J'ai commencé dès onze ans à aller seul voir mes grand-parents dans le nord de la France pour chaque vacances scolaires. Le trajet de deux heures était connu, sans jamais d'imprévu. La routine. Pas étonnant qu'un jour je me sois endormi. J'ai donc dépassé la gare de ma grand-mère pour me reveiller surpris à la gare frontière avec la Belgique. Sauf que je n'ai évidemment pas réagi assez vite et la porte s'est refermée avant que j'ai pu sauter du train.

Arrivé en belgique, je constate que le dernier train international pour la France est parti dix minutes plus tôt. Je décide tout simplement de téléphoner et je me rends à l'évidence : le franc belge est encore en cours à cette époque et je n'ai aucun moyen de contacter ma famille. J'interpelle un agent de la SNCB pour lui expliquer ma situation. Il se trouve qu'il habite proche de la frontière et me propose de me ramener au poste de frontière.

Je le remercie de m'avoir permis d'effectuer la plus longue et la plus honteuse de toutes les attentes dans un bar glauque d'une frontière desoeuvrée. En montant dans la voiture de mon oncle, j'ai jeté un dernier regard perplexe à mon ami d'une heure : le néon en forme de cowboy au dessus d'un mini-casino qui n'attirait que les français en mal de jeu d'argent.