Les deux jours suivants, les équipes de surveillance sont particulièrement attentives au retour du krachen. Il serait dévastateur que ce dernier revienne alors que les algues ne sont pas encore prêtes à être consommées.

Les dragons sont venus à plusieurs mettre des graines partout dans la zone où se nourrit habituellement la bête. Azzoureau nous apporte une algue qui ressemble à une poche. Il nous demande de l'ouvrir et de placer notre nez et notre bouche de sorte à les recouvrir. Puis nous les suivons sous l'eau où nous réussissons à respirer sans difficulté dans ce petit sac végétal. Toutes les heures, nous devons aller à la surface pour remplir la poche d'air avant de retourner s'activer dans les fonds marins pour aider à faire croître la nourriture du krachen.

Le soir venu, je suis épuisé. Peflor vient me trouver pour m'offrir une friandise anti-fatigue.

— Tiens,Hugo. Je suis désolée de ne pas t'en avoir proposé avant.

— J'aurai pu y penser aussi, merci Peflor. Je peux en avoir un autre pour demain ?

— Bien sûr ! Tiens.

— C'est quoi ? demande Chloé, curieuse.

— Un bonbon pour ne pas ressentir la fatigue.

Mes yeux vont de Chloé à Peflor. Je lis l'envie sur le visage de mon amie.

— Peflor,je peux en avoir un de plus ?

— Hugo, il ne faut pas en abuser. Cela peut s'avérer dangereux pour la santé.

— C'est pour Chloé.

— Ah ! Bien sûr, tiens Chloé, pour demain.

— Merci Peflor.

Je lis toute la gratitude silencieuse dans son regard. Ça pétille de joie dans mon ventre !

Le lendemain, nous n'arrêtons pas, Azzoureau m'aide à remonter en surface à chaque heure puis je retourne utiliser mon halo indigo sur les graines semées par la tribu du dragon nacré.

Peu avant que le soleil se couche, la côte est en état d'alerte. Une vague géante fond dans notre direction. Je m'aggrippe aux longues vibrisses du dragon, direction la surface. Au moment où je rejoins le rivage, la vague n'est plus qu'à quelques centaines de mètres. J'avoue ne pas être rassuré. Je sens qu'on m'attrape le bras.

Chloé.

Finalement je bénis le monstre, elle vient se coller à moi, le bonheur.

Des soldats munis de harpons se sont avancés au bord de la falaise accompagnées de trolls aquaciens. Skaross ne veut rien laisser au hasard.

Pourvu que ça marche sinon le krachen est bon pour finir au bout d'une pointe métallique !

Chaque seconde qui passe, mon coeur s'accélère. On dirait qu'il va sauter d'un instant à l'autre hors de ma poitrine !

Puis la vague s'arrête.

Quelques gouttes perlent à mon front alors que Chloé serre davantage mon bras et cache son visage dans ma tunique.

L'instant s'étire.

Tout le monde retient sa respiration.

Une vaguelette, comparée à la précédente, arrive à toute allure vers le rivage. Azzoureau émerge :

— Il est en train de manger.

Chloé et moi explosons de joie puis un fou rire nous gagne. La tension redescend. Nous transmettons le message et les harpons se baissent peu après.

Au bout d'un certain temps, alors que des torches illuminent les alentours, la vague réapparaît et se dirige vers le large. Nous sommes bien conscients du travail qu'il reste à faire afin qu'il ait assez à manger pour ne plus s'en prendre au royaume de Tenhyou mais le plus dur est derrière nous.

— Merci Hugo.

Je me retourne pour voir Skaross me sourire, accompagné des visages réjouis de mes amis. Il se tourne ensuite vers Chloé :

— Merci glaive Chloé.

je vois mon amie émue aux larmes.