Scène 15
Scène 15
NEO, MARIANNE, JULIETTE
Marianne danse au milieu du jardin dont les bourgeons de fleurs sont encore fermés. Neo et Juliette l'observent en silence, assis sur des chaises près de la maison. La Jeunesse ne fait pas attention aux regards qui sont posé sur elle, sa danse est accompagnée par des paroles qu'eux seuls peuvent comprendre.
JULIETTE prend sa pipe en bouche - Cela faisait longtemps que nous ne l'avions pas vu danser. Tu ne trouves pas ?
NEO - Quelques décennies il me semble.
JULIETTE de façon sarcastique - Il n'y a pas plus beau spectacle que la Jeunesse se déhanchant sur la terre des hommes.
NEO - La beauté est un concept provenant des humains. Si tu arrives véritablement à le concevoir, c'est que ton travail pour les approcher commence à porter ses fruits. Continue comme ça Juliette.
La Vieillesse cache le léger sourire qui s'affiche sur ses lèvres en détournant le visage. Marianne est toujours en train de danser en murmurant des phrases.
MARIANNE - Grandissez, grandissez vers le ciel. Savourez, savourez mon essence. Profitez de moi et de ce que je vous offre. Je suis l'enfant, je suis la Jeunesse, je suis Marianne.
Ses pas s'accélèrent et ses gestes deviennent plus puissants. Elle affiche un large sourire pendant cette danse. Neo l'observe avec attention, le visage toujours neutre.
JULIETTE - Neo, je voulais te demander si nous...
NEO - Plus tard. Je surveille Marianne pour l'instant.
Juliette perd rapidement la bonne humeur qu'elle avait trouvé et se reconcentre sur sa pipe.
MARIANNE - Grandissez, savourez, profitez ! Je suis l'enfant, je suis la Jeunesse, je suis Marianne !
Les fleurs du jardin commencent à éclore, leurs pétales de couleurs s'ouvrent pour accueillir les rayons du soleil. Neo se lève et arrête Marianne pour qu'elle puisse voir les résultats de sa danse.
NEO - Les fleurs se sont enfin ouvertes grâce à ton appel.
MARIANNE joyeuse - J'ai réussi ! Comme elles sont belles ! Est-ce que tu trouves que j'ai bien dansé ?
NEO - Vu que tes pouvoirs ont marché, c'est que tu as bien dansé.
MARIANNE - Mais toi, Neo, trouves-tu que mes gestes étaient assez bien ?
NEO - Cela n'est pas important. Ce qui l'est, c'est que tu réussisses à contrôler tes pouvoirs. Tu peux continuer à danser pendant quelques jours et tu me diras les résultats. J'attends encore de l'amélioration.
MARIANNE contrariée - Tu n'as même pas fait attention à ça ? Bien-sûr que ça l'est ! Je fais bouger l'enveloppe que tu as conçue rien que pour moi, tu devrais au moins y penser.
NEO indifférent - Je ne te demande pas de danser pour le plaisir, mais pour que tu développes tes pouvoirs dans ce monde. Ton amusement m'importe pas, c'est une évolution que j'attends venant de toi; et tu te dois d'y répondre Marianne.
MARIANNE - Si je réponds à tes attentes, veux-tu bien danser avec moi Neo ?
NEO - Je n'ai pas à faire ça.
MARIANNE - Ne veux-tu pas me faire plaisir ? C'est un échange équivalent, tout comme les humains font, n'est-ce pas Juliette ?!
JULIETTE de sa chaise - Elle a bien raison, les humains s'échangent des choses ou des actions. Si tu souhaites qu'on soit proche des humains, il faudrait que tu appliques toi aussi leur façon de faire, chère Mort.
NEO souffle - Vous semblez bien vous entendre quand cela implique de me contraindre à quelque chose.
MARIANNE - Montre nous le bon exemple Neo. Nous qui devons te suivre, il nous faut un guide prêt à faire tout ce qu'il peut pour atteindre notre but. Sans toi, nous ne pourrions être ici, tout près des hommes qui nous attendent. Prouve ton savoir !
Neo la regarde en silence puis finit par hocher mollement de la tête. La Jeunesse saute de joie, réalisant qu'elle venait de gagner. Il n'eut que Juliette qui remarqua le bref sourire qu'effectua Neo en se détournant d'elles. Cette soudaine apparition s'envola aussi rapidement que son arrivée, la Vieillesse ne pouvait être sûre de ce qu'elle avait cru voir.
MARIANNE tourne sa tête vers Juliette - Voilà comment on gagne quelque chose.
JULIETTE - Tu penses que je n'en suis pas capable ?
MARIANNE - Juliette, tu connais déjà la réponse à cette question, ne fait pas l'enfant.
La Jeunesse s'en va à son tour, poussant un rire moqueur tandis que Juliette la regarde partir, le regard haineux.
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