Chapitre 3

4 minutes de lecture

Mardi 29 juin 2037

Maxime était arrivé au café bien avant l'heure du rendez-vous. L'intérieur était chaleureux, avec des murs de briques apparentes ornés de cadres représentant des paysages parisiens baignés dans la lumière douce du crépuscule. Les tables en bois massif étaient dispersées autour de l'espace, chacune accompagnée de chaises confortables, recouvertes de coussins aux motifs géométriques. Une odeur de café fraîchement moulu flottait dans l'air, mélangée à celle des viennoiseries exposées sur le comptoir en verre.

Il choisit une table près de la fenêtre, offrant une vue dégagée sur la rue animée. Dehors, les passants se pressaient, certains ralentissant pour jeter un coup d'œil au menu du café. Le ciel était d'un bleu pâle, parsemé de nuages floconneux, promettant une soirée tranquille, en contraste avec le tumulte intérieur de Maxime.

Sa jambe tremblait nerveusement sous la table, un signe révélateur de l'anxiété qui le rongeait. Le battement régulier de l'horloge murale semblait enfoncer un clou dans ses pensées à chaque tic-tac. Il pouvait entendre le faible murmure des conversations autour de lui, mais il se sentait détaché, comme si une barrière invisible l'isolait du monde.

"Peut-être que je devrais partir avant qu'il arrive," pensa-t-il, ses yeux rivés sur la porte. Il envisageait sérieusement de se lever, de s'échapper avant que la situation ne devienne trop réelle, trop lourde à supporter. Mais alors qu'il se préparait à saisir son sac, la porte du café s'ouvrit, émettant un léger tintement.

Un jeune homme entra, captant immédiatement son attention. Il avait la peau hâlée, contrastant avec les cheveux bruns qui encadraient son visage. Vêtu d'un jean délavé et d'une chemise blanche légèrement froissée, il dégageait une allure décontractée mais soignée. Ses yeux, d'un brun profond, balayèrent la salle avec assurance avant de se poser sur Maxime. Sans hésiter, il s'avança et prit place en face de lui.

  • Maxime ? demanda-t-il avec un sourire chaleureux qui découvrit des dents parfaitement alignées.

Maxime resta figé, son cœur battant la chamade. Tout en lui criait de se lever et de partir, mais il se sentit ancré à sa chaise, incapable de bouger. Il hocha la tête presque mécaniquement, le nom d'Antoine lui revenant à l'esprit comme un écho lointain.

  • Je m'appelle Antoine, dit le jeune homme, tendant une main ferme et chaleureuse. Désolé pour le retard. Le métro était un peu lent aujourd'hui.

Maxime prit la main tendue, ressentant la chaleur humaine à travers cette poignée. Cela le ramena brièvement à la réalité, mais sa gorge restait nouée. "Pas de problème..." murmura-t-il, sa voix à peine audible dans le bruit ambiant du café.

Le silence qui s'installa entre eux n'était pas entièrement confortable, mais Antoine le combla rapidement.

  • C’est étrange, n’est-ce pas ? Se rencontrer après tout ce temps... On ne s'est jamais vraiment connus, mais je suppose que c'est l'occasion de changer ça.

Maxime acquiesça, ses doigts serrant nerveusement la tasse de café devant lui, encore intacte. La chaleur du liquide à travers la porcelaine était l'un des rares éléments de stabilité qu'il pouvait saisir dans ce moment. Il évitait de regarder Antoine directement, ses yeux se perdant dans les détails de la table : les légères éraflures du bois, les traces de tasses précédentes, comme autant de souvenirs laissés par d'autres avant lui.

Antoine, sentant l'agitation de Maxime, changea subtilement de ton, adoucissant son approche.

  • Je sais que ce n’est pas facile. On peut prendre notre temps, parler de tout et de rien, ou simplement rester silencieux. Je suis juste content que tu sois venu.

Ces mots résonnèrent profondément en Maxime, et il sentit une petite partie de sa tension se dissiper. Il osa lever les yeux, croisant enfin le regard d'Antoine. Il y vit une sincérité qui le désarma. Pour la première fois depuis longtemps, il ne se sentit pas jugé, mais simplement compris.

  • Merci d'être venu aussi, dit-il finalement, sa voix plus stable, mais encore empreinte de fragilité.
  • Je ne suis pas très doué pour ça... pour rencontrer des gens, je veux dire.

Antoine sourit de nouveau, un sourire doux et réconfortant, presque fraternel.

  • C’est un début. On peut y aller doucement, sans pression. Je suis là pour ça."

Le serveur vint déposer deux cafés supplémentaires sur leur table, interrompant le moment avec un sourire poli. Maxime saisit sa tasse, laissant la chaleur et l'odeur familière du café lui offrir un ancrage dans cet instant. Il prit une gorgée, sentant la saveur amère mais réconfortante descendre dans sa gorge, apaisant légèrement le nœud qui s'était formé dans son estomac.

Antoine prit une gorgée de son café aussi, avant de reposer sa tasse et de regarder Maxime avec une bienveillance non feinte.

  • Tu n'as pas à te forcer, Maxime. Si tu veux qu'on parte ou qu'on fasse autre chose, c'est comme tu veux.

Maxime prit une profonde inspiration, réalisant que, peut-être, cette rencontre ne serait pas aussi insurmontable qu'il l'avait redouté. Peut-être qu'il pouvait se permettre d'avancer, même à petits pas.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Podqueenly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0