Dans les secrets de la nuit
Accoudé à un bar, Ilya finissait son deuxième verre qui lui brula la trachée en écoutant distraitement la conversation à côté de lui. Il n’y prit pas part, ils ne les connaissaient pas, mais il fit attention à leurs mots et lorsque la situation s’envenima soudain, il prit son verre et recula, sauvant l’alcool au milieu de ce début de bagarre. Quelques tabourets tombèrent et l’un des serveurs, Kolia, vint les séparer n’hésitant pas à mettre son plateau en travers du chemin.
L’autre serveur approcha aussi et faillit se prendre un mauvais coup. Presque aussitôt, Ilya se retrouva dans la trajectoire en marmonnant un « oups » pour faire passer la situation pour accidentelle. Elle ne l’était pas.
Un grand coup de plateau fut donné dans le poing de l’assaillant et Kolia cria :
- Si tu veux que je te serve à boire demain, tu sors ! Maintenant !
Tout en tenant sa main endolorie, l’homme obéit.
- Ilya, si tu as trop bu pour tenir droit, il est peut-être temps de repartir toi-aussi. Ajouta-t-il froidement en direction de l’habitué.
- Ça ira. J’ai juste trébuché. Mauvais endroit, mauvais moment. Lui répondit-il en souriant tranquillement.
Chaque nuit, il restait jusqu’à la fermeture ou presque. Alors il se réinstalla tranquillement à sa place, celle qu’il occupait tous les jours, et sirota son verre en observant le vide. Le bar n’était pas très bien famé, les bagarres étaient courantes. Les serveurs avaient également l’habitude de se prendre des commentaires en tout genre. Rien de très reluisant.
- Un autre, s’il-vous-plait. Demanda Ilya.
Il observa la pression couler, mousser et être posée devant lui. Il ne buvait pas de bière, jamais. Le regard du serveur le mit au défi de dire quoique ce soit et il déglutit, mal à l’aise.
- Je n’ai bu que deux vodkas.
- Et tu n’as visiblement plus toute ta tête… Alors ce sera un sirop, de la bière ou la porte.
- Ok, vive la bière je suppose.
Le serveur grogna et reparti servir le client suivant. Le goût de la bière ne lui avait jamais trop plu, mais il n’était pas du genre à faire son difficile, alors il la but doucement, savourant les arômes amers. Venir ici l’aider à échapper un peu à l’insomnie qui le prenait souvent, c’était toujours mieux que de rester à observer le plafond. Il aimait la douce agitation qui régnait et qui lui permettait d’oublier la majorité de ses journées. Tout en jouant machinalement avec son piercing à lèvre, il fit de son mieux pour ne pas penser aux commentaires acerbes de son patron envers son collègue. Ils assuraient la sécurité de plusieurs entrepôts, surveillant les caméras et se déplaçant en voiture pour faire le tour en cas de besoin. C’était un boulot plutôt tranquille qui lui permettait même de dormir quand il était trop épuisé. Être toujours à deux avait ses avantages. Néanmoins le patron était mécontent parce qu’ils ne pouvaient pas éviter tous les vols, parce que sur la dernière intervention Boris avait cassé le nez d’un intrus et l’avait envoyé à l’hôpital. Malgré l’intrusion, l’homme demandait réparation… Il avala une gorgée supplémentaire, essayant de chasser les pensées sombres. Peu importe. Son travail était inintéressant au possible et il ne le faisait que parce que ça rapportait assez pour payer son loyer. Ils étaient nombreux à faire des jobs alimentaires dans le coin, mais quelques-uns osaient poursuivre leurs rêves. Le premier serveur avait envie d'ouvrir son propre bar un jour, il l'avait entendu au détour d'une conversation. Le second voulait devenir tatoueur et perceur à temps plein, activité déjà pratiquée une partie de la journée. Quant aux habitués qui venaient ici chaque nuit, ils avaient tous autant de rêve, l'un voulait s'acheter une moto -une bien mauvaise idée vu le taux d'alcool qu'il avait perpétuellement dans le sang-, un autre espérait revoir sa fille un jour quant au dernier, un divorce pourrait bien le combler. A croire qu'il n'y avait que lui qui n'espérait pas grand-chose de plus que ce qu'il avait déjà !
Un quart d’heure avant la fermeture, il n’y avait plus que les derniers poivrots qui ne posaient habituellement pas de soucis. Les faire sortir pouvait demander un peu de temps, mais rien de plus alors Ilya se leva, paya ses deux vodkas et ses trois bières à la pression en soupirant. Demain, il ferait attention à ne pas énerver Kolia et il pourrait prendre davantage de vodkas…
En sortant, il vérifia que les rues étaient vides et il s’installa à un angle, deux rues plus loin en allumant une cigarette. Cette merde allait le tuer un jour et ce ne serait pas d’une belle mort. Il avait commencé trop jeune pour pouvoir réellement y réfléchir et à présent, il n’arrivait plus à s’arrêter. Tirant sur la cigarette pour avoir un peu plus de fumée, comme le drogué qu’il était sans doute, il attendit.
Kolia fermait la boutique alors il n’arrivait jamais immédiatement mais il finit par apparaître au loin. Aussitôt, Ilya se remit en marche faisant semblant de ne pas voir le jeune homme qui le suivait. Enroulé dans un grand manteau, Kolia n’avait l’air que d’une ombre dans la nuit. Il tourna devant la ruelle de l’immeuble et poussa le portail grinçant, il le laissa tristement se refermer derrière lui. Elle s’ouvrit aussitôt et il ne put pas s’empêcher de garder la porte ouverte. Kolia grogna en passant devant lui et en le devançant.
Troisième étage, appartement 6B. Le temps qu’il arrive, Kolia avait disparu. La porte était encore entrouverte quand il la passa et presque aussitôt, la forme chaude de son compagnon s’abattit sur lui, le plaquant au mur alors que la porte se refermait dans un claquement sec. Sa bouche atteint son cou, le mordillant. Lorsqu’il arriva à son oreille, il joua avec ses piercings qui s’étalaient tout le long de son cartilage et augmenta la pression de ses petites morsures jusqu’à le faire couiner.
- Kolien’ka !
- Tu n’as pas le droit d’intervenir.
- Huu… Oui… Excuse-moi.
La bouche se fit plus douce mais ses doigts, tirant sur ses vêtements, n’avaient rien de délicat. Ils étaient exigeants et très vite, Ilya lui permit de le dénuder, frissonnant lorsqu’il se retrouva partiellement nu. A son tour, il repoussa le manteau de son amant et entreprit de le déshabiller. Leurs bouches qui s’unirent ne les aidèrent pas, mais se séparer leur semblait tout aussi impossible à l’un qu’à l’autre.
Très vite, ils arrivèrent à se trouver nu et Kolia les guida jusqu’au lit un peu trop étroit dans lequel ils dormaient. Tranquillement, il fit se coucher son amant, caressa sa peau, saisit l’un de ses piercings au téton et le suçota avec amour tout en continuant de l’explorer du bout des doigts. Ilya était délicieusement sensible.
Attrapant le lubrifiant, l’homme les en recouvrit tout deux et fit en sorte de renverser la position pour pouvoir se frotter à lui. Ils frémirent à l’unisson alors que leurs verges dressées venaient se caresser l’une l’autre. Doucement, fermement, deux doigts vinrent presser l’entrée de Kolia qui se blottit un peu plus contre le corps de son amant. Ilya écouta les petits sons, terriblement excitant qu’il produisait, s’y fiant pour moduler sa préparation.
- Ouvre-toi pour moi Kolien’ka !
Les yeux à demi-fermés il l’observa, le regard plein de luxure et gémit tout en écarta un peu plus les cuisses. Les doigts de son amant s’étaient glissés profondément en lui, remuant, le tiraillant et le caressant tour à tour. Chaque geste était surprenant. Rien n’était attendu. Et c’était si bon… Si bon…
- Je t’aime tu sais ?
- Hhhu… Oui, je le sais, mais sérieusement, rentre en moi Ilya. Maintenant !
Et Ilya obéit tout en riant tendrement. Qu’il aimait cet homme, s’il l’avait pu, il l’aurait hurlé au monde entier. Seulement le regard des autres, les commérages, les insinuations, … ils n’étaient pas prêts pour tout ça. Alors ils se cachaient simplement, Ilya devait juste ne pas intervenir ou ne pas venir. Les règles étaient simples.
Il glissa son pénis en lui, le faisant haleter, choqué et rappela en un sourire joueur :
- Tu voulais quoi déjà ?
- ILYA ! lui râla dessus son amant.
- Oh. Oui, peut-être ça ?
Et il s’enfonça, le pénétrant profondément, lui arrachant quelques halètements choqués. Tout en embrassant son cou, tendu vers l’arrière, il se mit à le besogner sauvagement. Kolia aimait que ce soit brusque. Il aimait qu’il soit sans pitié et il était capable de l’être. Alors que sa jouissance montait de plus en plus, menaçant à tout instant d’éclater, il s’arrêta, chercha à reprendre une contenance et recommença. La friction autour de son sexe était simplement trop bonne.
Kolia en eut finalement assez, et d’une main sûre, il alla fouiller à l’arrière du corps d’Ilya entre ses deux globes musculeux pour toucher cette petite zone sensible. Se pliant sur le côté pour avoir un meilleur accès, il fit pénétrer l’un de ses doigts à l’intérieur de l’homme qu’il aimait et appliqua un tendre va et vient. Manquant de lubrifiant il saisit la bouteille pour en ajouter un peu puis finalement, énonça dans une exigence terrible :
- A mon tour.
Ilya lui offrit un sourire tendre et obéit, sortant de lui pour lui offrir son intimité. Il ne fallut pas longtemps pour que Kolia ne le pénètre. Il s’amusa avec ses tétons percés, caressa sa peau tatouée, embrassa sa chaire malmenée puis en fermant les yeux, il commença à le marteler fermement de l’intérieur. Très vite, l’excitation fut à son comble et Ilya se mit à crier tout en jouissant avec force. Tout son corps pulsa et il augmenta la fréquence de ses mouvements pour emmener son amour à jouir avec lui. Kolia grogna à son tour en éjaculant.
Presque aussitôt, ils se serrèrent l’un contre l’autre dans un câlin étrangement tendre après la baise rapide et sèche qu’ils venaient de partager. Kolia flattait son corps du bout des doigts, s’arrêtant sur chaque piercing : son œuvre. Il avait lui-même effectué chacun de ces trous avec une barre creuse avant d’enfoncer le bijou en travers de lui. Le grand tatouage qui s’étalait sur son flanc et remontait dans son dos était également son œuvre.
Il lui mordilla une nouvelle fois l’oreille avant de murmurer :
- Demain, je te poserai un industriel, juste là.
Ilya se prit à sourire dans son cou. Il l’aimait. Il l’aimait vraiment et il le laisserait décorer, modeler et posséder son corps dans tous les sens du terme.
- Tout ce que tu voudras… mon amour.
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