Chapitre 13 - Perdus ?

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Secoués par les émotions de la journée, nous allons tous nous coucher tôt.

Le lendemain, lorsque j'arrive sur le pont après ma bataille journalière pour enfiler mes collants et le reste de ma tenue, je vois de nouveau des visages inquiets. Je m'approche de T'ziss et Bas-tient :

— Que se passe-t-il ?

— Nous sommes sortis de la voie de navigation durant la nuit, explique Bas-tient.

T'ziss ajoute aussitôt, devant mes yeux apeurés :

— Nous sommes en train de nous en occuper. Ce ne devrait pas être compliqué de revenir sur le chemin.

Je sens le manque d'assurance dans sa voix mais ses mots me réconfortent malgré tout. T'ziss a le pouvoir de m'apaiser et de me faire sentir en sécurité, n'importe où.

— Ce qui est étrange, c'est le fait de dévier malgré l'ancrage...

Je vois le regard noir de T'ziss se poser sur Bas-tient. À mon avis, je n'aurais pas dû entendre ce dernier commentaire, mon stress remonte tout de suite en flèche.

Je rejoins Chloé à notre place habituelle, à l'avant du bateau. Discuter me fera peut-être oublier ce problème. Je suis heureux de la trouver déjà là, c'est la première fois que son estomac la laisse tranquille de si bonne heure. Elle tourne la tête en entendant mes pas :

— Bien dormi ?

— Oui, et toi ? Ton ventre te laisse en paix ?

— On dirait, répond-elle en souriant.

Je ne peux m'en empêcher mais je fonds chaque fois que je vois son sourire illuminer son visage.

— Hé ! Tu m'écoutes ? demande Chloé en me secouant gentiment la manche.

— Euh...

Elle était en train de parler ? Flûte, j'étais trop concentré sur la phrase du capitaine, elle me reste en tête depuis toute à l'heure. Dévier malgré le changement de cap...

— Désolé, je... Je tique sur une phrase de Bas-tient mais je ne sais même pas pourquoi, dis-je en me grattant la nuque.

D'un coup, je bondis sur mes pieds :

— C'est ça !

Je cours vers Bas-tient toujours en pleine discussion avec T'ziss qui ont été rejoints par Skaross :

— Je sais !

Tous les regards se tournent vers moi.

Je me sens très hésitant. Finalement, mon idée est complètement stupide. Mais je ne peux pas les avoir déranger pour rien. Je déglutis difficilement et me force à dire tout haut ce qui me paraissait une idée géniale il y a à peine une minute, et qui me semble soudain totalement idiote :

— Si... Si on était pas sur une île. Si on était sur une grosse bête.

— Que veux-tu dire ? demande le capitaine, incrédule.

— Ben, j'ai vu dans une histoire une tortue géante qui se déplaçait qu'à la surface et des plantes avaient fini par lui pousser sur le dos. Ce qui fait que les marins pensaient avoir accosté sur une île.

T'ziss s'envole à peine mes derniers mots prononcés. Je reste comme un idiot devant Skaross et le capitaine. Je sautille d'un pied sur l'autre, mal à l'aise. Puis le Tsarin atterrit, le haut du corps trempé mais la joie qui transparaît sur ses traits. Il s'exclame :

— C'est ça ! J'ai fait le tour de l'île en volant et j'ai plongé à l'avant. C'est un gigantesque léviathan !

Le capitaine réagit dans l'instant et les ordres sont rapidement exécutés : prendre du recul, redresser le cap et reprendre la navigation.

Le reste du voyage se passe sans encombre si ce n'est l'ennui qui commence à pointer pour tout l'équipage. Le jour où la vigie annonce voir la terre nous sommes d'abord sur la défensive. Avec l'expérience du gigantesque léviathan, nous sommes un peu méfiants. Puis lorsque les marins reconnaissent leur terre natale, Tenhyou, c' est l'occasion d'une fête : on danse, on chante, on se fait des accolades. J'en profite pour serrer Chloé, plus que d'habitude. Je me sens tout léger. Je perçois une pointe de jalousie chez Lisa, c'est vrai que je n'ai pas beaucoup été avec elle. Je m'approche et reste longtemps à l'entourer de mes bras et à profiter de sa douceur.

Skaross est le dernier à descendre. On sent tous son mal-être mais sommes bien conscients qu'on ne peut pas l'aider. Il doit affronter seul ce retour sur les terres de son enfance où il a vu son père assassiné et s'est vu voué à l'exil. Il finit par nous rejoindre et nous entamons une marche au milieu de ruines. Bas-tient nous explique que se dressait ici, il y a quelques temps encore, une petite ville florissante mais qu'avec l'arrivée du monstre, tout a été détruit et la moitié de la population tuée par les vagues qui ont accompagné l'arrivée de la créature.

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