Le château de Versailles
Le plus ancien cas d'objet perdu et retrouvé dont je puisse me rappeler remonte à mes 8 ou 9 ans.
Un week end ensoleillé, ma mère avait décidé pour sortir de Paris d'aller voir le château de Versailles. Arrivé sur place, les tickets étaient quand même cher pour une pauvre divorcée. L'option du parc, qui était gratuit à l'époque, semblait évidente. On s'est baladé au moins une heure avant de s'allonger tranquillement sur la pelouse pour une petite sieste sous un des nombreux arbres alignés le long du grand bassin. Reposés, on est reparti vers la voiture garée assez loin derrière l'orangerie. On cherche un peu mais on retrouve la voiture. Mais là, patatrac : plus de clef. Je dis bien patatrac car ma mère est émotionnellement instable au niveau chaotique. Elle a commencé à pleurer et se frapper le visage en même temps, en se demandant comment elle allait payer un dépanneur. Pas super comme vision pour un môme apeuré. Alors j'ai fait la chose évidente, qui allait déterminer mon destin de serial loser : j'ai juré à ma mère que je retrouverai la clé. J'ai trainé avec moi ce qui restait d'humanité chez ma mère, et je l'ai forcé à refaire tout le parcours que l'on avait fait, à commencer par l'arbre où on avait dormi. La tête baissée pendant deux heures on a cherché dans toutes les allées, les caniveaux, les buissons, en vain. On est reparti vers la voiture, et j'ai vu de nouveau ma mère se décomposer. Je lui ai dit de s'arrêter sur le bord du parking et de m'attendre pour une dernière tentative. J'ai couru vers le grand bassin, négligeant tout le reste de la balade. J'ai repéré l'arbre où nous avions dormi et pris d'un doute j'ai vérifié l'arbre d'à côté. En fait, la clef était deux arbres plus loin. Je suis revenu en courant et je n'ai plus jamais lâché le statut de l'homme de la maison.
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