Chapitre 19 :
La tête contre la vitre arrière droite de la voiture de Marianne, Iris bailla. La jeune fille avait l’habitude de mal dormir depuis qu’elle savait qu’elle devait partir pour le désert. Même dans la maison de Samuel, elle avait mal dormi. Pourtant, elle avait rejoint Samuel dans sa chambre au milieu de la nuit. Elle avait dû dormir car lorsqu’elle avait fermé les yeux, le paysage ne se composait pas de parties aussi rurales. La voiture ne bougeait plus, Marianne avait arrêté.
— On est arrivé, informa Samuel en lui brandissant du chocolat fumant sous les yeux. Tu t’es endormie.
— Depuis longtemps ?
— Non, mais on vient tout juste d’arriver. Pour le moment personne ne veut ouvrir le QG, alors avec Marianne, on a trouvé une boulangerie pour se ravitailler. Il fait froid dans la voiture mais bon, on ne va pas sans plaindre.
— Viens, souffla Iris. J’ai toujours les clés de mon appartement sur moi.
Elle laissa ses mains se réchauffer par le gobelet brûlant et le tint fermement alors qu’elle se décalait pour sortir de la portière déjà ouverte. Il y avait un air froid. Cela avait l’air de mal se présager pour eux si les portes ne s’ouvraient pas. Mme. Keys allait sûrement les accabler de reproches. Iris se mordit les joues, qu’est-ce que la vieille dame était devenue ? C’était beaucoup trop étrange. L’adolescente fit signe à Samuel et Marianne de la suivre. Soudain, elle s’arrêta, se rappelant que le samedi, ses parents se retrouvaient toujours chez ceux de Kilian. La jeune fille ne gardait pas forcément de bons souvenirs de ses journées car elle n’avait pas le droit d’aller autre part que dans le salon, même pas dans la chambre de son ancien meilleur ami. Au final, cela se retrouvait plus suspicieux qu’autre chose. La jeune femme rebroussa chemin pour tourner dans une autre rue : un chemin plus proche pour atteindre la maison de Kilian.
— Tu ne connais plus le chemin qui mène vers ton appartement, la charia Marianne gentiment.
— Changement de plan, on va chez Kilian.
— Pourquoi ?
— Mes parents passent toujours cette journée là-bas.
La jeune fille atteint une petite maison à étages et petit jardin. Iris avait toujours trouvé cela étrange qu’il n’y ait jamais de jeu pour enfants à l’époque où Kilian en était un. Finalement, certaine chose n’était pas claire dans la famille de son meilleur. Iris ne l’avait jamais reconnue avant, elle avait été aveugle. Elle ne sonna pas à la porte d’entrée et contourna pour se retrouver face à la véranda où ses parents et une grande femme blonde et un grand homme châtain étaient attablés. Iris baissa Marianne pour lui chuchoter à l’oreille :
— Tu crois que tu saurais les occuper ? Il faut que je vérifie un truc mais je n’ai pas le droit de rentrer plus qu’au salon. Et je dois rentrer plus que cette pièce.
Elle ne répondit pas mais commença à faire la conversation. La jeune fille fit la bise à ses parents et ceux de son meilleur ami avant de prétexter devoir aider Mme. Keys à monter ses courses pour entraîner Samuel avec elle loin de leur regard. Le jeune homme lui prit la main pour partir puis se retourna vers elle, un facial interrogateur alors qu’Iris se plaquait contre le mur, les mains si moites qu’elle dut les essuyer contre son pantalon.
— Dis-moi ce qui se passe dans ta petite tête avant que je sois vite désespéré pour t’aider, déclara Samuel en se rapprochant d’elle au point qu’elle sentit son souffle sur ses joues lorsqu’il baissa la tête.
— Figure-toi, que je viens de me rendre compte que je suis idiote. Car depuis le début, il y a quelque chose qui cloche avec les parents de Kilian et je viens tout juste de m’en rendre compte.
— Ils sont… assez faux on va dire. Ils ont comme des masques sur leur visage. Tu ne t’en rendais pas compte avant ?
— Kilian évitait de nous inviter chez lui. Lorsque c’était lui qui organisait un truc, cela ne se déroulait jamais dans sa maison. Bref… Il faut, rentrer. Je ne connais pas vraiment cette maison, mais quand j’étais petite, Kilian m’a expliqué l’itinéraire pour aller dans sa chambre. Puis, on verra bien.
— C’est risqué, commenta Samuel.
— Mes parents sont là, donc les parents de Kilian ne feront rien.
La porte d’entrée restait ouverte. Habituellement, ils la verrouillaient toujours et elle devait attendre très longtemps afin de voir Kilian. Ce n’est pas normal, j’aurais dû m’en rendre compte. À l’intérieur, il faisait froid. La jeune fille grimpa l’escalier à une vitesse déconcertante suivie de Samuel. Ils passèrent devant deux portes avant qu’elle en ouvre la troisième. La chambre de Kilian était étrangement bien rangée et nettoyée, cela détonnait avec la personnalité qu’elle connaissait de son ami. Sauf qu’Iris s’était bien rendu compte qu’elle ne connaissait pas toutes les facettes de Kilian, et de loin. La jeune fille ne savait pas si être consciente de cela la peinait ou la vexait, car depuis le début, elle côtoyait quelqu’un qu’elle croyait connaître sans vraiment tout savoir de lui. Elle pensait être la plus proche de Kilian mais en faites se révélait être la plus éloignée de lui.
Rien ne se retrouvait jonché sur le parquet et la couverture pliée à la militaire. Aucun objet ne se retrouvait sur le bureau, mise à part une lampe et quelques stylos. Le rideau ne laissait pas filtrer la lumière et Samuel appuya sur l’interrupteur pour y voir plus clair. La différence en faisait mal aux yeux. Le surdoué referma la porte derrière lui et après un regard entendu d’Iris, il prit la partie avec le lit, et elle où entrait le bureau. La jeune fille accapara son temps avec le bureau. D’apparence, il n’y avait pas grand-chose, mais le bureau comptait de tiroir de chaque côté. Elle les ouvrit et se posa sur le fauteuil roulant pour ne pas avoir à trop se baisser. Elle n’avait pas le temps d’écumer les livres et les cahiers présents dans cette chambre, même pas de lire en diagonale, mais elle allait feuilleter. Le petit cahier aux feuilles à carreaux ne contenait aucune inscription, même pas le moindre petit trait de stylo ou de crayon. Iris ne s’agaça pas, si Kilian cachait des choses, cela devait être compliqué de les apercevoir. Il se révélait être doué pour dissimuler n’importe quel élément. Iris en garda un goût amer dans la bouche, comme de la bile. Il avait marqué des inscriptions sur la marge d’un livre mais cela n’avait un rapport qu’avec le travail et l’étude de texte. Un tas de feuille attira son attention, c’était l’écriture de Kilian, mais celle lorsqu’il voulait se relire sans que personne n’y parvienne, et elle n’avait jamais réussi à déchiffrer l’écriture qu’il prenait.
— C’est normal qu’il cache des couteaux et des ciseaux sous son matelas ? se renseigna Samuel en s’approchant d’elle tout en brandissant sous son nez les armes blanches.
Iris le prit et l’approcha sous ses yeux pour l’examiner, mais il n’y avait rien à en déduire. La jeune fille les fourra dans son sac ainsi que les feuilles qui allaient être toutes chiffonnées. Lorsqu’ils s’apprêtèrent à descendre l’escalier, Iris vit les parents de Kilian entrer dans la maison, elle plaqua Samuel au mur et se colla elle aussi. Iris souffla et Samuel serra sa main et fit quelques pas avant de descendre les escaliers et s’éloigner vite le temps qu’ils restent dans la cuisine. Lorsqu’ils se retrouvèrent dans la véranda, les parents d’Iris et Marianne étaient encore présents. L’ancienne militaire bondit de sa chaise et manqua de la faire renverser.
— Mais qu’est-ce que vous faites encore là ? soupira la maman d’Iris.
— Je voulais… juste vérifier un truc. Mais, j’espère que le siège de l’association va être ouvert cette fois, on n’a pas pu y pénétrer ce matin.
— Ils vont revenir, prévint le père d’Iris en se levant. Je vous suis, je dois parler à Mme. Keys. On ne peut pas laisser Carl et Karine tout seul, ta mère va rester ici.
— Bon, moi je ne reste pas, vous direz que j’avais besoin de faire une course, compléta Marianne. Allons-y !
La mère d’Iris acquiesça et cette dernière pensa à Samuel lorsque son père déposa un baiser sur les lèvres de sa mère. Elle se rendit compte qu’il lui tenait toujours sa main mais elle ne la libéra pas car cela lui procurait une douce chaleur et du plaisir. Les trois adolescents emboutèrent le pas au père d’Iris qui s’en allait déjà. Cette dernière n’avait pas vraiment fait connaissance avec les parents de son ancien ami, sauf qu’elle savait que le fait de partir à la va-vite sans qu’ils soient là allait les irriter. Les relations risquaient peut-être de se détériorer mais sa mère était présente pour que cela n’arrive justement pas.
— Il paraît que Kilian refuse la visite de ses parents, avisa le père d’Iris. Il est avec l’État. Ils ne savent pas pourquoi il ne veut plus les voir, tu saurais pourquoi ?
— Non, je ne sais pas.
Cela renforçait les doutes d’Iris. Son père allait si vite qu’elle en était essoufflée puisqu’elle était de nature pas très sportive, malgré tout, ses dernières semaines avaient été riches en sport et en révélation. Iris reconnut le quartier douteux et la ruelle étroite menant au quartier général de l’organisation. Cette fois-ci, un garde se plaçait devant la porte, il les salua et les laissa entraîner en inscrivant le code. Le père demanda à voir Mme. Keys et une femme d’une trentaine d’années les conduisirent jusqu’à la porte avant de les laisser. Chaque membre qu’ils croisèrent paraissait tendu, le père d’Iris toqua à la porte avant de l’ouvrir sans attendre une autorisation. Ce n’était pas Mme. Keys qu’ils aperçurent debout, les mains sur le bureau.
— Amanda ! s’écria Iris. Mais que fais-tu là ? Et où est Mme. Keys ?
— Elle est partie pour réaliser le projet auquel je n’adhère pas du tout, elle fait des arrêts en même temps dans plusieurs villes où il y a des quartiers de l’association. Je vais aller la rattraper pour l’en empêcher même si cela me coûte ma place. Je ne peux pas la laisser faire cela.
— Elle vous a tout de même laissé sa place ?
— Oui, en faites, la mission pour sauver Maryline et Marin est avancée. Je n’ai pas l’autorisation de vous laisser vous reposez avant que je vous expose le plan, mais pour cela, il faut que je rassemble tout le monde qui y participe.
Amanda ramena une mèche folle et contourna le bureau en faisant un sourire. Iris avait envie de la serrer dans ses bras et remarqua qu’elle broyait littéralement la main de Samuel et s’excusa. Amanda ébaucha un geste qui demeura en suspens.
— Peter n’est pas avec vous ? s’inquiéta-t-elle.
— Mme. Keys ne te l’a pas dit ? commença Marianne un léger tremblement dans la voix qu’elle peina à contrôler mais surtout une nuance de colère envers sa supérieure. Il est mort, suicidé.
Amanda ne porta pas sa main devant sa bouche qui ne se décrocha pas non plus. Elle rencontra le regard d’Iris qui lui confirma ce qu’elle pensait déjà depuis quelques jours. La maladie faisait de plus en plus de dégâts, et personne n’y faisait rien. Elle sentit Samuel se crisper juste avec le contact de sa main et elle se tourna un moment vers lui pour croiser son regard dans le sien, pour essayer de l’apaiser. Il enfuit son visage dans le cou de la jeune fille qui décrivait des petits cercles sur ses joues avec ses pouces. Ils s’écartèrent et Amanda posa une main réconfortante dans le dos de Samuel tout en marchand.
— On a des nouvelles de Loan ? s’enquit Marianne en se triturant la fermeture éclair de sa veste.
— Son état ne s’est pas amélioré, au contraire. Apparemment il décline de plus en plus. J’ai bien peur qu’il ne s’en sorte pas… si seulement les miracles existaient ! Peter et Loan devaient participer à l’intervention, heureusement, il y a d’autre effectif volontaire.
Bien, le moral des troupes ne risquait pas de remonter en flèche. Amanda les emmena jusqu’à une grande place circulaire qu’elle alluma. Les murs étaient blancs ainsi que le sol carrelé. Cela faisait mal aux yeux de voir le reflet de la lumière. Iris glissa sur le carrelage et Samuel la rattrapa encore plus facilement que d’habitude.
— Pas douée un jour, pas douée toujours, psalmodia Marianne d’un ton moqueur mais léger.
Iris lui administra un coup de poing dans l’épaule en guise de réponse et elles rigolèrent ensemble. Iris remarquait bien que Marianne essayait de détendre l’atmosphère car, elle-même ne se sentait pas bien. L’ancienne militaire avait perdu Peter et elle redoutait de devoir perdre Loan à son tour. Cela la chagrinait vraiment mais elle ne tolérerait aucune compassion et Iris n’aurait pas eu l’ambition de vouloir la soutenir. Pourtant, la Dheas les avait fragilisés tous les trois : elle, Marianne et Samuel. Amanda s’avança vers le centre de la salle circulaire et posa une main sur un écran tactile forgé dans un épais poteau blanc avec le bout en pente. Une lumière se projeta contre le mur blanc avant qu’on puisse apercevoir quelques traits mais cela devenait compliqué de discerner avec la lumière artificielle. Il fallait éteindre la lumière. Samuel s’accroupit et ferma les yeux alors qu’Iris se retourna devant lui, inquiète. Si lui arrivait à se stabiliser sans ses mains, elle n’en avait pas la capacité.
— Waw ! Quelle ambiance du tonnerre, siffla sarcastiquement Marianne en se déplaçant contre le mur pour s’y reposer.
Elle débuta une petite discussion avec Amanda qui se massait la nuque comme si plus le temps diminuait, plus son inquiétude grandissait dans sa poitrine. Finalement, c’est ce qui se passait d’une manière et d’une autre. La jeune scientifique voulait remettre l’association dans le droit chemin car elle commençait à dévier de son but principal et ses idées de se transformer sous l’effet de Mme. Keys qui changeait elle-même de point de vue, d’idée et d’avis. Amanda craignait que son hypothèse se valide de plus en plus. Elle n’aimait pas voir cette supposition se creuser un chemin jusqu’à la vérité. Cela ne pouvait pas être possible. Malheureusement, peut-être que si.
— Plus tard, il faudra que je te parle d’un truc, murmura Amanda à l’adresse de Marianne pour que les deux surdoués présents dans la salle ne l’entendent pas.
— Message reçu, juste après la réunion comme cela ce sera fait, expédia Marianne fatiguée.
Amanda ne s’en vexa pas car elle savait bien que son amie devait se remettre de son voyage et de son expédition pour qu’elle ne soit plus d’humeur ronchonne. Deux têtes brunes aux yeux marron arrivèrent et les deux surdoués sourirent alors que les jumeaux viennent les serrer dans leur bras. Iris ne bavardait pas souvent avec eux contrairement à Samuel qui essayait tantôt de les intégrer dans leur groupe pour qu’ils ne restent pas enfermés. Mais Maxime et Maxence restaient très muets et Iris eut l’impression que c’était la première fois que les sons de leurs voix similaires parvenaient jusqu’à ses oreilles.
— Vous êtes bien revenus d’Opartisk ! s’exclama Maxence.
— Mme. Keys était encore là hier après-midi et après un échange au téléphone elle avait l’air très contrarié, compléta Maxime.
— On s’est un peu ennuyé ici mais au moins, on était à l’abri.
— De toute manière cela ne peut pas être pire que lorsque l’on s’est retrouvé enfermé dans les bâtiments.
Samuel plaisanta avec eux sans se relever, étant à la bonne hauteur pour discuter pleinement avec les petits surdoués. Iris se baissa sans s’accroupir et prit part à la petite discussion. Les jumeaux avaient aidé certains scientifiques à la recherche d’un antidote à la maladie et à certaines constructions d’armements capables de rendre l’organisation encore plus puissante qu’elle ne l’était déjà. Amanda garda un œil attentif sur eux avant de s’emparer d’une télécommande et d’une sorte de long bâton blanc qui faisait office de pointeur et de stylet. Tout le monde n’était pas encore arrivé. Les cheveux de Kendra avaient presque retrouvé sa blondeur habituelle mais une partie demeurait plus foncée que sa chevelure naturelle. La jeune fille courra vers Samuel pour se jeter dans ses bras en criant son prénom car Iris s’était déjà relevée. La petite surdouée restait à peine reconnaissable tellement que le désert l’avait mentalement et physiquement changé. Cela se voyait, son innocence enfantine avait déguerpi contrairement à celle des jumeaux. Elle sauta littéralement sur Iris qui l’accueillie à bras ouverts, la serrant très fort dans ses bras alors que Samuel pressa son épaule.
— Entre des petits enfants ainsi qu’Iris et Samuel en couple, on pourrait croire à une petite famille, commenta Marianne avec autant de sarcasme qu’elle faisait preuve en ce moment.
— La ferme, Marianne, répliqua Iris en se détachant de Kendra.
Marianne s’apprêta à répliquer mais Samuel la stoppa d’un geste de la main, ne voulant pas subir encore une fois une énième discussion entre chien et chat composé de sa petite-amie et de la jeune militaire. Il leva les yeux au ciel et caressa le crâne de Kendra qui s’accrocha à sa taille. Il constata qu’elle avait bien grandi en plus de son récent tatouage et de sa peau qui avait remarquablement foncé.
— Les surdoués c’est comme une famille, conclut-il en portant son regard vers Lilian et Sandra qui firent leur entrée avec un garçon aux yeux chocolat avec de l’acné et une jeune fille plus petite aux cheveux bruns aux mèches bleues lui encadrant le visage.
Iris, Samuel et Marianne ne se souvinrent pas de les avoir vus auparavant en Opartisk. Lilian fit une accolade à Samuel alors qu’Iris et Sandra se serrèrent dans les bras, tous souriants. Samuel ne pensait pas pouvoir sourire autant et ressentir une telle joie après la mort de Peter. Et il s’en voulait. Il tenta de repousser un peu plus loin dans son esprit la sensation de culpabilité qu’il réussit pour le moment pour profiter de l’instant présent. Amanda présenta Margot et Alex aux trois amis qui venaient tout juste d’arriver et qu’ils ne connaissaient pas encore. Lilian et Sandra, amis avec les deux Thuathiens parvinrent à les mettre à l’aise.
— Kendra, comment Angelo, Gabriel, Alma, Quentin et Klaus vont-ils ? s’informa Amanda en s’approchant de l’interrupteur.
— Ils vont finir par s’habituer je crois. Pour l’instant ils ont un peu peur de sortir dans les rues et tout le bazar mais je vais les aider ! Klaus n’est pas encore tiré d’affaire mais son état s’améliore considérablement.
Le trio revenant de Dheas eut une pensée pour Loan où son avenir restait incertain et inquiétant. Ils espérèrent qu’il puisse survivre. S’il le pouvait, Loan ne lâcherait rien jusqu’à sa mort. Amanda éteignit la lumière et tapa dans les mains pour attirer l’attention vers elle, et vers la projection sur le mur. Désormais, elle était visible. La diapositive représentait une carte. Une carte des prisons où l’État détenait Marin et Maryline. Elle possédait tellement de précisions que cela frappait immédiatement Iris qui fronça les sourcils.
— Grâce à Théo, un gardien de prison qui surveille Maryline et Marin, nous avons pu recevoir et organiser une carte extrêmement claire des prisons. Le plus compliqué, est d’accéder à ses prisons. Les clés, nous avons Théo pour nous les obtenir.
— Décris-nous l’emplacement je te prie, exigea Marianne entre un rongement d’ongle déjà usé par ce stratagème pour se calmer qui devait dysfonctionner.
— Eh bien, c’est là que tout se complique, prévint Amanda. Les cellules dans lesquelles ils les retiennent captifs sous le sol. Les bâtiments sont très surveillés et sa position se trouve dans les bâtiments dans lesquelles sont réfugiés Kilian, Cassandra, Liam, Charles et un dénommé Fred d’après les informations que j’ai reçues.
Iris plissa les sourcils en se balayant les bras avec ses mains comme si elle avait froid sauf qu’elle ne grelottait pas. Pourquoi les conseillers faisaient-ils appel à Fred ? Iris ne connaissait plus si bien Fred, qui s’était transformé d’un ami proche à un ennemi auquel elle devait s’enfuir lorsqu’elle descendait de son immeuble le matin. Sauf qu’elle ne voyait pas en quoi le jeune homme pouvait les aider, et encore moins comme une cohésion du groupe avait pu s’installer alors que les rapports entre Kilian et Fred se présentaient sûrement fragiles. Néanmoins, elle n’imaginait pas son ancien meilleur ami se battre avec la racaille de l’immeuble. Kilian n’en était pas capable, surtout qu’il avait été ami avec Fred depuis plus longtemps qu’elle. À son sens, cette situation ne débouchait que sur deux solutions probables : soit les deux adolescents s’ignoraient sans avoir de haine mais en repensant à leur amitié perdue, soit une réconciliation avait eu lieu. Elle se rendit compte qu’elle grinçait les dents malgré elle et repoussa les divagations pour reporter son attention sur Amanda qui souhaitait capter celles de tout le monde pour pouvoir continuer les explications du plan. Ils ne devaient pas perdre de temps.
— Étant donné tout cela, je suis dans l’obligation d’appliquer le plan d’origine que Mme. Keys a élaboré même s’il est loin de me plaire. Je n’ai pas le droit de tolérer d’opposition, je m’en excuse. Peut-être que vous n’auriez rien contre, tant mieux pour vous.
Amanda exposa donc le déroulement parfait que la mission devait entreprendre, les petits groupes qui devaient se séparer, et dans quel but exact chacun réalisait leur parti. Les petits comme les jumeaux et Kendra n’étaient pas conviés au terrain et cela soulageait les plus grands. Les jumeaux et la petite fille seraient à parler dans les oreilles avec talkie-walkie que tout le monde possédera sur soi. Si certains groupes comme Samuel et Lilian qui s’occupaient de libérer Maryline, d’autres avaient des missions tout autres. Iris, devait aller dans un bâtiment pour trouver des informations sur ce que cachaient les conseillers sur la maladie et la guerre. Ils restèrent tous assez hébétés après cela, et Amanda les congédia en gardant Marianne dans son bureau car elle voulait lui parler librement sans personne pour entendre. Samuel, lui, attendit derrière la porte, assis contre le mur, le regard si vague que cela en faisait presque peur. Iris s’accroupit à ses côtés.
— Tu attends Marianne ?
— Non, c’est juste qu’eux… commença-t-il en cherchant ses mots. Iris, pour le moment, je ne veux plus avoir affaire à Mme. Keys. C’est idiot de ma part, mais j’ai l’impression que c’est elle sa meurtrière depuis qu’elle l’a envoyée avec nous alors qu’elle savait qu’il risquait d’être contaminé. Je n’arriverais plus à entendre sa voix s’en m’énerver, à la regarder, à supporter qu’elle te parle normalement et que vous discutiez. C’est trop fort. Tu comprends ?
Une boule dans la gorge d’Iris se forma. Ils avaient déjà un peu abordé ce sujet mais elle avait été abandonnée pour ne pas causer une dispute entre eux. Maintenant qu’ils y étaient, Iris ne concentrait plus assez de conviction et de courage pour le dissuader de partir et rester avec elle. Elle-même doutait de la santé mentale de son ancienne nourrice, Amanda aussi, et Marianne les rejoignaient. La surdouée ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas vouloir rester, mais cela lui faisait mal de comprendre qu’il s’éloignerait et qu’elle ne le reverrait peut-être plus jamais.
— Je devine ce que tu penses, la devança Samuel. Et, je comprends que tu puisses douter comme cela mais tu ne peux pas te dire directement que c’est parce que nous nous reverrons plus pour un moment que tout est fini entre nous. Iris… J’aurais tout fait pour rester avec toi, mais croiser Mme. Keys, je crois bien que je ferais un excès de colère en la voyant. J’ai peur de ce que moi-même je pourrais lui faire.
— Tu reviendras nous voir ? espéra Iris d’une voix enrouée.
— Bien-sûr. Comme je l’ai dit à Marianne, les surdoués, c’est notre famille à tous. Tu en fais partie aussi, même si c’est différent des autres. Peter n’est plus là, et, s’il y avait bien une autre personne que lui qui restera un élément intégrant de ma vie c’est les surdoués mais tu en es un à part entière. Je reviendrais, dès que je peux.
Iris ferma les yeux, les mains tremblotantes. Samuel se leva et les prit pour l’aider à se relever et plongea son regard dans le sien pour lui faire comprendre qu’il ne la laisserait pas tomber, même à distance. Il se pencha pour l’embrasser au moment au Marianne ouvrit la porte avec une telle violence qu’ils sursautèrent légèrement. Elle fit la moue et resta dans l’encadrement de la porte.
— Waw, je suis aussi lente à attendre pour que vous vous mettiez à vous bécoter ou vous vouliez que je vous trouve une chambre.
Le sarcasme de Marianne, encore, et toujours. Iris se remémora ce qu’elle avait lui avait dit sur leur couple et sourit avant de lâcher les mains de Samuel. Marianne intercepta sa baffe et lui tordit la main qui lui laissa échapper une grimaça sous les rires d’Amanda et Samuel.
— En vrai j’attendais juste que tu aies finis de parler à Amanda, avoua Samuel à l’adresse de Marianne. Je dois lui parler.
Amanda hocha la tête et l’invita à entrer dans le bureau et referma la porte derrière lui pendant que Marianne se posa contre le mur, décidé à l’attendre avec Iris.
— Tu n’as pas écouté aux portes cette fois ? De toute manière je l’aurais remarquée à ton expression, je pense. Ne t’inquiète pas, je ne compte pas écouter l’échange entre Samuel et Amanda.
— Qu-Quoi ?
Iris fut prise de court. Comment Marianne avait-elle pu faire pour se rendre compte qu’elle avait écouté son altercation avec son père dans le quartier général en Dheas ? Savait-elle aussi la présence de Samuel avec elle ? Iris se retrouvait incroyablement embarrassée par cette révélation et espérait que cela ne jetterait pas un froid dans sa relation avec Marianne au moment où elles arrivaient enfin à s’apprécier à leur juste valeur. Cela serait dommage.
— Cela va je t’en veux pas, tu peux reprendre de la couleur et ne plus ressembler à un cadavre ! assena Marianne d’un ton léger qui ne correspondait pas avec la phrase qu’elle venait de prononcer.
— De quoi est morte ta mère ? céda Iris.
— Avec, mon père, on pense que c’est la maladie.
Samuel ne s’était jamais retrouvé seul avec un adulte important de la rébellion contre l’État. Ni avec un adulte au placé dans l’État d’Opartisk. Cette personne était Amanda, mais il se sentait tout de même impressionner alors qu’il n’avait pas de quoi. La scientifique l’invita à s’asseoir sur le siège en face d’elle et de son bureau et il s’y installa sans un bruit, sans savoir comment commencer. Il avait certaines choses en tête qu’il avait envie de dire mais elles étaient plusieurs, ce qui l’empêchait de savoir par laquelle commencer.
— Je voulais tout d’abord dire, que les parents de Peter voudraient se retirer un peu des activités le temps de leur deuil. Je pense que vous comprendrez, Mme. Keys, c’est autre chose.
— Je comprends en effet, et je m’arrangerais de Mme. Keys. Ne t’inquiète pas. Et toi ? comment ça va ?
— C’est dur, et cela le sera toujours. Quand j’irais mieux, je ferais avec, et je ferais toute ma vie avec. C’est la vie. Mais, j’aimerais pouvoir partir quand Mme. Keys sera là. Je n’arriverais plus à lui faire face sans laisser ma colère m’envahir. Je me connais, et, des fois, quand je suis trop en colère, je n’arrive pas à réprimer ma violence.
Amanda sembla réfléchir et tapota des doigts sur le bureau.
— Évidemment que cela serait toujours dur. Sam, écoute. Je vais te révéler un truc que tu ne devras dire à personne. Même pas à Iris, tu comprends ? surtout pas à Iris. Et, après cela, tu me diras si tu veux toujours partir, mais j’aurais aussi une mission qui met personnelle à t’en charger en échange. Accepterais-tu cet accord ?
— Si ce que vous m’avouez me permet de rester le plus proche d’Iris et des autres que si je retournerais chez moi, oui, je ferais votre mission, mais… je dois bien avouer que j’espère ne pas en craindre pour ma vie, opta Samuel en regardant Amanda droit dans les yeux.
— Cela, ne te vaudra pas ta vie. Et, oui, tu seras ici chaque semaine, mais tu t’absenteras tous les week-ends.
Samuel analysa tout de même ses accords, aillant peur de se méprendre. Sauf que c’était Amanda, il pouvait lui accorder sa confiance les yeux fermés, comme le faisait Iris. La seule différence, c’est qu’il n’avait pas été aussi proche de la scientifique autant que sa petite-amie. Mais le marché lui paraissait équitable. Il espérait juste, que cela répondrait à tous ses critères. Il releva le regard et finit par attraper la main que lui tendait Amanda, au-dessus du bureau bien ordonner.
— Marcher conclu, dis-moi tout, souffla-t-il.
— Eh bien, en te comptant, seules trois personnes sont au courant et…
Pour Samuel, sortir du bureau en faisant bonne figure sans alerter Iris d’un changement étrange fut compliqué. Il décida d’être transparent et expliqua qu’avec Amanda, il avait trouvé un accord pour qu’il reste mais qu’il ne pouvait pas lui expliquer les raisons car cela devait vraiment rester confidentiel avant que tout soit décidé d’être révélé. Iris n’en voulut pas à Samuel, mais Amanda l’avait vexée. Elle n’insista pas pour savoir. Le trio, fit connaissance avec Margot et Alex et les amis de Kendra, venant du désert qui avait du mal à s’adapter. La fratrie et Quentin semblaient accablés de se retrouver hors du désert tout en savant que toute leur tribu, leurs proches, étaient soit prisonniers des conseillers Opartiskains, soit mort.
Si Marianne s’ennuya à mourir et mangea comme un lance-pierre, Iris ne toucha pas à son assiette et remuait les ingrédients de plats en écoutant attentivement sauf qu’elle ne demeurait pas tout à fait avec eux en Opartisk, Samuel se découvrit fasciné d’analyser les habitudes de personnes qui n’avaient pas grandi avec les habitudes Opartiskaines, ainsi que leur avis sur le mode de vie. Iris s’excusa lorsqu’elle sortit de table et s’enferma dans sa chambre sans attendre qu’une personne l’ait suivi. Elle se laissa tomber sur son lit et s’étala. Elle aurait besoin de temps pour retrouver une place dans un groupe où des nouveaux arrivants la perturbaient et la rendait nerveuse. Elle se recroquevilla en pensant à retirer ses chaussures pour ne pas salir son lit qu’elle avait fait avant la mission. Elle pleura, sans aucune raison, comme si elle devait tout extérioriser pour se sentir mieux. Elle se mit à hoqueter, puis tousser, et essuya ses larmes. Quand elle releva la tête, la porte était ouverte et elle sentit le poids de quelqu’un s’affaisser sur le matelas.
— Toi, ça ne va pas si bien que tu en as l’air, constata Marianne d’une voix morne.
— C’est juste que… ma place au sein du groupe est en lambeaux, et je sens qu’il y a quelque chose qui se trotte mais qui n’est pas officielle mais officieuse et en être consciente sans savoir pourquoi me rend malade.
— Iris… Crois-moi, pour l’instant, tu n’aimerais pas le savoir donc n’insiste pas. Puis, Samuel a une parole il ne te dira rien.
— Je sais, marmonna la surdouée blasée.
Cherchaient-ils à la protéger ? Elle n’en savait rien. Elle grogna et s’allongea sur le lit en fermant les yeux. Elle attrapa un oreiller et le ramena contre son ventre et serra fort ses bras contre. Marianne avait joint ses mains derrière sa tête et observait le plafond même s’il n’y avait pas grand-chose à contempler.
— Tu viens de me refaire penser à mes soirées pyjamas avec ma meilleure amie quand je devais avoir douze ou treize ans, souffla Marianne en se redressant.
— Pourquoi ? Tu as envie de faire un pyjama party avec moi ? J’en suis flattée mais aussi obligée de décliner car une grande mission qui me fout les jetons se prépare, railla Iris.
— Madame la surdouée ne se lance plus tête baissée dans les missions sans les analyser, ricana Marianne.
— Ce n’est pas vrai, protesta Iris. Je n’aime juste pas la tâche qui m’a été assignée. En plus, je n’aime pas être seule.
— Tu n’aimes pas être seule ou tu n’as pas envie de l’accomplir car tu ne te retrouves pas avec Samuel, argua Marianne.
Iris ne répondit pas et envoya valser le coussin contre le mur. Il retomba au sol. La jeune fille n’appréciait pas être mise à l’écart. Encore moins de cette sorte. Elle bondit du lit et se mit à marcher dans le peu d’espace que lui offrait sa chambre. Elle s’immobilisa pour pivoter entièrement vers Marianne qui restait accroupie, préférant rester là plutôt que de bouger une nouvelle fois. Elle ne savait pas où aller. Quelquefois, l’ancienne militaire avait l’horrible constatation d’être une gamine perdue. Et cela ne lui plaisait pas vraiment, la frustrait même.
— Je ne peux peut-être pas savoir en quoi consiste ce que vous mijotez, mais je peux au moins savoir si cela à un rapport avec une personne.
— Oui, cela a un rapport avec une personne mais on ne te dira pas qui, concéda Samuel d’une voix ferme.
Marianne demeura stoïque et Iris suivit du regard le jeune homme qui ne s’assit pas et poussa légèrement la porte pour qu’elle se fasse comme fermer. Iris répondit par un soupir mais ne put s’empêcher de le regarder. Elle fourra ses mains dans ses poches et ne dit rien. Elle n’avait plus rien à dire de toute manière. Marianne se racla la gorge et se leva à son tour, bien droite comme un i tel un réflexe de sa formation militaire.
— Amanda ne m’avait pas dit que tu étais au courant ! s’exclama-t-elle soudainement inquiète.
— Elle me l’a dit quand j’ai discuté avec elle. C’est précisément cela qui a scellé la principale raison de l’accord de mon côté, et qui m’a décidé de ne pas repartir chez mes parents.
Marianne resta de marbre alors qu’Iris fut ahurie par ce qu’elle venait d’entendre et luttait pour ne pas hurler sur son amie et son petit-ami tellement sa colère redoublait dans sa poitrine. Sauf que ses yeux la trahissaient et Samuel l’ignora au lieu de l’implorer du regard comme il l’aurait fait avant la mort de Peter. Iris ne faisait pas partie de la discussion, il la calmerait plus tard s’il le fallait vraiment.
— C’est drôle de voir que tu es devenu plus méfiant après la mort de Peter. Tu as raison de l’être. Mais je ne comprends pas, pourquoi prendre un accord avec Amanda si tu veux tout de même aller voir tes parents ? C’est ton droit.
— Sauf que je n’ai pas envie de laisser tomber tous les amis qu’il me reste, et si je partais, je sais que je n’arriverais pas à revenir.
— Ouais… Je ne comprends pas mais tu m’expliqueras ! Bon, moi, je vous laisse tout l’espace dont vous avez besoin. Je vais m’entraîner puis prendre une douche. Les entraînements tiennent toujours, même ici Sam. Donc je t’attends demain matin.
Elle fit un signe de la main et partit en refermant la porte. La lueur sombre dans les yeux d’Iris coupa le souffle et la parole à Samuel qui ne trouva même pas la respiration nécessaire pour bégayer.
— Et c’était quoi le terme de ce contrat avec Amanda ? défia Iris.
— Iris, ne rend pas les choses plus compliquées qu’elles ne le sont. Tu ne vas tout de même pas faire une crise pour cela, bredouilla Samuel en la fixant à son tour.
— Les personnes les plus proches de moi me cachent des choses. Je suis censée le prendre comment ?
— Tu crois que je te cacherai des choses justes par plaisir alors que je te dis tout ? Cela ne te viendrait pas à l’esprit que cela te ferait du mal ! Tu le sauras, au meilleur moment. Et ce n’est pas encore le temps de le faire. Et je ne peux pas non plus te dire le terme du contrat que j’ai envers Amanda. C’est en sa faveur donc c’est à elle de te le dire, pas à moi.
Iris se laissa glisser contre le mur comme si elle se retrouvait épuisée.
— Comme tu veux… mais, je crois que je n’ai plus confiance en personne.
— Iris, cela n’a rien à voir, tu peux toujours me faire confiance, dit doucement Samuel en s’agenouillant à ses côtés.
— Je ne me sens plus bien en Opartisk. Je crois que je vais demander une mission hors de notre pays après la libération de Maryline et Marin.
L’expression de Samuel s’assombrit et il encadra le visage d’Iris de ses mains pour qu’elle le recadre dans les yeux.
— Si tu fais ça, le contrat et cette dispute que l’on vient d’avoir n’auraient strictement aucune utilité et ne fera que détériorer notre relation. Si j’ai fait cet accord avec Amanda, c’est pour rester auprès de toi et des autres.
— Cela a un rapport avec Mme. Keys ?
— Non.
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