Chapitre 31 - Couronnement
Nous revenons au château où une gigantesque célébration est organisée pour le couronnement de Skaross. Toute la ville est parée des couleurs qui furent autrefois celles de son père : bronze et jaune. Des gens affluent des quatre coins du pays. La veille de la cérémonie, il devient presqu'impossible de se déplacer en ville, alors je reste au château avec Chloé pour aider aux petites retouches avant le jour J.
Je suis tellement soulagé de ne pas être retourné chez moi comme un voleur ! Je crois, malgré tout, que je ne serai rassuré qu'une fois au coeur de la fête. Après tout, la dernière fois, je suis parti juste avant les festivités.
Avec Chloé, nous ne parlons pas du départ, nous profitons de chaque instant l'un avec l'autre.
Le matin du couronnement, je suis réveillé très tôt par les couturières venues apporter ma tenue d'apparat offerte par Skaross en remerciement et porter les dernières retouches. Elles ont choisi un tissu vert pour mes chausses et un autre marron pour ma tunique afin de rappeler la couleur de mes yeux vairons. Quand je me contemple dans le miroir, j'ai l'impression de voir un prince !
Je retrouve mes amis, tous élégants dans leurs beaux costumes mais je reste sans voix devant Chloé. La plus belle des princesses !
Je suis transformé en statue, incapable de lui adresser le moindre compliment ou même de venir la saluer. Elle doit me trouver idiot. Lorsque nous entrons dans la salle, je suis encore figé sur place.
Je sens une main se glisser dans la mienne, Chloé. Étrangement, ce contact familier me ramène à la réalité et je rejoins les autres au balcon. Toute la salle est décorée de drapés scintillants qui irradient de mille feux sous les rayons du soleil. Peflor a veillé à ce que des fleurs fraîches diffusent un doux parfum dans tout le palais. C'est incroyablement magique !
Je me laisse porter par l'instant jusqu'au moment où le Sage pose la couronne sur la tête de Skaross, un magnifique dragon d'eau enroulé autour d'un sceptre.
Puis deux mots claquent dans l'air :
— Frelsar, Glaive !
Je cligne des yeux. Ai-je bien entendu ? On doit vraiment se lever et avancer devant tout ce monde ? La salle est tellement remplie qu'une masse compacte se prolonge dans les couloirs.
— Frelsar, Glaive, le Sage vous attend, répète Skaross.
Je jette un œil à Chloé. Elle est rouge comme une tomate et se mord la lèvre inférieure. Sa timidité a pris le dessus. Ce n'est pas le moment pour moi de stresser, je dois la rassurer. J'attrape doucement son bras et la pousse de mon bras libre jusque sur l'estrade.
— Merci à vous, Hugo et Chloé, d'avoir protégé mon peuple ! prononce Skaross d'un ton solennel.
— Merci Frelsar, merci le Glaive d'avoir protégé Tenhyou, répète le Sage en écho tout en passant une chaîne autour de notre cou.
Un magnifique dragon d'eau avec une épée brille sur notre poitrine. Puis une clameur monte parmi la foule qui scande :
— Vive le Glaive ! Vive le Frelsar !
Un frisson me parcourt. Chloé me serre la main mais un léger sourire s'épanouit sur son visage.
Puis Skaross force le silence.
— Et maintenant, place aux festivités !
Tout le monde se bouscule pour accéder aux extérieurs où de nombreuses tables attendent couvertes de plats fumants. Les invités de marque viennent nous saluer avant de se diriger vers la sortie, tout comme nos amis qui nous font chacun une brève accolade. Chloé et moi n'avons pas bougé d'un pouce.
Nous finissons seuls au milieu de la grande salle vide. Chloé cache sa tête sur mon épaule.
— On va bientôt rentrer, c'est ça ? Il va falloir... se dire...au revoir... Je ne veux pas, et de toute façon personne ne m'attend dans mon pays.
— Tu as ta famille d'accueil, lui dis-je doucement.
La pauvre a perdu ses parents il y a quelques années et s'est retrouvée ballotée de famille en famille. Cela va bientôt faire deux ans qu'elle séjourne chez les Piclair, si je me rappelle bien de leur nom.
— Je ne veux pas !
Et elle me serre fort dans ses bras.
J'ai une légère nausée. Une sensation de vide et de froid.
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