Chapitre 5 - Départ

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Le roi donne ses directives à peine les battants refermés :

— Ezio, nous devons maintenir l'héritrône ceremonia. Je vais déléguer quelques patrouilles pour enquêter et agir en conséquence dès leur retour. Frelsar, je te demande de te joindre à l'expédition, tester tes pouvoirs si l'occasion se présente, mais pas d'actions inconsidérées, pour l'instant nous observons et recueillons des informations.

Il se tourne ensuite vers T'ziss :

— Tsarin, quelle est ta décision ?

Les ailes du Ïaryss frémissent pendant que ses yeux se font pensifs :

— La montagne d'Alambre est sur le trajet, je vais demander à mes éclaireurs de se joindre à ta patrouille. J'y serai volontiers aller moi-même mais mon statut ne me permet plus d'actions inconsidérées.

— Nous accompagnons Hugo ! s'écrient en choeur Peflor et Nadil.

Je viens avec toi, mon ami.

Je précise pour l'assemblée qui ne peut entendre la licorne :

— Lisa souhaite nous accompagner.

Le roi marche de long en large dans la salle, les bras derrière le dos :

— Il vous faudra trois jours pour parvenir jusqu'à la mer septentrionale... Six jours avant de posséder des informations plus précises...

En six jours, ces bateaux ont trop de temps à disposition pour brûler les forêts et les animaux qui la peuplent !

Je repense au journal télévisé de l'été dernier, aux feux qui avaient ravagé je ne sais plus où, aux alentours de Marseille. L'angoisse des gens. La fatigue des pompiers à lutter nuit et jour contre ce monstre enragé. Le champ de cendres, après...

— Peut-être...

Tous les regards se tournent vers moi, le roi m'encourage :

— Oui, Frelsar.

— Je peux demander à Météora de nous emmener.

Le roi marche de nouveau dans toute la pièce, poussant de petits grognements à intervalles réguliers.

— Mmmh, cela limiterait grandement le nombre de personnes mais en effet nous pourrions obtenir des informations en deux jours, voire peut-être un si ta dragonne réduit ses temps de repos et de chasse.

— Pulsarine sera des vôtres si je le lui demande, ajoute T'ziss. Et je ne doute pas que Manalithe se joindra à eux. Je m'occupe de voir avec Skaross.

— Disons donc quatre personnes par dragons pour ne pas trop les charger et perdre en vitesse. Une voire deux personnes en moins pour que Lisa ait assez de place.

Je peux m'y rendre par mes propres moyens.

— Lisa me dit qu'elle peut y aller seule.

Nadil explique: :

— J'ai entendu dire qu'une licorne peut se téléporter mais personne de mémoire de Sylve ne l'a jamais vu de ses yeux.

Nous n'en parlons jamais et évitons de le faire car nous sommes très vulnérables pendant une demi-journée, le temps de récupérer nos forces. Mais quand vous serez arrivés, j'aurai retrouvé la forme.

J'explique à l'assemblée ce que vient de me dire Lisa, tout le monde valide cette option, cela permettra d'avoir plus de personnes sur place pour faire face à ce qui nous attend.

La laisser partir seule devant une menace inconnue m'était déjà difficile mais la savoir affaiblie, à la merci du danger m'inquiète. Je ne peux m'empêcher de lui recommander :

Fais attention à toi.

— Ne t'inquiète pas, nous savons nous montrer discrètes.

Elle a raison, je dois lui faire confiance.

— Soyez prêts au départ dans une heure, conclut Sire Guiezban.

Je suis Peflor qui m'a prise sous son aile pour préparer un léger paquetage : tenue de rechange, provisions, couverture... Elle glisse même quelques friandises dont celles qui permettent d'éviter la fatigue. Elle est pire qu'une maman. Avant de partir, je passe voir Ezio :

— Je suis désolé, je ne pourrai pas être avec toi...

J'ai envie de pleurer, mon ami va vivre un moment important et je serai loin. Il pose ses mains sur mes épaules :

— Chacun doit accomplir son devoir, je sais que ton coeur sera auprès de moi. Fais attention à toi.

Il a raison, si Altéphée est menacé je dois protéger ce royaume si cher à mon cœur, et lui doit poursuivre l'oeuvre de son père pour prendre, un jour, soin de son peuple.

J'acquiesce et file en direction des grottes. Météora m'accueille avec un retentissant roucouronronnement. Elle ne semble pas se soucier de ce qui nous attend là-bas. Elle frotte sa tête contre mon cou mais je titube dès que son museau s'appuie sur mon visage. La dragonne détourne la tête et souffle une fumée grisâtre par les naseaux, je vois bien comme elle est contrariée.

— Tu as bien grandi ma dragonne, tu ne peux plus venir te lover dans mon cou.

Nouveau souffle fumant. Je tousse.

— Mais tu es la plus belle créature que je connaisse, personne ne t'arrive à la cheville.

Elle roucouronronne de plaisir et, cette fois, pose délicatement son museau sur mon front.

Peu de temps après, je suis de nouveau empli de la joie de sentir le vent sur mon visage et d'admirer Altéphée du ciel. Trois soldats ont pris place derrière moi. Peflor s'est calée à ma droite, elle semble avoir décidé qu'elle devait jouer le rôle de mère en l'absence de la mienne.

J'ai envie de rire en voyant les visages ahuris des hommes de Sire Guiezban, très rares sont ceux à avoir eu le privilège de voler à dos de dragon. Le trajet se passe donc dans un silence empli du souffle du vent.

Chacun profite à fond de ce moment extraordinaire.

Lorsque nous mettons pied à terre, Lisa et quatre Ïaryss nous attendent. La tension devient soudain palpable. Nous sommes tous sur le qui-vive.

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