Chapitre 29 - Alerte

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Le soir est l'occasion d'une petite fête improvisée, Bas-tient joue d'un instrument à cordes et nous dansons au rythme de la musique. Nous nous couchons épuisés mais avec le sentiment du devoir accompli.

Très tôt le matin, des bras me secouent frénétiquement. J'ouvre un oeil puis le referme. La lumière perce à peine les épais rideaux de ma chambre. Grognements.

On me secoue avec insistance.

Je me redresse d'un coup, agacé :

— Quoi ?!

— Chuut, m'intime Chloé, un doigt sur les lèvres.

— Chloé ?

— Le krachen va attaquer de nouveau.

— Comment ça ?

A-t-elle fait un mauvais rêve ? Les ravages sont derrrière nous puisqu'il dispose maintenant de nourriture.

— Il n'a pas assez à manger, la Pitie m'a montré qu'il va revenir vers l'heure du déjeuner après avoir rasé le champ tout juste planté.

— Que...

Je suis encore trop ensommeillé pour former des pensées claires.

— Le collier m'a indiqué où l'emmener, loin au large de Tenhyou, le temps que les champs grandissent. J'ai peur de m'y rendre seule. Tu veux bien m'accompagner ?

Comment lui résister ?

— Euh... D'accord. Dans cinq minutes en bas, le temps de m'habiller.

Elle me remercie en déposant un baiser sur ma joue. Je suis bien réveillé maintenant. Je mets plus de temps que voulu avant de pouvoir descendre, ces satanés collants sont une misère à enfiler ! Je peste, je me démène, je bougonne mais fini par avoir raison d'eux. Nous nous faufilons jusqu'à la berge où Azzoureau nous attend déjà, Chloé semble pouvoir communiquer avec lui par la pensée. Il propose de nous emmener sur son dos. Chloé monte sur Azzoureau tandis qu'un compagnon reptilien s'offre de me transporter.

Je réalise soudain qu'il va falloir s'approcher du monstre ! J'ai beau vouloir sa survie, je n'ai aucune envie de le contempler de près ! Au moins, avec les gouttes d'eau qui nous apsergent en continu, personne ne remarque que je transpire.

— Chloé ?

— Oui, Hugo ?

— Comment... Comment on va s'approcher du krachen ? Sans parler de communiquer...

— La Pitie servira de traductrice. Je n'ai pas la moindre idée de comment cela fonctionne mais si je parle, elle devrait traduire.

Devrait ? Et si ça ne marche pas, le calmar géant ne risque-t-il pas de virer carnivore ? La panique est prête à déferler. Je n'arrive plus à réfléchir. Mes mains tremblent. Je me vois déjà finir dans la gueule du monstre. Quelle idée de vouloir le sauver !

Puis l'évidence me saute aux yeux. Je dois avoir confiance en Chloé !

Peu après, les dragons nous offrent l'algue respiratoire avant de nous enfoncer vers les fonds marins. Je n'en mène pas large et j'avoue que je reste un peu en retrait, derrière Chloé qui semble bien plus téméraire que moi, cette fois. J'ai honte mais je suis trop terrifié pour dépasser cette émotion. L'animal est en train de manger, on voit clairement qu'il a presque englouti tout le champ fraîchement semé.

Chloé et Azzoureau s'immobilisent.

La bête braque un oeil sur nous. On dirait qu'elle peut lire à travers nos âmes.

Je suis pétrifié !

Puis, d'un coup, la Pitie s'élève autour du cou de Chloé et irradie une lumière aux teintes bleues et violet foncé. La voix de Chloé résonne dans une succession de claquements. En tous les cas, cela y ressemble fort.

L'oeil se fait orageux avant de prendre une teinte jaune pâle.

Le calmar géant s'ébroue.

Mon coeur manque un battement.

L'animal s'éloigne suivi par Azzoureau et mon dragon. Bientôt, les reptiles dépassent le krachen et le guident plusieurs heures vers le large. Il nous suit docilement. Mes mains sont moites et j'ai du mal à quitter la bête des yeux. Chloé semble sereine. Comment fait-elle ? 

Alors que le soleil chauffe, nous arrivons près d'une crevasse sous-marine. Nous remplissons notre algue respiratoire d'air puis nous immergeons jusque dans les profondeurs de la fosse. La spongia se déploie le long des parois. Je vois tout de suite qu'il n'y a pas plus d'une ou deux semaines de nourriture. J'espère que cela sera suffisant pour permettre aux champs que nous plantons de pousser suffisamment. Au moins, nous avons un répit conséquent devant nous, au vue de l'attaque qui devait avoir lieu aujourd'hui. Chloé échange encore quelques claquements avec le krachen qui envoie une colonne de bulles vers la surface puis nous retournons vers la rive.

Nous arrivons alors que la lumière pâlit dans le ciel. Peflor et Nadil sont sur la berge et accourent en nous apercevant.

— Hugo ! Chloé ! Nous étions fous d'inquiétude !

Je m'empresse de bafouiller :

— Dé... Désolé.

— J'ai emmené le krachen au large car il a déjà englouti toute la spongia que nous avons plantée. D'ici à ce qu'il se repaisse des algues du large, nous aurons semé assez de graines pour le nourrir sur le long terme.

Skaross nous a rejoint entre temps et se presse de s'informer :

— Comment as-tu su ?

— La Pitie m'a prévenue et m'a permise de communiquer avec le krachen. 

Nous remontons vers l'auberge en discutant de l'organisation des prochains jours.

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