Chapitre 32 - De retour

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Sans m'en rendre compte, j'ai fermé les yeux. Lorsque je les rouvre, les couleurs éclatantes ont disparu. Je cligne plusieurs fois des yeux. Je suis sur un trottoir, Chloé toujours collée à moi. Des bruits de voitures.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Je fronce les sourcils et observe avec plus d'attention. Je suis à l'angle de ma rue, au fond de l'impasse le portail aux motifs de dragon !

Je n'y comprends rien.

— Qu'est-ce que...

Chloé regarde autour d'elle, l'air perdue. Je lui parle à voix basse :

— Ça ressemble à chez moi.

— Que... Tu es sûr ?!

Je vérifie tout autour de nous.

— Oui.

— Mais, on est toujours ensemble ! Comment...

— Attends, on va aller chez mes parents pour vérifier. Peut-être est-ce un monde très similaire au mien.

Je suis encore parti au pire moment ! J'essaie de mettre cette idée de côté et de voir le positif : Chloé est toujours là, aussi incroyable que cela puisse paraître.

Je la tire par le bras et nous marchons d'un pas pressé jusqu'à la devanture de ma maison. Je sonne. J'entends des pas, puis la poignée que l'on actionne :

— Hugo ?

— Maman... je murmure.

— Mais qu'est-ce qui te prends de sonner ? Et que fais-tu avec Chloé en tenue du Moyen-Age ?

Mes yeux vont de ma mère à Chloé, puis de sa robe à ma tenue.

— Entrez, tu vas m'expliquer ça devant ton goûter.

— Je n'ai pas très faim.

Elle me scrute, surprise.

— D'habitude tu en dévorerais bien deux ! Mmmh, entre.

Je crois que la situation me coupe l'appétit. Je ne vois pas comment expliquer à ma mère mon départ pour un autre monde. Et pour la deuxième fois en plus et sans lui en avoir parler. Elle va me tuer !

Elle nous guide à la cuisine où nous prenons place.

— Je vous écoute.

Chloé baisse la tête et se mord de nouveau la lèvre inférieure.

— Tu promets de ne pas te fâcher ?

— Présenté comme ça, ce n'est pas très engageant.

Devant mon silence persistant, elle finit par concéder :

— Je ne peux pas te promettre une telle chose sans savoir de quoi il s'agit et le fait que tu sois si mystérieux n'a rien de rassurant. Mais je vous aiderai au mieux.

Alors, je lui raconte tout, mon arrivée à Altéphée, la prophétie du Frelsar, mon combat contre Skaross. J'ai l'impression qu'elle ne me croit pas mais au fur et à mesure, je vois son visage se transformer, et une moue de surprise sur son visage lorsque je sors le pendentif avec l'écaille dragon et celui où trône son cousin d'eau protégeant le glaive. Puis je poursuis avec mon retour dans ce monde pour aider Chloé contre le krachen. Je détaille tout jusqu'à la cérémonie. Maman m'écoute avec une patience dont je suis peu habitué, il est rare qu'elle me demande plus de deux fois de ranger ma chambre avant de hausser le ton et parfois même menacer de privations.

Lorsque je termine mon récit, elle m'observe un long moment. On dirait qu'elle cherche à lire en moi. Ça me rappelle la fois où le vase rapporté du Japon a été brisé, elle était persuadée de ma culpabilité. Elle m'a regardé de la même manière et a fini par me croire. On a su quelques jours plus tard qu'un courant d'air a provoqué la chute du bel objet.

— Je te crois, ça me paraît complètement fou mais je vois bien que tu es sincère. Je... Je me demande si je n'aurais pas préféré une grosse bêtise. C'est absurde ce que je suis en train de dire !

Elle fait un geste de la main, comme pour éloigner ses considérations, et se tourne plutôt vers mon amie :

— Donc, tu es Chloé mais... d'un autre monde ?

— Oui, murmure-t-elle.

— Et vous n'avez pas la moindre idée de comment retourner chez toi ?

— Non, maman. Peut-elle...

Ma mère ne me laisse pas finir qu'elle propose aussitôt :

— Chloé, tu es la bienvenue ici, tant qu'il le faudra.

— Merci, madame.

Une larme roule sur la joue de celle que j'aime.

Ma mère se lève aussitôt pour la prendre dans ses bras.

— Merci beaucoup ! dit mon amie entre deux sanglots.

— Par contre, je suis désolée mais il va falloir changer ton prénom. C'est déjà assez déroutant que tu aies le même visage que Chloé mais avec un nom identique, cela serait trop bizarre et suspicieux pour le voisinage. Peut-être même, modifier la couleur de tes cheveux. Pas besoin de les couper, ils sont bien plus longs que ceux de.. notre Chloé. Ohh, que c'est étrange à dire ! Je ne suis pas certaine que tous ait l'ouverture d'esprit d'un autre monde et j'ai peur que certains puissent avoir l'idée de te faire du mal pour percer à jour ce secret de voyage dans un.. multivers. Mon Dieu, je ne m'y fais pas !

— Je peux vous demander quelque chose ?

— Bien sûr, Chloé.

— Pouvez-vous choisir mon prénom ?

— Euh, tu es sûre ? demande ma mère, déstabilisée.

— Oui.

— Je...

— Maman, pourquoi tu hésites ?

— Parce que je ne t'en ai jamais parlé, Hugo. Et je me rends compte que j'aurais dû.

Elle me regarde droit dans les yeux :

— Avant toi, j'ai eu un autre enfant. Malheureusement, elle n'a pas survécu, elle est morte à la naissance. Une importante malformation. J'étais tellement secouée que je n'ai pas pensé à lui offrir un prénom. J'y ai beaucoup repensé après... quand le manque était trop fort.

Je vois ma mère faire de gros efforts pour ne pas pleurer. Ça me fait mal de la voir ainsi mais je n'arrive pas à bouger, toujours sous le coup de la surprise, et blessé que mes parents ne m'aient jamais rien dit.

— J'aurais aimé... J'aurais aimé qu'elle se nomme Julie.

— Ce serait un honneur de porter ce nom.

— Merci Chloé... Julie.

Elle s'enlace à nouveau. Ma mère tend un bras dans ma direction. Je ne sais pas quoi faire. D'un côté, j'ai bien besoin d'être rassuré mais d'un autre je suis en colère d'apprendre de cette façon que j'ai eu une sœur.

— Désolée Hugo. Tu as tout le droit d'être en colère.

Comment a-t-elle deviné ? Après tout, je n'ai rien dit sur Altéphée, alors je ne suis pas le mieux placer pour lui faire la moral. Je les rejoins, soulagé de sentir le contact rassurant de ma mère.

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