Chapitre 1

3 minutes de lecture

26 mai 2041

Je relis ma lettre, les larmes menaçant de brouiller les mots que j'ai soigneusement choisis. Je plie la feuille en deux et la glisse dans une enveloppe, hésitant un instant avant de la sceller. Mon cœur bat la chamade, chaque battement résonne comme un écho de l'amour et de la douleur que je ressens.

Je me rappelle des moments partagés, des rires et des confidences, des rêves échangés sous un ciel étoilé. Ces souvenirs sont comme des fragments de verre brisé, tranchants et brillants, rappelant constamment ce qui était et ce qui ne sera plus.

Les jours passent, et l'enveloppe reste sur mon bureau, un rappel constant de ce que j'ai perdu et de ce que je dois laisser partir. Chaque matin, je la regarde, me demandant si aujourd'hui est le jour où je trouverai le courage de l'envoyer. Mais les jours se transforment en semaines, et l'enveloppe reste là, intacte, témoin silencieux de ma douleur et de ma lâcheté.

Un matin, alors que je me prépare pour aller au travail, je sens un poids particulier dans ma poitrine. La routine quotidienne devient un fardeau presque insupportable, chaque geste mécaniquement accompli dans une sorte de torpeur émotionnelle. Je m'habille, prends mon café, et sors de chez moi, l'enveloppe toujours sur mon bureau, comme un fantôme qui refuse de disparaître.

En arrivant à la station de métro, je le vois. Il est là, de l'autre côté du quai. Mon cœur rate un battement, et une vague de panique m'envahit. Je détourne rapidement le regard, priant pour qu'il ne m'ait pas vu. Chaque fibre de mon être crie à l'évasion, à l'évitement. La foule matinale devient mon refuge, et je me glisse dans la masse des passagers anonymes, espérant me fondre dans l'ombre.

Le trajet en métro semble interminable. Je garde la tête baissée, les écouteurs enfoncés dans mes oreilles, la musique à peine un baume contre le torrent de pensées qui m'assaillent. À chaque arrêt, je jette un coup d'œil furtif pour vérifier s'il est monté dans le même wagon. Heureusement, il n'apparaît pas. Mais la tension ne disparaît pas pour autant.

En arrivant au bureau, je m'efforce de me plonger dans le travail. Les tâches s'accumulent, et je me noie dans les rapports, les réunions, les appels téléphoniques. Mais même dans cette frénésie d'activités, son image ne quitte pas mon esprit. Les souvenirs affluent, me rappelant constamment ce que j'essaie désespérément d'oublier.

Chaque pause café devient une épreuve, chaque couloir un potentiel piège. Je scrute les environs, prêt à changer de direction à la moindre alerte. Je me rends compte que je suis devenu un expert en l'évitement, un maître dans l'art de la fuite. Mais cette compétence nouvellement acquise ne m'apporte aucun soulagement, seulement une fatigue écrasante.

Les journées s'étirent en une longue succession de moments d'anxiété et de solitude. Le soir, en rentrant chez moi, je m'effondre sur le canapé, vidé. La lettre est toujours là, sur mon bureau, un rappel cruel de mes sentiments inavoués et de ma peur paralysante. Je la prends parfois, la relis, chaque mot un coup de poignard dans un cœur déjà meurtri.

La nuit, la solitude devient insupportable. Le silence de mon appartement est assourdissant, rempli de l'absence de sa voix. Les souvenirs, autrefois réconfortants, deviennent des fantômes qui hantent chaque coin sombre de ma mémoire. Je me tourne et me retourne dans mon lit, cherchant en vain un sommeil qui refuse de venir. Les larmes deviennent mes compagnes nocturnes, leur salé brûlant sur mes joues, témoignage muet de la douleur qui ne s'estompe pas.

Ainsi, je continue ma route, mais chaque pas est lourd, chaque jour est une lutte pour trouver un semblant de normalité. La solitude et le regret deviennent mes compagnons constants, ombres silencieuses qui me suivent partout où je vais. Car chaque chapitre, même celui qui se termine en larmes, pave le chemin vers un avenir incertain et solitaire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Podqueenly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0