Chapitre 5 (2/5)
Le Guerrier Novice s’entrainait avec la Femme Chevalier. L’aventurière à la chevelure dorée avait pour armement une épée longue et un lourd bouclier d’acier. L’adolescent vêtu d’un plastron tenait lui-même un bouclier, rond et plus petit que celui de son adversaire, ainsi qu’une épée standard qu’il agitait maladroitement.
Le Guerrier du Désert remarqua qu’à son ceinturon était également attaché un gourdin en bois massif. Sans doute une arme de rechange.
Le fracas de métal le tira de sa réflexion, la Chevalier venait d’envoyer le débutant au sol.
C’est lorsqu’il se releva, que le Guerrier Débutant prit conscience de la présence du Guerrier du Désert. Les autres aventuriers suivirent son regard et à la vue de l’Épéiste plusieurs sourires se dessinèrent sur leurs visages.
-Dis le turban ! L’interpella le Guerrier Débutant, ça te dit un petit entrainement ?
L’intéressé pensa refuser, mais outre le manque de politesse que cela aurait été, il comprit rapidement que les autres combattants présents sauteraient alors sur l’occasion pour le défier à leur tour.
-Avec plaisir. Répondit le Guerrier du Désert en dégainant ses armes.
Oull s’était posé sur la gouttière d’un bâtiment voisin et se mit à fixer le terrain avec ses grand yeux de rapace. Les deux guerriers se placèrent face à face, l’arme au poing.
Le Guerrier Débutant jaugea son opposant. Bien qu’ils soient tous les deux au même rang et qu’il ait commencé sa carrière depuis plus longtemps que le Guerrier du Désert, le novice savait ce qu’il s’était passé dans la crypte. Savoir que son adversaire avait affronté un ennemi comparable à un démon alors qu’il n’était que rang Porcelaine, l’intriguait. Cependant le jeune garçon avait de sérieux doutes sur le fait que l’Épéistes avait terrassé la Nécro-Ombre. Sa camarade et lui pensaient qu’il avait dû achever la créature après que les rangs obsidienne et l’Amazone l’aient affaibli.
Estimant avoir toutes ses chances de vaincre, le Guerrier Débutant décida d’attaquer le premier. Son bouclier levé devant son thorax il porta un ample coup de taille de son épée.
Le Guerrier du Désert était calme, le temps semblait s’écouler au ralenti et il pouvait lire chaque erreur du Guerrier Débutant comme on lit un livre : ses jambes mal placées le déséquilibraient vers l’avant en plus de son alonge trop longue pour sa position et son épée. L’Épéiste vit aussitôt comment exploiter ces failles.
Avec une synchronisation parfaite, le Guerrier du Désert repoussa l’épée de son adversaire d’un revers de son bouclier d’acier. Un choc bruyant résonna. Déséquilibré, le Guerrier Débutant manqua de tomber à la renverse il ne parvint à se retenir qu’à la relative force de ses muscles.
L’Épéiste n’en resta pas là et sans hésitation bondit sur le novice. Son cimeterre décrivit un arc de cercle parfait à une telle vitesse que le Guerrier Débutant ne perçut que l’éclair de la lame fonçant droit sur sa gorge.
En un instant le Guerrier du Désert se tenait devant lui, son sabre sur sa jugulaire.
-Tu dois mieux travailler tes appuis. Dit simplement l’Épéiste avant de retirer sa lame.
Le Guerrier Débutant avait cru pendant un instant que son cœur s’était arrêté. Il reprit son souffle à grand peine, ébranlé par la facilité avec laquelle le Guerrier du Désert l’avait vaincu. Mais tout particulièrement la confrontation directe à la mort avait manqué de peu de lui faire mouiller ses braies.
Ayant remarqué l’état de choc de son adversaire, l’Épéiste claqua dans ses mains pour attirer son attention. Cela eut l’effet escompté et le Guerrier Débutant revint à la réalité dans un sursaut.
-Euh…Hum, bafouilla-t-il.
-Écoute, lui dit alors le Guerrier du Désert, la peur de la mort est quelque chose de naturel chez tous les êtres vivants. Il ne faut pas en avoir honte ou la rejeter, il faut la maîtriser. On va faire quelque échange, tu m’attaques, je t’attaque. Ça te va ??
Retrouvant une certaine vitalité, le Guerrier Débutant se remit en garde. Comme convenu, le novice attaqua le Guerrier du Désert à coup d’estoc ou de taille. Ce dernier para chacune des attaques avec aisance, mais il pouvait sentir les progrès du Guerrier Débutant à vue d’œil. Il corrigea ses appuis, parvint à porter des coups plus précis et puissants en visant les point vitaux. Après un quart d’heure et une vingtaine de passes d’arme, le Guerrier du Désert dit :
-Si on travaillait ta technique avec le gourdin maintenant ?
-Si tu veux, répondit le novice.
Il rengaina son épée et empoigna le gourdin en chêne qu’il portait à sa ceinture. Mettant en pratique ce qu’il avait appris à l’épée, le Guerrier Débutant se campa sur ses positions et de toute la force de son bras exécuta une large frappe latérale. Cette fois le Guerrier du Désert esquiva le coup d’un pas en arrière effectué à la perfection. La massue de bois massif siffla dans le vide.
Au moment où le novice acheva son mouvement, l’Épéiste se propulsa en avant et tenta un puissant coup d’estoc. Le guerrier blond mit en pratique ce qu’il venait d’apprendre : il bloqua la pointe du cimeterre à l’aide de son bouclier, avant de la laisser glisser sur la surface de son écu. Les deux bretteurs se retrouvèrent alors au contact, le Guerrier Débutant tenta un puissant revers de son gourdin. Le Guerrier du Désert se déroba en tournoyant autour de son assaillant. Ce dernier s’écarta à son tour avant de se replacer face à son adversaire.
L’Épéiste se réjouit, le Guerrier Débutant apprenait vite, sa vitesse de réaction le démontrait. Toutefois, il exécutait des mouvements trop amples pour employer correctement sa massue. Le Guerrier du Désert lui conseilla alors de faire des coups plus courts et rapides pour ne pas ouvrir sa garde.
Suivant ce dernier conseil, le Guerrier Débutant se remit en position et porta un puissant coup plongeant droit sur le crâne de son adversaire. Vif et court comme conseillé. La différence se fit sentir : l’opposant bloqua le coup au lieu d’esquiver sans pouvoir contre-attaquer.
Enhardi par ce résultat, le novice se lança dans une série de frappes vives et courtes. L’apprentie Religieuse était stupéfaite par l’enchaînement de son camarade, jamais elle n’aurait pensé qu’il serait capable de ça avant plusieurs mois ou années de pratique.
Le Guerrier du Désert quant à lui présentait un visage impassible et concentré, mais intérieurement il souriait de toutes ses dents. Il était ravi de constater l’efficacité de ses conseils. Cependant, le Guerrier Débutant n’avait que quelques mois d’expérience, l’Épéiste lui avait deux années entière d’entrainement intensif à l’art du combat.
Il lisait toujours à la perfection les mouvements du Guerrier Débutant, mais pour passer sa garde et l’atteindre cette fois il allait devoir monter sa force d’un cran. Il se concentra sur sa respiration et avec une habileté remarquable il repoussa le gourdin à l’aide de sa rondache d’acier avant de percer la garde du bouclier adverse à l’aide de son cimeterre, brisant complétement la défense du Guerrier Débutant. Puis dans un ultime mouvement fulgurant, il plaça la pointe de son sabre sur la gorge du novice, qui demeura interdit devant la force écrasante du Guerrier du Désert.
-Qu’est-ce que j’ai mal fait ? Demanda-t-il.
-Rien, il te manque juste de l’expérience.
-Parce que toi tu en as plus ? On a le même âge il me semble. Répliqua le novice sur un ton plus mordant qu’il ne le voulait.
-J’ai dix-sept ans, dit le Guerrier du Désert, et toi ?
Annotations