Rose sortit de la douche, épuisée. Elle avait réussi à retenir ses larmes pendant tout le trajet, mais sous l’eau elle avait explosé. Son cœur naïf s’était emballé, s’imaginant une place qui n’était pas la sienne. Pour la deuxième fois.

Rose enfila son pyjama avant d’aller ouvrir son clic-clac. Elle avait pleuré, mais autant de tristesse que de colère. Ce n’était pas une surprise que Lorna soit en couple, Jade l’avait prévenue à ce sujet. A quoi s’attendait-elle exactement ? Elle secoua la tête pour dissiper ses sombres pensées et glissa sous les draps.

Elle regarda le plafond quelques minutes avant d’attraper son téléphone. Il n’y avait pas de message. Rose le posa sur la table basse, avant de le reprendre quelques secondes plus tard, pour vérifier qu’il n’était pas en silencieux. Elle se mordit les lèvres en réalisant ce qu’elle attendait vraiment.

Rose s’était enfuie, mais espérait que Lorna la rattrape, comme le soir du concert ou comme en début de semaine. Elle était partie en claquant la porte, mais désirait que Lorna vienne la chercher. Rose eut du mal à l’admettre, mais elle attendait que Lorna la contacte pour se dédouaner.

Mais Lorna ne la recontacterait pas, Rose en avait la certitude. Sinon elle ne l’aurait pas laissé partir sans un mot. Rose avait été claire et Lorna avait respecté son choix. Le problème ce n’était pas l’intégrité de Lorna, mais bien les envies contradictoires de Rose.

Elle ne voulait pas quitter sa zone de confort mais rêvait de passer plus de temps avec la chimiste. Elle voulait la voir, lui parler, l’entendre rire, sentir sa chaleur, être dans ses bras comme ce soir. Rose avait envie de construire quelque chose et ne parvenait pas ignorer la voix malicieuse qui lui chantait qu’une relation sans avenir serait moins éprouvante que son absence.

Elle reprit son téléphone et envoya un message à Lorna :

Rose, 00h23 : Je suis désolée. Je suis partie comme une voleuse, j’ai eu peur de ne plus avoir de RER. Je n’ai même pas eu le temps de saluer Jade. J’espère que vous ne m’en voulez pas.

Lorna, 00h24 : Ce n’est rien, même si Jade risque de te le faire payer cher. Tu as eu raison, on ne sait jamais avec ces RER. Tu es bien rentrée ?

Rose, 00h24 : Oui, je viens de me mettre au lit. Mais j’ai tellement mangé ce soir ! Je ne pense pas que je vais m’endormir tout de suite.

Lorna, 00h25 : M’en parle pas ! A chaque fois qu’Erwan fait à manger, je m’explose le bide ! Je me suis fait un thé vert, mais j’ai des doutes concernant son efficacité.

Rose, 00h25 : Tu veux qu’on discute ?

Lorna, 00h25 : Pourquoi pas ! Mais à une condition ! C’est toi qui appelles !

Rose sourit en lisant la réponse et s’empressa de composer le numéro. Lorna décrocha à la seconde sonnerie, chantant les paroles de leur balade. Rose se joignit à elle et fit taire la ritournelle dans son esprit qui demandait dans quel bourbier elle s’était engagée.