Je ressens le besoin de m'isoler. Peut-être pour digérer ces informations. Peut-être parce que mon monde me manque à nouveau. Peut-être parce que je pressens la séparation prochaine avec Chloé.

Je pars discrètement près du rivage, m'assois sur un rocher à ras de l'eau et repense à cette bête affamée par notre faute, nous les humains.

Ça me rend triste. J'aimerais pouvoir aider cet animal.

Mes mains chauffent doucement. Je jette un coup d'œil, elles sont baignées de l'aura indigo. Je n'avais pas admiré sa couleur depuis plusieurs jours.

Une vague plus haute que les autres m'asperge, ça attire mon regard vers le haut. Je vois d'autres vagues prêtes à tremper mes chaussures et au milieu quelque chose qui fond sur moi. Je saute sur mes pieds et recule avant de reconnaître l'éclat nacré. Azzoureau !

— Bonjour Azzoureau.

— BONJOUR. MERCI D'APPORTER SOLUTION.

Qu'est-ce qu'il raconte ? Je ne comprends rien.

— LES PLANTES.

Je n'y vois pas plus clair.

— ELLES GRANDIES.

Il pose sa tête à raz de l'eau et là, je réalise enfin qu'à l'endroit où je me suis installé les algues ont doublé de volume et sont plus touffues.

— C'est... C'est moi qui les ait fait pousser ?

— TOI PAS SENTI ? MOI PROCHE, SENTI.

— On va pouvoir... On va pouvoir faire croître la spongia !

— AUTRES DRAGONS ET MOI SEMER; TOI, FAIRE POUSSER.

— Oh, je vais vite aller le dire à Chloé. C'est une merveilleuse nouvelle !

— MOI PRÉVENIR AMIS ET CHERCHER GRAINES SAINES.

Je cours aussitôt vers l'auberge, je suis trop impatient de voir la tête de celle que j'aime.

— Chloé ! Chloé !

Je l'entends répondre de l'étage, je monte les marches quatre à quatre. Je reste un moment les mains sur les jambes à reprendre mon souffle. Chloé me regarde bizarrement.

— J'ai... J'ai trouvé !

— Quoi ?

— Azzoureau a vu mes mains faire grandir les algues, il va prévenir les autres dragons pour qu'ils cherchent des graines et les sèment. Moi, je n'aurais qu'à les faire pousser plus vite avec mon pouvoir !

— Tu peux... Tu peux vraiment faire ça ?

Je vois ses yeux pétillants d'enthousiasme.

— Oui !

— C'est formidable ! Le krachen va être sauver ! Oh, merci Hugo !

Elle se précipite dans mes bras et me serre avec force, je suis sur un nuage.

— Viens, il faut tout de suite le dire à Skaross ! me dit-elle en m'agrippant par le bras.

— Tu crois que Bas-tient...

— Il suivra son roi et puis rien n'empêche de trouver une autre solution pour faire voler les dirigeables.

— Tu as raison, restons positifs ! On y va.