Chapitre 10

7 minutes de lecture

Samedi 15 juillet 2037

Maxime s'était toujours senti un peu hors de sa zone de confort depuis qu'il avait accepté l'idée d'Antoine de tenter une expérience dans le mannequinat. Ce n'était pas un monde dans lequel il s'était imaginé, mais quelque chose chez Antoine, son enthousiasme, son soutien, l'avait convaincu de sortir de sa routine. Cependant, plus les jours passaient, plus il doutait de son choix.

Aujourd’hui, Antoine l’avait invité à un déjeuner en plein air, loin de l’agitation parisienne, dans une petite ville de campagne où le meilleur ami d’Antoine, Léon, vivait désormais. C’était cet ami mannequin dont Antoine parlait souvent. D’après lui, Léon ressemblait étrangement à Maxime, et il voulait absolument que les deux se rencontrent.

Le trajet vers la campagne avait été apaisant, et Maxime appréciait la compagnie d’Antoine. La campagne leur offrait un cadre serein, bien loin du tumulte de Paris. Une petite maison aux volets bleus, entourée de champs de tournesols, leur servait de décor pour le déjeuner. Léon les accueillit avec un large sourire.

  • Salut, les gars ! Ravi de vous voir, s’exclama Léon en sortant sur la terrasse. Il s'approcha de Maxime et, en le regardant, laissa échapper un rire étonné. Antoine ne mentait pas, on dirait vraiment que je te regarde dans un miroir !

Maxime sourit nerveusement. Léon était effectivement un bel homme, mais Maxime se trouvait encore loin de cette image. Il n’arrivait pas à se voir de cette manière.

  • J’imagine que oui. Mais toi, tu as l’habitude de tout ça, je suppose. Ce monde… ce n’est pas vraiment moi, dit-il en haussant les épaules.

Léon hocha la tête avec une empathie sincère.

  • Je comprends, ça peut être intimidant au début. Mais crois-moi, personne n’est à l’aise tout de suite. Et tu sais, tout ça, c’est une question de perspective. Si tu veux bien le voir, tu t’y feras. Et si ce n’est pas ton truc, c’est pas grave. L’important, c’est d’essayer.

Ils prirent place autour d’une grande table en bois installée sous un arbre qui leur offrait une ombre bienvenue. Des plats simples mais appétissants avaient été préparés : une salade de légumes frais, du fromage de chèvre local, du pain fait maison, et un vin rouge que Léon avait sélectionné.

  • Bon appétit ! dit Léon en levant son verre, sourire aux lèvres. C’est pas un déjeuner étoilé, mais ici, on fait avec les produits du coin.

Antoine trinqua avec lui, avant de regarder Maxime, qui semblait encore un peu perdu dans ses pensées.

  • Alors, Maxime, dis-moi ce que tu en penses ?

Maxime prit une bouchée du pain et répondit, légèrement gêné par l’attention.

  • C’est délicieux, vraiment. Ça fait longtemps que je n’ai pas mangé quelque chose de si simple, mais aussi… authentique. On oublie à quel point les choses simples peuvent être bonnes.

Léon sourit.

  • C’est exactement ce que j’aime ici. Rien de sophistiqué, mais tout est vrai. C’est un peu comme le mannequinat, tu sais ? À l’extérieur, ça peut paraître glamour et superficiel, mais au fond, ce sont les gens vrais qui font la différence.

Maxime haussa un sourcil, amusé.

  • Tu trouves vraiment que le mannequinat et ce mode de vie se ressemblent ? J’ai du mal à faire le lien."

Léon rit doucement, posant son verre.

  • Je te l’accorde, à première vue, ça semble complètement opposé. Mais ce que je veux dire, c’est que, comme ici, dans ce métier, tu finis par trouver ce qui est authentique chez toi. Ce n’est pas juste une question de pose ou d’apparence. Ce sont les émotions, la façon dont tu te présentes au monde qui comptent. Et ça, c’est ce que j’ai appris avec le temps.

Antoine acquiesça, se tournant vers Maxime.

  • C’est pour ça que je t’ai proposé cette expérience, Maxime. Ce n’est pas une question d’être ‘assez beau’ ou pas. C’est une manière de t’exprimer, de te reconnecter avec toi-même d’une nouvelle manière.

Maxime prit une gorgée de vin, réfléchissant aux paroles d’Antoine et Léon.

  • Je comprends ce que vous dites, mais… je ne suis pas sûr d’avoir envie d’explorer ça. C’est peut-être juste que je ne suis pas prêt à me montrer comme ça. J’ai l’impression que ce n’est pas vraiment moi, tu vois ?

Léon hocha la tête avec compréhension.

  • C’est normal. Je crois qu’on a tous ce moment de doute, que ce soit dans le mannequinat, dans un autre métier, ou même dans la vie en général. On se demande si ce qu’on montre au monde, c’est vraiment nous. Et parfois, il faut juste du temps pour se sentir à l’aise dans sa propre peau."

Un silence respectueux s’installa autour de la table, chacun plongé dans ses pensées. Maxime, de son côté, se sentait à la fois compris et encore incertain de ce qu'il voulait vraiment. Mais cette discussion, ces échanges honnêtes, l’apaisaient d’une certaine manière.

Antoine, remarquant la tension dans les épaules de Maxime, tenta de détendre l’atmosphère avec un sourire.

  • D’ailleurs, si tu te remettais à la boulangerie, tu pourrais produire du pain comme celui-ci, non ? Avec tes talents, je suis sûr que tu pourrais nous régaler à chaque fois.

Maxime sourit, cette idée éveillant quelque chose en lui.

  • Ouais, ça me manque de travailler avec mes mains. J’ai toujours aimé le processus, du pétrissage à la cuisson, et le fait de voir quelque chose que j’ai créé être apprécié par les autres. C’est peut-être plus mon truc que de poser devant une caméra.

Léon leva son verre en l’air, le regard malicieux.

  • Eh bien, tu vois, c’est ça, ta vérité. Chacun trouve sa manière de s’exprimer. Mannequin ou boulanger, tant que tu trouves ce qui te fait vibrer, c’est tout ce qui compte.

Antoine sourit largement.

  • Et quoi qu’il arrive, tu peux toujours faire du pain pendant la journée et être mannequin la nuit. C’est une question d’équilibre."

Ils rirent ensemble, et Maxime se sentit plus léger, comme si une part de lui avait enfin trouvé un peu de clarté. Le déjeuner se termina sur cette note de camaraderie sincère, et bien qu’il ne fût pas totalement convaincu par l’idée de poursuivre dans le mannequinat, il savait qu’il avait des choix à faire. Il se rendait compte que ce n’était pas la question de beauté ou de succès qui comptait, mais de trouver ce qui le rendait heureux.

Alors qu’ils revenaient de leur promenade, le téléphone de Maxime vibra dans sa poche. Il le sortit et fronça les sourcils en voyant le nom affiché. Sophie.

Il hésita. Depuis leur dernier échange, il avait ignoré tous ses messages et ses appels, mais cette fois-ci, elle ne semblait pas vouloir le lâcher.

Antoine remarqua l’hésitation de Maxime et lui demanda :

  • Ça va ? Qui t’appelle ?"

Maxime lui montra l’écran sans dire un mot. Antoine comprit aussitôt et posa une main sur son épaule.

  • Si tu veux, on peut en parler.
  • Je… je ne sais pas," répondit Maxime, la voix tremblante. Je pensais avoir tourné la page, mais elle revient toujours.

À peine eut-il terminé sa phrase qu’il aperçut une silhouette familière, debout devant la maison de Léon. C’était Sophie. Elle s’approchait, son regard fixé sur Maxime. Son cœur se mit à battre plus vite, et une vague de panique le traversa.

  • Maxime, dit-elle d’un ton froid, mais déguisé sous une politesse artificielle. "Je savais que je te trouverais ici. On doit parler.

Antoine et Léon échangèrent un regard, mais Antoine se plaça instinctivement aux côtés de Maxime, prêt à intervenir si nécessaire.

  • Sophie, ce n’est pas le moment, répondit Maxime, tentant de garder son calme malgré l’inconfort.
  • Vraiment ? Parce que je pense que c’est exactement le moment," rétorqua-t-elle. "Tu te caches depuis des semaines. Et maintenant, je te vois traîner avec eux. Tu penses que ces gens peuvent te comprendre ?

Antoine, jusque-là silencieux, prit la parole, d’un ton ferme mais calme.

  • Sophie, je pense que Maxime a déjà été clair. Il a besoin d’espace, et ce que tu fais là ne l’aide en rien.

Sophie lui jeta un regard noir, mais Antoine ne fléchit pas. Maxime, quant à lui, sentait la pression

monter en lui. Les souvenirs de leur relation toxique, de ces moments où elle avait constamment remis en question sa valeur, le submergeaient.

  • Tu crois vraiment que tu peux être heureux sans moi, Maxime ? Regarde-toi. Tu n’es même pas capable de faire des choix par toi-même. Tu te laisses influencer par le premier venu. Ils ne savent rien de toi, pas comme moi.

Maxime sentit une colère sourde monter en lui. Pendant un instant, il faillit céder, se laisser submerger par ses anciennes peurs. Mais le regard d’Antoine, posé sur lui, lui rappela qu’il n’était plus seul.

  • Tu te trompes, Sophie, répondit Maxime, sa voix plus assurée qu’il ne l’aurait cru. "Je sais qui je suis, et je sais ce que je veux. C’est fini entre nous. Tu n’as plus ce pouvoir sur moi."

Sophie resta un moment silencieuse, comme si elle cherchait une réplique qui pourrait l’ébranler. Mais voyant qu’elle ne trouverait plus d’emprise sur lui, elle tourna les talons et s’éloigna, sans un mot de plus.

Maxime, les mains encore tremblantes, se tourna vers Antoine.

  • Merci. Je… je crois que je viens de franchir une étape importante.

Antoine lui sourit, fier de lui.

  • Tu l’as fait tout seul, Maxime. Je t’ai juste soutenu, mais tu as trouvé la force en toi.

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