Chapitre 9

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Dimanche 9 juillet 2037

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Maxime et Antoine s'installèrent à la terrasse d'un café, prêts à profiter d’un déjeuner tardif. L’atmosphère était détendue, et les rires des passants se mêlaient aux conversations animées des autres clients. Le week-end semblait offrir une parenthèse bienvenue à Maxime, qui, après des semaines de solitude et de tourments, retrouvait peu à peu le goût des choses simples.

Ils discutèrent de tout et de rien, comme ils avaient pris l’habitude de le faire, mais Maxime sentait qu’il avait besoin de partager quelque chose de plus personnel, quelque chose qui le hantait depuis des mois.

  • Antoine, il y a quelque chose dont je voulais te parler, commença Maxime, son regard se perdant un instant dans la foule. J’ai envie de reprendre un travail.

Antoine posa sa tasse, attentif.

  • C’est une bonne nouvelle, Maxime. Tu as déjà une idée de ce que tu voudrais faire ?"

Maxime acquiesça doucement, ses doigts traçant des cercles invisibles sur la table.

  • Oui… Avant tout ça, avant que tout ne s’écroule, j’avais ma propre boulangerie. C’était ma passion, tu sais ? Mais j’ai dû la vendre quand les choses ont mal tourné. Je pensais que je ne pourrais plus jamais y retourner, mais… j’ai envie de reprendre ce métier. Je veux redevenir boulanger."

Antoine lui sourit, comprenant l’importance de cette révélation.

  • C’est une excellente idée, Maxime. Mais tu sais, avant de replonger dans ce milieu, j’ai peut-être une autre proposition pour toi.

Maxime leva un sourcil, intrigué.

  • Ah oui ? Qu’est-ce que tu as en tête ?

Antoine se pencha légèrement en avant, son regard pétillant d’enthousiasme.

  • Pourquoi ne pas essayer quelque chose de complètement différent ? Il se trouve que je connais quelqu’un dans une agence de mannequinat. Et franchement, je pense que tu aurais toutes tes chances."

Maxime éclata d’un rire nerveux, secouant la tête.

  • Mannequinat ? Moi ? Antoine, je ne sais pas si tu es sérieux, mais je ne suis pas… je ne suis pas assez beau pour ça.

Antoine le regarda avec insistance, une lueur de détermination dans les yeux.

  • Maxime, je te dis ça sérieusement. Mon meilleur ami est mannequin, et je te jure, il te ressemble comme deux gouttes d’eau. Et crois-moi, c’est un compliment.

Maxime rougit légèrement, mal à l’aise face à ce genre de compliments auxquels il n’était pas habitué.

  • Je… je ne sais pas. C’est tellement loin de ce que je suis. J’ai toujours été derrière un four, de la farine sur les mains, pas sous les projecteurs."

Antoine sourit, sentant qu’il était proche de convaincre Maxime.

  • Je comprends que ce soit un grand saut, mais pourquoi ne pas tenter le coup ? Ce serait une expérience différente, quelque chose qui pourrait t’aider à reprendre confiance en toi. Et si tu n’aimes pas, rien ne t’empêche de retourner à la boulangerie. Mais au moins, tu sauras que tu as essayé.

Maxime hésita, son regard se perdant dans le vide. Il n’arrivait pas à s’imaginer dans ce rôle, mais quelque chose dans l’insistance d’Antoine, dans sa manière de lui présenter les choses, éveillait une curiosité en lui.

  • Tu penses vraiment que j’ai une chance ?
  • Absolument, répondit Antoine avec un sourire rassurant. Et je suis prêt à t’aider à chaque étape. On commence par une photo d’identité, quelques clichés pour ton book, et tu verras, ça va bien se passer.

À force d’entendre Antoine le supplier presque, Maxime finit par céder, bien qu’encore hésitant.

  • Bon… d’accord. Je vais essayer. Mais si je me ridiculise, tu es responsable."

Antoine éclata de rire, soulagé d’avoir réussi à le convaincre.

  • Deal ! Allez, on commence dès maintenant.

Lundi 10 juillet 2037 -

Le lendemain, Antoine et Maxime se retrouvèrent dans un parc tranquille, loin de l’agitation du centre-ville. Le soleil du matin filtrait à travers les feuilles des arbres, créant des taches de lumière douce sur le sol et sur les bancs en bois usés par le temps. Maxime, vêtu d’une tenue décontractée, se sentait légèrement mal à l’aise, mais il essayait de ne pas le montrer.

  • On va commencer par une photo d’identité classique, histoire d’avoir quelque chose de propre à présenter, dit Antoine, tenant son appareil photo prêt. Ensuite, on fera quelques clichés plus artistiques, sur les bancs, contre les arbres, tu verras, ça va bien se passer.

Maxime hocha la tête, tentant de se détendre. Il se plaça devant l’objectif, tentant de sourire naturellement, mais la nervosité se lisait dans ses traits.

  • Allez, relaxe-toi, encouragea Antoine, ajustant le cadrage. Fais comme si c’était juste une photo pour tes amis. Respire profondément."

Maxime suivit les conseils d’Antoine, respirant profondément et essayant de laisser tomber la tension dans ses épaules. Les premiers clichés furent un peu rigides, mais à mesure que la séance avançait, Maxime commença à se sentir un peu plus à l’aise.

Ils changèrent plusieurs fois de tenue, Antoine insistant pour capturer Maxime sous différents angles, dans différentes postures. Tantôt assis sur un banc, les mains dans les poches, le regard tourné vers l’horizon ; tantôt appuyé contre un arbre, les bras croisés, affichant un léger sourire. Chaque clic de l’appareil semblait éroder un peu plus les réticences de Maxime, bien qu’il ne se sente toujours pas dans son élément.

  • Je ne sais pas, Antoine, finit par dire Maxime après une énième prise. Je ne me sens vraiment pas fait pour ça. C’est étrange, je me sens… hors de ma peau.

Antoine abaissa son appareil, se rapprochant de lui.

  • Je comprends que ce soit déstabilisant, mais c’est justement ça qui est intéressant. Tu es en train de sortir de ta zone de confort, et c’est là que tu te découvres vraiment. Fais-moi confiance, le jeu en vaut la chandelle.

Maxime hocha la tête, toujours un peu dubitatif, mais il se laissa porter par l’enthousiasme d’Antoine. Ils continuèrent la séance jusqu’à ce qu’Antoine soit satisfait des clichés. À la fin de la journée, Maxime se sentait épuisé, mais une petite part de lui était curieuse de voir où tout cela pourrait le mener.

Mardi 11 juillet 2037 -

Le jour suivant, Maxime se retrouva devant l’agence de mannequinat, une bâtisse élégante située dans un quartier chic de Paris. Le bâtiment imposait par son architecture moderne et ses larges baies vitrées qui reflétaient le ciel azur. Maxime inspira profondément avant d’entrer, sentant son cœur s’emballer à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à faire.

Antoine l’avait accompagné, toujours présent à ses côtés pour le soutenir. Ils furent accueillis par une assistante aimable qui les conduisit dans une salle d’attente décorée avec goût. Quelques minutes plus tard, un homme en costume impeccablement taillé, visiblement le directeur de l’agence, vint les chercher.

  • Bonjour, Maxime. Enchanté de vous rencontrer, dit-il avec un sourire professionnel. Je vois qu’Antoine a pris quelques clichés pour vous. Regardons ça ensemble.

Ils s’installèrent dans un bureau lumineux, où les photos prises par Antoine furent projetées sur un grand écran. Maxime se sentit étrangement détaché en se voyant à l’écran, comme si c’était une autre personne qui se tenait là.

Le directeur étudia attentivement chaque photo, hochant la tête de temps en temps. Après avoir passé en revue toutes les images, il se tourna vers Maxime.

  • Vous avez un visage très intéressant, Maxime. Une certaine simplicité qui peut plaire, et une expressivité qui mérite d’être travaillée. Je vais soumettre votre dossier à nos recruteurs. Vous devriez recevoir une réponse d’ici peu.

Maxime acquiesça, se sentant soudainement vidé par l’expérience.

  • Merci, monsieur. C’est… c’est tout nouveau pour moi."
  • Je comprends, répondit le directeur avec un sourire compréhensif. Mais parfois, ce sont les nouvelles expériences qui nous révèlent vraiment qui nous sommes.

Maxime remercia le directeur, puis quitta l’agence en compagnie d’Antoine. Dehors, l’air était frais, et la lumière du jour semblait plus vive après l’ambiance feutrée de l’agence.

  • Alors, comment tu te sens ?" demanda Antoine en posant une main sur l’épaule de Maxime.

Maxime haussa les épaules, un sourire hésitant aux lèvres.

  • Je ne sais pas trop… C’est bizarre. Mannequin… moi, vraiment ?

Antoine éclata de rire, un rire franc et contagieux.

  • Oui, toi, vraiment. Et tu as fait un excellent travail. Quoi qu’il arrive, tu peux être fier de toi d’avoir essayé.

Maxime sourit, reconnaissant du soutien d’Antoine.

  • Merci, Antoine. Je ne sais pas si ça va marcher, mais… merci de m’avoir poussé à le faire.

Ils se séparèrent ensuite, Maxime rentrant chez lui avec un mélange de doutes et d’espoir. Une partie de lui restait incrédule à l’idée de devenir mannequin, mais une autre, plus petite, commençait à croire que peut-être, juste peut-être, il y avait quelque chose de plus pour lui dans ce monde.

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