, elle ne pleurait pas, elle ne parlait pas de ses problèmes, elle ne se plaignait pas. Marianne était admirable.

— Comment peux-tu savoir ?

— Tu as peur, juste parce que tu tiens énormément à lui, parce que tu l’aimes. Cela dissimule la partie censée que tu peux avoir vis-à-vis de lui. Il ne ferait rien pour se mettre en péril. Il t’aime et il aime sa famille. Il aimait aussi son meilleur ami, et même s’il ne va pas bien, il sait très bien que Peter n’aurait pas voulu qu’il se suicide lui aussi, ou qu’il commence à faire des bêtises.

Marianne tentait de la rassurer, et le pire, c’est qu’elle réussissait. L’ancienne soldate s’éloigna vers les bords, se tenant à la rambarde. Le bateau tangua, mais depuis l’épisode des immeubles, Iris essayait de travailler son équilibre, en vain. La jeune femme se sentit tombée mais tentait toujours de se garder droite en moulinant des bras. Elle sentit des mains chaudes la poussée en avant tout en la tenant fermement, le temps que cela tangue. Iris ne put s’empêcher de sourire : Samuel l’aidait beaucoup trop. Il le faisait sans mal et sans aucune contrainte car Iris ne lui demandait rien, mais le jeune homme avait déjà vu les talents d’Iris en tant que tombeuse professionnelle dans le sens chuter. Le temps que le bateau soit remis, sa main près de ses reins. Iris pivota la tête et la leva un peu pour regarder Samuel qui lui offrit un sourire sur un plateau. Elle lui prit les mains et se déplaça en face de lui.

— Sam… Je t’en prie, ne fais pas semblant d’aller bien alors que ce n’est pas le cas. Tu n’as pas à me le cacher, et je serais là pour te soutenir, implora Iris.

Il hésita un moment, mais il finit par s’effondrer complètement. Iris le sentit tremblé soudainement et de l’eau commença à couler sur ses joues. La surdouée ne l’avait jamais vu dans un état pareil, mais même si cela lui brisait le cœur de le voir aussi mal et vulnérable, elle se doutait bien que cela lui faisait du bien. Il ne pouvait pas tout concentrer en lui-même, il allait finir par se blesser lui-même. Elle appuya dans son dos pour qu’il vienne dans ses bras et il enfouit sa tête dans le cou de la jeune fille qui embrassa sa tempe et caressant longtemps son dos. Samuel ne se laissa pas totalement aller, il n’aimait pas cela.

— Je n’aime pas m’effondrer devant les personnes qui me connaissent si bien. Je ne veux pas vraiment montrer mes faiblesses, j’aime montrer que je peux être la personne en qui le monde peut s’appuyer.

— Tu n’as pas à avoir honte de tes faiblesses. Tu es la personne en qui tout le monde peut compter, laisse quelqu’un être là pour te soutenir. Tu ne fais pas exception, tu as besoin de quelqu’un. Tu as beau être fort, nous avons tous nos limites.

— C’est juste que… avant j’étais faible, maintenant je suis presque fort, et j’aimerai l’être.

— Tu l’es. Tu te sens coupable car tu n’as rien pu faire et que tu n’arrives pas à supporter, mais c’est normal.

— J’aimerais comprendre ! Je ne comprends pas, vraiment pas. Peter a toujours été heureux, même plus que moi, c’était lui qui m’élevait et qui essayait de me socialiser. Je m’en veux de ne pas l’avoir vu sombrer. J’aurais dû… J’aurais du passer plus de temps avec lui. Je n’ai pas passé assez de temps avec lui ! Tu ne peux pas savoir à quel point je m’en veux. J’aurais dû être là pour lui.

— Tu n’as pas de quoi t’en vouloir ! Tu as été avec lui toute ta vie.

— Mais pas quand il avait besoin de moi.

— Tu l’as été avant. Sam, ne culpabilise pas, tu n’as ni le droit ni ce besoin. Ce n’est pas ta faute.

Il se mordilla la lèvre et s’éloigna se tenir à la rambarde. Iris le suivit et lui posa une main sur l’épaule et effleura son visage. Le surdoué regarda l’horizon.

— Je ne comprends pas pourquoi il a fait ça. Il savait très bien que des personnes tenaient à lui. Comment a-t-il pu être irresponsable à ce point-là ? J’aimerais pouvoir voir les morts pour lui demander !

— C’est la maladie, Sam. Amanda… Amanda m’a expliquée qu’il y avait deux phases terminales dans la maladie, dont une qui consiste au suicide. Je ne crois pas que Peter soit le seul, peut-être que la première est plus répandue que le suicide. Je, je suis désolée, Sam. Il était lui-même, mais la maladie influençait son état d’esprit. Je pense qu’il le savait, il était résigné. Je crois que tu n’aurais rien pu faire comme nous tous.

Samuel comprenait les mots d’Iris, et il ferma les yeux. Peter était perdu, pour de bon, même avant sa mort. Cela lui semblait encore plus dur à encaisser, mais il ne l’avoua pas, car il ne voulait pas être faible. Puis, Samuel se crispa et ferma les poings encore plus qu’avant et se tourna sur le côté pour regarder Iris. Il savait qu’elle le cherchait pour un sujet similaire auquel ils venaient d’aborder, mais pas celui-là exactement. Elle ne voulait en aucun cas remuer le couteau sous la plaie. Il coinça une mèche d’Iris à une oreille et il scruta son visage. Le jeune homme savait qu’elle avait été longtemps écrasée par la culpabilité de ne lui avoir rien dis, et il ne souhaitait pas le lui en rajouter. Elle avait fait ce qu’elle avait jugé être bon, avec la consultation d’Amanda. Il aurait voulu lui dire qu’il ne lui en voulait pas, mais il n’y arrivait pas car c’était faux. Oui, il lui en voulait, mais il comprenait pourquoi Iris avait agi comme cela. En y réfléchissant plus, il aurait fait pareil à sa place. Elle avait eu peur qu’il ait mal, et Samuel aussi l’aurait ressenti. Il ne pouvait pas détester Iris pour cela, et il n’y parviendrait pas parce qu’il l’aimait. Sauf que ce demi-mensonge restait toujours entre eux, mais ce n’était pas cela le problème entre eux. Il n’y en avait aucun.

— Tu n’étais pas venue pour me parler de cela, observa-t-il en jouant avec des mèches de cheveux rebelles.

— C’est que… Je sais que tu as mal réagi de la décision de Mme. Keys de ne pas prévenir la famille de Peter. Je comprends, mais faut que tu fasses attention, Mme. Keys est puissante au sein de l’association. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous embrouiller avec elle.

— Pourquoi dis-tu, nous ? questionna Samuel en fronçant les sourcils. Tu t’entends très bien avec Mme. Keys et tu n’as pas à te disputer avec elle et tu ne devrais pas cela serait dommage, tu l’as connu depuis toute petite.

— Amanda ne lui fait plus confiance, révéla Iris en regardant l’eau clapoter.

— Et toi, quand penses-tu ?

— Disons que… Eh bien ce que j’ai appris par Amanda m’a vraiment refroidie et ces choses sont vraiment idiotes. Apparemment, personne ne peut l’arrêter, mais je ne suis pas en pouvoir de le stopper, personne ne l’est. Je crois qu’elle commence à perdre le nord.

— Les parents de Peter font partie des premiers fondateurs de l’association. Ils ont le droit de savoir le plus tôt possible que leur fils est mort. Cela s’appelle le respect, il est hors de question que je retourne dans ta ville sans avoir eu l’occasion d’aller leur parler alors que mon village est si près ! Je ne veux pas vous suivre sans cela, et tant pis si cela fait de moi un rebelle à l’association.

— Je t’accompagnerai alors, déclara la surdouée avec conviction. Je ne te laisse pas seul.

— Iris…

— Cela sert à rien de vouloir m’en dissuader. Je ne te laisse pas seul. Tant pis si cela retarde nos retrouvailles avec les autres et le sauvetage de Marin et Maryline. Si c’est important pour toi, cela l’est aussi pour moi.

Iris laissa glisser ses doigts le long d’une cicatrice sur la joue droite du jeune homme, qu’il avait récolté suite à l’intervention. Samuel fit un petit sourire et attrapa le bras d’Iris pour l’attirer à lui et l’embrasser comme un mouvement de remerciement et de réconfort qui se faisait aussi passionnelle. Les deux jeunes ne se souvenaient pas d’avoir vécu un sentiment si intense logé en eux. Ils restèrent fronts contre front, nez contre nez, le regard dans celui de l’autre. Cela faisait du bien.


Il ne pleuvait plus lorsqu’ils accostèrent. Au début, Iris était toujours surprise par le contact du sol qui était stable alors que le bateau tanguait la plupart du temps. Elle regardait au loin, du côté de l’océan mais ne voyait pas grand-chose avec le brouillard. La vie de Peter s’arrêtait dans l’immense horizon au loin, pourtant sa présence faisait partie de l’atmosphère entre chaque personne qui l’avait bien connu. Il restait coller à eux, et Iris trouvait que c’était une bonne chose. Elle n’aimait pas constater plus tard qu’elle avait oublié quelqu’un qui avait eu une présence dans sa vie. Elle s’adossa à une pierre, alors qu’elle était seule à l’extérieur, elle tenait du bout des doigts un sac un peu remplie. Samuel sortit du bâtiment où des voix se laissaient entendre. Il passa la bretelle d’un sac à dos à une épaule.

— Aller vient, si nous prenons un bon rythme sans nous arrêter, nous arriverons avant la nuit, informa-t-il en tendant sa main.

Iris glissa tendrement sa main dans la sienne, rassurée par la chaleur de la main du jeune homme et ils partirent vers le nord, sur un sentier au bord de la côte, qui passait de temps à autre sur les plages. En Opartisk, il faisait moins beau qu’en Dheas car ce n’était pas un environnement tropical même s’il l’était plus que le nord et l’est du reste du pays. Là, il faisait assez moche, mais Iris déduisait qu’en été il faisait splendide. Elle estima que Samuel avait eu de la chance d’habiter près de la mer. Ils ne lâchèrent pas leur main et ils parlèrent pendant qu’ils marchèrent pour ne pas sentir la solitude alors qu’ils étaient ensemble. Iris expliqua tout ce qu’elle savait de la maladie et ce qu’Amanda avait rajouté, à quel point la vision des enfants détériorés était atroce. Iris redoutait quand même les pensées de Samuel qui ne diraient sûrement pas. Il ne tenait pas rigueur des peurs de sa réaction mais il en prenait un coup dans sa confiance mais il n’oubliait pas de prendre en compte le moment où elle avait appris tout cela. Les sujets actuels étaient lourds, et Samuel confessa que dans un sens il comprenait mieux la vision de Kilian et sa décision de choisir l’État, Iris était beaucoup trop rebelle pour tenter de comprendre, mais plus les jours passaient, plus sa confiance en Mme. Keys s’ébranlait. Cela lui faisait peur car Mme. Keys était un repère depuis longtemps, et elle la perdait, elle prenait des décisions insensées et étranges. Samuel émettait des hypothèses plausibles :

— Si Amanda pense que cela n’arrivera pas qu’aux enfants et adolescents, peut-être que Mme. Keys a des prémices de la maladie.

— Oui, c’est peut-être cela, mais je croyais qu’il n’y en avait aucun cas en Opartisk.

— Il y a un commencement un tout.

Ils s’immobilisèrent et se retournèrent, entendant une voiture arrivée.

— Il n’y a jamais de voiture dans ce passage, il n’est pas assez large.

Ils s’écartèrent dans le sable et la voiture s’arrêta devant eux. C’était un quatre-quatre noir et haut. Samuel passa son bras devant Iris en cas de danger et la jeune fille prit son bras, prête à le descendre pour se défendre. La vitre tintée de la place conductrice se baissa et Marianne passa sa tête et regarda l’avant et pivota vers les deux surdoués. Elle fit la moue et ramena d’un geste vif sa main vers elle :

— Montez ! Je ne sais pas où vous voulez aller, mais je vous prends. Mme. Keys va être furax de lui avoir désobéi, mais ce n’est pas grave. Où voulez-vous aller ?

— Dans mon village, annonça Samuel.

— Oh quel chou, il veut aller voir ses parents au cas où ils mouraient bientôt. Quelle dignité !

— J’adore ton sarcasme Marianne, cela remonte beaucoup le moral. Tu as le tact pour apaiser l’ambiance. Non, je n’avais pas prévu de passer voir mes parents mais s’il y a le temps peut-être. Je veux respecter les parents de Peter et leur annoncer la mort de leur fils.

— Oh, oui, c’est honorable aussi, souffla Marianne en accélérant encore plus.

La conduite de la jeune femme était pour le moins sportive. Depuis qu’Iris savait que sa mère décédée paraissait de l’avoir été à cause de la maladie, et qu’elle s’entendait mal avec son père, la surdouée la regardait d’un nouvel angle. Dans la vie de tous les jours, Iris avait du mal à imaginer que des personnes pouvaient avoir des problèmes avec sa famille. Iris avait la chance de ne pas en avoir beaucoup, ses parents n’avaient juste pratiquement aucune présence dans sa vie. Elle se rendait compte que même si elle les aimait, elle n’avait pas vraiment, d’attache envers eux. Si elle venait à être obligée de partir pendant très longtemps, le sentiment d’éloignement ne la gênerait pas plus que cela. La jeune fille appuya son coude contre la fenêtre et regarda le paysage défiler avec une vitesse étonnante. Iris ravala à Marianne une réplique pour qu’elle soit plus prudente. La jeune surdouée venait de se rappeler une chose et se redressa brusquement et attrapa son sac pour fouiller dedans. Samuel se tourna pour l’observer en plissant les yeux, incrédules.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Je n’ai pas pensé à regarder le dossier que nous avons volé, plus tôt. Idiote que je suis, jura-t-elle en brandissant le dossier.

Marianna déclara que ce n’était pas le moment de penser à ce genre de choses mais Iris objecta le contraire et dans tout ce show d’argumentation, Samuel subtilisa le dossier à Iris et entreprit les recherches. Iris se détacha et passa la tête en avant pour lire le dossier en même temps que Samuel.

— Attache-toi idiote ! Si on a un accident, tu risques d’aggraver ton cas, évalua sèchement Marianne en refermant son emprise sur le volant.

Iris grogna mais ne l’écouta pas pour le moment. Elle se tint au siège de Samuel et le jeune homme lisait d’une telle rapidité qu’elle n’arrivait pas à le suivre, mais elle ne lui fit aucune remarque. Lorsqu’il tourna une page, la jeune fille lui prit le poignet en lui murmurant en attendant avant de laisser glisser son index gauche sur le papier. Elle se pencha encore plus pour mieux lire.

— Là ! Les chercheurs de Dheas ont trouvé un taux trop élevé de ce gaz dans l’air, et ils ont comparé dans plusieurs pays. Je pense, qu’ils en ont déduit que c’était peut-être à cause de cela qu’il y avait la maladie. C’est un gaz qui vient d’une arme apparemment, tout doit dépendre de la guerre donc c’est sans doute pour cela que l’Opartisk est le pays le moins touché.

— C’est parce qu’il est venu en Dheas qu’il est mort.

Iris n’avait pas vu cela sous cet angle. Elle se rassit et obéit à Marianne quand elle lui ordonna de s’attacher. Samuel commençait vraiment à ne plus faire confiance à Mme. Keys, et encore moins l’envie d’aider encore plus l’association. Bien évidemment, il libérerait son amie Maryline de l’État, mais c’était tout. Il ne voulait pas aider plus une organisation qui avait envoyé son meilleur ami droit vers la mort. Samuel savait pertinemment qu’il avait une dette envers eux, mais en son sens, la mort de Peter l’effaçait.


— Gare-toi au début du village, c’est plus facile, vous n’aurez qu’à me suivre, je connais les rues par cœur.

Marianne ne contesta pas, elle trouva une pseudo place entre plusieurs haies de buissons. Iris sauta hors de la voiture et Samuel regarda tout autour. Le jeune homme redonna son sac à Iris et attendit que Marianne ferme la voiture avant de marcher. Le village où vivait Samuel n’était pas très grand, mais pas minuscule non plus. Le village semblait composé de route avec des pavés et paisible. Lorsqu’ils passèrent devant une petite supérette ouverte, une fois féminine appela Samuel. Le jeune homme, les sourcils froncés firent volte-face alors qu’Iris plissa les yeux et se plaça à ses côtés alors qu’une jeune fille de leur âge aux cheveux bleus sortir de la supérette. Iris observa bien que même si la jeune fille venait de l’appeler, Samuel n’avait pas l’air de beaucoup l’apprécié. L’adolescente fit un sourire gêné, sûrement car il y avait aussi Iris et Marianne, mais aussi parce que le regard de Samuel venait de virer au noir. Iris comprit une chose : c’était la fille qui lui avait brisé le cœur.

— Tu as changé depuis la dernière fois que je t’ai vu. Que fais-tu ici ?

— Maya… Et toi, tu n’es pas dans le désert à ce que je vois.

La jeune fille se passa une main dans la nuque et dévisagea les deux jeunes filles qui l’accompagnaient, elle en resta presque bouche bée et baragouina un instant des choses incompréhensibles et Samuel retrouva un peu de douceur et le voile noir dans son regard s’envola. Pourtant, il ne fit rien pour soulager l’adolescente qui se balança une claque pour reprendre ses esprits. Iris esquissa un rire qu’elle réussit à comprimer pour le transformer en un sourire qui ne tint pas longtemps car elle fut entraînée dans l’élan de rire qui s’empara irrémédiablement de Marianne qui ne put s’empêcher de se moquer. Elle ne s’excusa pas, Iris non plus et cela fit sourire Samuel car il savait que sa petite-amie avec comprit.

— Pour tout te dire, tout le monde aurait pu rester au village, les policiers ne vérifient pas les trous pommés comme nous, déclara ladite Maya qui se mit à fixer Iris. Et toi ? Il y a des rumeurs sur les surdoués par rapport au désert, comme quoi ils se seraient échappés. Tu es là, donc j’imagine que c’est vrai.

— Tu imagines bien. Je suis ici pour Peter. Je suppose que tu te souviens de lui.

— Peter, souffla-t-elle en palissant. Oui, bien-sûr, je me souviens de tout le monde. Peter n’est pas ici, Samuel.

— Je sais. Il est mort.

Elle ne dit rien, et il ne comptait pas faire la discussion non plus. Iris eut envie de lui hurler dessus pour lui dire d’arrêter de les regarder avec une telle insistance. Samuel lui prit la main pour l’entraîner avec lui alors qu’il fait signe à Marianne d’arrêter de rire et de les suivre. L’ancienne militaire se ressaisit sans manque de sérieux et sortit un portable en effectuant une grimace. Mme. Keys tentait de la joindre mais elle laissa sonner dans le vide. Elle préférait parler le plus tard possible à la vieille dame qui devait sûrement être enragée de leur désobéissance. Marianne commençait à montrer ses crocs, elle n’acceptait pas tout de Mme. Keys et elle avait eu le temps de communiquer avec Amanda. Elle suivit les amoureux sans rien dire. Samuel les emmena jusqu’à une grande maison et son regard en biais, vers la maison voisine. Lop, était écrit sur la boîte aux lettres. Elle lui resserra la main plus forte. Il toqua à la porte avant d’ouvrir et de pénétrer directement dans le salon.

— Samuel ! s’écria une femme qui avait les mêmes yeux que lui.

La mère de Samuel. Iris sourit et lui lâcha la main avant de le pousser légèrement vers la femme qui venait de bondir du canapé. Samuel referma ses mains sur sa mère et le père de Samuel se leva pour serrer son fils. Alors que sa femme les regardait en pinçant la lèvre. Il était vrai qu’ils étaient séparés. Instinctivement, Iris et Marianne reculèrent un peu pour se faire petites. Les deux jeunes femmes ne se sentaient pas vraiment à leur place. Iris se gratta la nuque et échangea un regard gêné avec Marianne qui se rongeait les ongles avant de se pencher légèrement. La mère de Samuel restait pendue à son cou alors que le père du jeune homme s’était détaché pour laisser sa place à son ex-compagne, regardant compatissant les deux autres adultes assis sur le canapé qui semblait très inquiet. Les parents de Peter. Il reporta son regard sur les deux jeunes filles qui se retrouvaient comme des idiotes sans savoir quoi faire ou dire.

— Prête à rencontrer ta belle-famille ? souffla Marianne à l’oreille d’Iris.

La surdouée grinça des dents et baissa la tête quand elle sentit l’inflammation l’envahir. Ce n’était pas vraiment le moment privilégié pour la mettre dans l’embarras. Elle regrettait un peu d’avoir lâché la main de Samuel mais c’était nécessaire. Ses retrouvailles intenses, elle n’avait pas vécu pareille avec ses parents, ils n’étaient pas si unis que cela malheureusement. Un frisson lui parcourut l’échine et Marianne toussota lourdement pour les faire revenir au présent. Iris l’aurait remercié volontiers. La mère du surdoué encadra son visage de ses mains et lui embrassa le front en caressant ses joues, émue de le revoir. Inquiète, aussi.

— Christine et Jean nous avaient dit que tu étais au côté de Peter dans cette association. Je croyais que tu n’avais pas le droit de venir nous voir ! J’étais tellement inquiète. Oh, tu as une cicatrice ! Tu t’es désinfecté ! Tu as grandi ! Ne me dis pas que tu as minci tu dois manger plus ! Mon enfant…

Samuel sourit alors que Marianne appuya sa tête sur l’épaule d’Iris, se battant pour ne pas éclater de rire. L’ancienne militaire n’avait pas l’habitude de connaître une maman, et de voir la femme aussi inquiète et protectrice envers son enfant. Cela la perturbait et l’étonnait. Lorsque les adultes se retournèrent un peu, Iris lu balança une petite gifle pour la remettre en place. Cela ne manqua pas, elle se redressa bien vite et lançait des regards de détresse. Elle ne plaignait pas de les avoir aidés, mais elle se sentait vraiment mal à l’aise.

— Oui, logiquement je ne devrais pas être ici, mais je devais venir quand même. On revient tout juste d’une mission en Dheas. Et, je voulais vous voir quand même.

Sa mère en eut les larmes aux yeux et Samuel déglutit péniblement et Iris trouva sa main pour entrelacer ses doigts. C’était à lui de leur dire. La mère de Peter se leva, toute tremblante. Elle comprenait déjà ce que comptait annoncer Samuel et il n’eut même pas besoin de leur annoncer qu’elle s’effondra à terre. Ses parents le regardèrent bouche bée et le père de Peter s’agenouilla près de sa femme.

— Mme. Keys ne voulait pas vous l’annoncez mais je ne voulais pas attendre car c’est ridicule de l’annoncer à retardement. Cela fait plus mal, et vous méritiez de le savoir immédiatement. Je ne sais pas pourquoi elle ne voulait pas nous le dire.

— Merci Sam. Je suppose, que… tu vas retourner auprès du siège de l’organisation. Pourras-tu signaler à Mme. Keys qu’on sera moins disponible pour le moment ? remercia le père de Peter en passant une main sur l’épaule de Samuel.

— Oui, je vous le promets.

— On va vous laisser, déclara la mère de Samuel en faisant un signe de la main. Est-ce que vous avez le temps de rester un peu ? Sam… On ne sait pas dans combien de temps tu reviens.

— On peut même rester jusqu’au lendemain matin si vous voulez, affirma Marianne. Mme. Keys doit déjà être rageuse, donc plus ou moins, cela ne change pas à grand-chose. On peut faire un tour toutes les deux si vous souhaitez un peu d’intimité.

— Ne vous inquiétez pas, vous êtes des amies de Samuel, vous êtes les bienvenues chez nous.

La mère de Samuel salua les parents de Peter d’un air douloureux et compatissant avant de suivre son mari qui l’attendait, la clé de leur maison à la main. La maison de la famille Lop se situait juste à côté.


— Sympa ta belle-famille, j’attends l’annonce avec hâte, glissa Marianne en rigolant à l’oreille d’Iris.

— Rien ne l’oblige à leur dire qu’il est en couple avec moi. Puis, c’est sûrement trop récent. Et ses parents ont leur séparation à traiter.

— N’abuse pas, d’accord vous ne vous connaissez pas depuis des années, mais si y a un truc où je suis forte, c’est savoir combien de temps un couple va durer. Lorsque Loan a eu une copine, j’ai senti que cela n’allait pas durer. Et un mois plus tard, c’était fini. Mais vous, avez le temps vous allez être encore plus solide, et même si vous vous séparez, je suis persuadée que vous vous retrouverez.

— C’est super rassurant, commenta Iris en fixant la nuque de Samuel.

La maison avait un étage, dès qu’ils rentrèrent, cela menait sur l’escalier. Les parents se dirigèrent dans le salon avec Samuel et prirent place sur le sofa alors que les deux jeunes filles restèrent à examiner le hall. Ce n’était pas du parquet, mais ni en carrelage. Il y avait deux rangements entreposés. Iris s’approcha d’un meuble de rangement et observa les photos qui y étaient posées. La plupart mettaient en avant Samuel à tout âge, parfois accompagné de ses parents. Il était naturellement beau, et ses yeux bleus étaient toujours les mêmes, reconnaissables entre milles. Marianne aussi étudiait certaines photographies du jeune homme. Samuel avait un grand frère pourtant, mais elle ne le voyait sur aucune. Iris avait aussi cette place avec ses parents, mais ils ne possédaient aucune image d’elle affichée fièrement dans la maison. Peut-être que depuis le désert ils en avaient, mais cela l’étonnerait. Elle ne pensait pas que ses parents semblaient aussi attachés à elle. C’était réciproque.


Iris sortit d’une sorte de torpeur et fit signe à Marianne de la suivre. Heureusement pour elles, ce petit moment n’avait pas duré longtemps et les parents du surdoué n’avaient pas fait attention à elles. Les deux amies ne savaient pas si elles devaient s’en être vexées. Les parents de Samuel reposaient sur un canapé en face de la télévision accrochée au mur et Samuel, assez sur un fauteuil sur les côtés. Un assez grand espace les séparait. Les parents invitèrent les deux jeunes filles à s’asseoir sur le canapé placé en face de Samuel. Elles les remercièrent sans rien dire. Samuel chercha le regard d’Iris et lui sourit et elle le lui rendit, un peu plus hésitante face au parent du jeune homme. Samuel le voyait bien.

— Je vous présente Marianne, une ancienne militaire qui fait partie de l’association et qui nous a accompagnés en Dheas. Et Iris, une autre surdouée que j’ai rencontrée dans les bâtiments et on a tout vécus et partagés ensemble. On n’a pas passé un seul moment sans l’autre, depuis.

— Mon garçon, raconte-moi tous ce qu’il s’est passé depuis le début ! se renseigna le père du beau brun.

Marianne aurait bien voulu partir, mais par politesse, et un peu par curiosité, elle n’osa pas demander la permission de se dégourdir les jambes. Elle s’empara d’une pièce qu’Iris lui tendit, voyant bien qu’elle s’ennuyait, et joua avec en la faisant voltiger en la tournant. Cela n’avait pas l’air de gêner les parents de Samuel. Iris écouta Samuel raconter tout ce qu’ils avaient vécu dans le désert, puis la partie douloureuse en Dheas et l’état de Peter pendant les voyages. La première partie fut la plus longue car il y avait plus de choses à dire. Les parents n’en perdirent pas un mot et restaient pendus aux lèvres de leur fils alors qu’Iris le fixait sans ciller, restant immobile presque comme une statue mais son regard en disait long. Samuel faisait virer son regard de ses parents et sa petite-amie. Iris ne se rappelait pas de l’avoir vu aussi souriant, radieux et heureux qu’à ce moment-là, près de sa famille. Samuel avait toujours été souriant et lui avait offert des sourires rien qu’à elle, mais il prenait une autre dimension, profondeur et sérénité au côté de sa famille. Iris, elle, se crispa tout de même car comme Marianne elle ne connaissait pas les parents de Samuel et cela la rendait de plus en plus anxieuse. Samuel termina.

— Oh, mon enfant…

— Maman… Ce que j’ai vécu, cela ne sera sans doute rien contrairement à ce que doivent vivre Maryline et Marin en captivité. Nous n’avons aucune nouvelle d’eux, mais je ne pense pas que cela soit très plaisant d’être prisonnier. Encore moins par l’État venant d’une organisation rebelle, répliqua sombrement Samuel.

Iris aussi gardait toujours une inquiétude pour ses amis. Ils n’avaient aucune nouvelle d’eux et ils savaient juste que les membres de l’association se retrouvant dans le désert avaient réussi à accomplir leur mission : retrouver Kendra pour la rapatrier en Opartisk. Cela avait vraiment soulagé Iris et Samuel qui se faisaient un sang d’encre pour la petite surdouée. Les parents de Samuel monologuèrent sur leur aventure et Iris se sentit encore plus confuse qu’avant. Marianne se laissa aller en poussant un soupir qui suscita l’indignation et l’inquiétude d’Iris qui lui enfonça son coude dans les côtés et elle lui répondit par un regard assassin. Les parents du jeune homme décidèrent qu’ils allaient rester manger et Marianne sortit pour préparer sa voiture à prendre la route le matin suivant. Iris demeura donc assez penaude assise sur son fauteuil, à ne rien faire. Samuel avait rejoint son père qui était monté à l’étage et elle se retrouvait seule dans le salon car sa mère était passée dans la cuisine. La jeune fille se passa les mains sur son visage et réprima un juron qui venait au bout de ses lèvres. Ses amis l’avaient un peu abandonnée et elle ne savait pas vraiment quoi faire. Elle décida de se lever pour se dégourdir les jambes dans le salon car la jeune fille ne voulait sortir dehors même s’il ne faisait pas aussi moche que cela. Iris sentit une main sur son épaule et se retourna en tressaillant, prise par surprise. Elle ne s’y était pas attendue. Samuel tenait de sa mère ses yeux bleus, Iris l’avait bien remarqué, mais aussi son sourire chaleureux. La mère de son petit-ami réussit à la détendre un peu même si elle restait perturbée. La femme lui tendit sa main.

— Samuel était fatigué et stressé à ce que je vois même si je ne sais pas pourquoi. Il n’a pas pris le temps de nous présenter et de vous différencier toi et Marianne même si j’ai réussi. Je suis Aïcha, mon ex-mari se nomme Alain. Tu es bien Iris ?

— Oui, oui, je suis Iris, répondit-elle avec une voix tremblante en serrant la main de la jeune femme.

Iris l’accompagna dans la cuisine et lui proposa de l’aide pour commencer à préparer le repas. Aide qu’elle accepta volontiers.

— Tu as l’air d’avoir l’habitude de faire la cuisine, remarqua la brune.

— Avant les bâtiments, je devais me débrouiller toute seule car mes parents ne sont pas très présents dans ma vie et à la maison car ils travaillent dur. Ils ne veulent sûrement pas l’avouer mais ils aimeraient sûrement retrouver le reste de ma famille dans la partie nord pour les revoir, souffla Iris en continuant à touiller pour faire le dessert.

La maman de Samuel ne répondit pas pendant un moment comme si elle réfléchissait avant de dire :

— Je crois, savoir ce que tu es pour mon fils. En tout cas, ce que vous ressentez l’un pour l’autre. Et je pense, que tu lui es d’un grand soutient depuis la mort de Peter et je t’en remercie sincèrement car Samuel n’a pas toujours eu la vie facile et toi non plus tu n’as pas l’air d’avoir eu que tes bonnes choses dans la vie. Merci d’être là pour lui. Cela sera un plaisir de te revoir.

Iris eut peur que ses pieds se dérobent mais elle ne flancha pas. Elle ne sut même pas quoi répondre et entre-ouvrit la bouche sans un son qui y sortait. Pour une première apparition, elle devait paraître idiote. Elle sortit un « merci » et un « de rien » qu’elle estimait comme une réponse erronée car cela n’avait rien à voir. Elle finit par faire un sourire et discuta un peu avec la mère de Samuel. La jeune fille sentait que sa mère avait vécu quelque chose de marquant mais elle ne la questionna pas sur cela, décidant d’aborder le sujet à Samuel. Il connaissait mieux ses parents alors qu’elle ne connaissait pas vraiment les siens. Il avait de la chance, Iris se rumina l’esprit avec ses parents et sa famille. Elle était proche de ses amis, cela famille ne représentait qu’un foyer sans attachement. Aïcha congédia Iris et continua toute seule alors que la jeune fille se retrouva une nouvelle fois dans le salon à se tourner les pouces, s’ennuyant vraiment. Elle se dit qu’elle ne réussirait jamais à retourner à sa vie d’avant, bien trop calme. Puis, le désert avait sûrement dû calmer les racailles qui guettaient toujours l’arrivée de leur victime dans son immeuble. Elle soupira.

— Ta tête me donne envie de me claquer tellement tu as l’air de t’ennuyer. Je dis ça, mais après moi je suis aussi embêtée que toi. Je m’ennuie à mourir ! Dans ce village, si tu ne connais personne, c’est la mort. Je ne t’invite pas à faire une ballade, je ne suis pas galante, et je préfère les ballades en solitaire.

— Alors va ! balaya Iris d’un ton mi-lassé, mi-amusé. Je ne te retiens pas !

— Il reviendra vers toi, c’est sûr.

— Oui, je le comprends, enfin, je ne peux pas le comprendre car je ne suis pas proche de mes parents, mais lui il l’est. Donc il a envie de passer du temps avec eux. C’est mignon.

Marianne laissa son sac et partit en vadrouille puisqu’elle était incapable de rester en place. Iris entendit les voix de Samuel et son père provenant de l’escalier qui descendait dans le garage. La surdouée perçut le rire de Samuel qui se mêlait à celui de son père étrangement plus aigüe que celui de son fils. Lorsqu’ils pénétrèrent dans le salon, Iris sourit en voyant le sourire radieux de son amoureux alors que son père avait passé un bras autour de ses épaules. Ils avaient l’air d’avoir une relation fusionnelle. Le brun murmura quelque chose à l’oreille de son père et les lèvres de ce dernier se relevèrent un peu plus et il rejoignit sa femme dans la cuisine. Iris bondit du fauteuil et regarda son père partir avant de pivoter entièrement vers le jeune homme embarrassé.

— Désolé de vous avoir laissé en plan toi et Marianne ! Mais, c’est bon de les voir après tout ce que nous avons vécu. Ils m’ont vraiment manqué. Même si je vois que c’est plus froid entre eux depuis leur séparation. D’ailleurs elle est passé où, Marianne ?

Iris s’empara un nouveau cadre pour observer le passé de Samuel.

— Elle est partie faire le tour du village mais vu le rythme de marche qu’elle a pris, elle aura très vite terminé. Je comprends, c’est normal. Tu tiens à tes parents, c’est beau…

Samuel fronça les sourcils et attrapa la main d’Iris pour l’entraîner à l’étage alors qu’elle tenait encore le cadre photo. Il resta derrière Iris, une main dans son dos, la poussant légèrement et il la fit s’asseoir sur un lit. La surdouée n’en eut aucun doute : c’était sa chambre. Le jeune homme repoussa la porte avec son pied et reprit le cadre pour le poser sur un bureau impeccablement ordonné. Il encadra le visage d’Iris de ses mains et embrassa son front.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? s’enquit le jeune homme en s’agenouillant en face d’elle.

— C’est juste… que… de voir les relations que tu entretiens avec tes parents. Cela me fait repenser qu’au final je ne partage rien avec eux et que je ne suis pas particulièrement attachée à eux et qu’ils sont presque des fantômes dans ma vie car ils passent plus leur temps à travailler.

Le sourire de Samuel se décrocha totalement et il s’assit en tailleur sur le lit et il glissa ses mains dans les cheveux d’Iris et joua à enrouler ses cheveux dans ses doigts, pensifs. Iris se replaça face à Samuel et fixa sa main, au dos posé sur son genou.

— Je ne veux pas que tu sois triste parce que j’ai un surplus d’émotion. De nous deux, c’est toi qui as besoin de moi en ce moment.

— On aura toujours besoin l’un de l’autre, marmonna Samuel. C’est juste que, parfois, quand je rigole, quand je souris, quand je me sens heureux, je me rappelle juste après que c’est trop injuste et que Peter est décédé, et je n’ai pas le droit d’être heureux.

— C’est faux. C’est juste toi qui ne tolères pas d’être heureux. Sauf que tu le mérites Sam, vraiment. Et cela prendra du temps pour que tu guérisses de tes blessures. Cela ne disparaîtra pas vraiment, mais cela s’apaisera avec le temps.

— Tu as l’air d’avoir vécu des morts et le deuil…

— Non mais, Kilian et mon cousin, ce sont des disparitions qui m’ont marquée et m’ont fait mal. Mais la vie est comme cela, elle a des aspects géniaux, rudes et compliqués et malheureusement il faut s’adapter…

— Sinon tu tombes et c’est terminé pour ta vie, compléta Samuel.

— Ne sois pas si dur avec toi-même. Tu es déjà très bien comme tu es.

— La mort de Peter va me changer. Rien ne sera plus pareil.

— Peut-être, mais tu seras toujours toi en évoluant.

— Et tu es là.

— Je serais toujours là.

Sa main parcourait le bras de la jeune fille avant de remonter jusqu’à sa joue où ses doigts pianotèrent lentement.

— Après avoir libéré Marin et Maryline, je n’ai plus trop envie de retourner dans l’association sachant que Mme. Keys commence à faire n’importe quoi. Puis, personne ne vient ici. Cela dépendra.

— Je saisis. Mais si tu retournes ici je ne pourrais pas te suivre. Je réalise bien que Mme. Keys déraille complètement, mais je n’ai nulle part où aller.

— Tu pourrais venir ici.

— Mais ce n’est pas chez moi ici et même si je suis la bienvenue et que tes parents sont super sympas… je ne peux pas rester là sans rien faire. Apparemment, Amanda détient des informations qui signent l’accélération de la situation mondiale. Cela fait peur.

— On en parlera quand temps sera venu, susurra-t-il à son oreille en refermant son étreinte sur Iris qui s’étala sur lui.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Starry Sky ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0