Le stage d'observation

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Vers mes quinze ans, j'ai rejoint des camarades de classe pour effectuer le stage d'observation obligatoire. Le sujet semblait facile, pour ne pas dire plié, car la société de tapisserie d'ameublement choisie par notre groupe appartenait au père de l'un d'entre nous. Il suffisait de bien écrire le rapport commun ou plutôt de reformuler le matériel de marketing qui nous avait déjà été fourni. Et bien sûr, il fallait être sérieux et à l'heure pour nos premiers entretiens professionnels. Plus de peur que de mal, les trois compères étaient présents à l'heure donnée à l'endroit fixé.

Bon, ce n'était pas la bonne adresse, c'était celle du siège alors qu'on nous attendait à l'atelier. Avant de reprendre la route, je propose de téléphoner sérieusement pour annoncer notre retard. C'était l'époque des cabines téléphoniques modernes : elles marchaient avec des cartes plutôt que des pièces. J'étais le seul à avoir une carte, dans les cas d'urgence où je me retrouverais naufragé dans une gare. Appel rapide, excuses acceptées, on marche quinze minutes et on serre les premières mains. La visite de l'atelier et les entretiens furent excellents. Nous étions tous très motivés à la sortie et on s'est préssé vers le métro pour rentrer et démarrer le rapport.

Sauf que je n'avais plus ma carte orange car plus de portfeuille. Je suis revenu seul à l'atelier, en m'excusant de nouveau, puis à la cabine téléphonique, on ne sait jamais. Petit passage par le siège, là aussi en vain. Je reviens vers la cabine, et je cherche les cabines adjacentes, au cas où, j'ai déjà eu le cas. Penaud, je décide de repartir à pied et je vois un homme qui me fait signe. Il me demande si je cherche quelque chose et me propose de le suivre. Méfiant mais sans autre choix, je comprends un peu tard qu'il s'agit du vendeur du kiosque à journaux en face des cabines. Il me tend mon portfeuille en me disant que quelqu'un l'avait trouvé et dans le doute l'avait déposé chez lui. Je suis reparti joyeux avec la certitude que les humains sont bienveillants, mais surtout que j'avais bien fait de fouiller de manière ostentatoire.

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