Scène 16
Scène 16
MARIANNE, HUMAIN (ELOI)
La Jeunesse tord son corps plusieurs fois, chantonnant de nouveaux airs pour accompagner ses gestes. Sous l'impulsion de sa propre énergie, Marianne n'avait pas remarqué le soleil décliner à l'horizon, laissant le jour abandonner sa place à la nuit. Sa danse s'intensifiait sous les légers rayons de la lune, ses membres luisaient légèrement de sueur sous l'effort. Soudainement son pied glisse sur une herbe humide et elle tombe à terre. Le visage tourné vers le ciel, elle lâcha un long rire après la surprise passée. Elle relève jusqu'à elle son bras pour mieux l'observer.
MARIANNE touche sa peau - C'est mouillé, étrange mais amusant. Maintenant que j'y pense, Neo m'en avait parlé, qu'on pouvait provoquer ce phénomène en nous mettant en transe. On aurait dit pendant quelques secondes que j'étais réellement une...
Sa tête se tourne brusquement vers la forêt, elle venait d'entendre un craquement. Ses yeux s'agrandissent de surprise en remarquant la forme d'une personne, puis celle d'un visage inconnu, un nouveau regard tout aussi surpris qu'elle. L'humain qui venait de la prendre sur le fait, se retourna et s'enfonça dans la forêt. La Jeunesse se releva et le poursuivit.
MARIANNE - Arrête-toi ! Pourquoi me fuis-tu ?
Bien que ses pouvoirs lui permettaient de le rattraper en un instant, elle se retint de le faire, se rappelant de l'interdiction de Neo de les utiliser pour le moment. Elle se résolut à courir après lui en utilisant ses jambes de chaires. L'humain n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter, continuant à la fuir comme s'il avait vu le diable en personne. Grâce à sa rapidité et à son agilité, Marianne le rattrapa facilement. L’homme se prit le pied dans une racine, déconcentré en la voyant à courir à sa hauteur.
MARIANNE se penche vers l'humain – Ce n’est pas gentil de me fuir ainsi, je vais finir par croire que tu me trouves repoussante. Je pensais que j'étais assez jolie pour qu'un homme ne puisse pas s'empêcher de me regarder.
HUMAIN se prosterne devant elle – Pitié, esprit de la forêt, ne me tuez pas ! Je n’ai pas voulu vous déranger, je ne faisais que passer.
MARIANNE éclate de rire – Te tuer ? Mais ce n’est pas mon travail, c’est celui de N…Je ne suis pas un esprit de la forêt, je suis une simple humaine, comme toi. Mon magnifique corps ne te semble pas assez humain à ton goût ?
L'humain ne semble pas vraiment comprendre ce qu'elle lui dit. Ses sourcils sont levés, le corps toujours tremblant de peur. En voyant qu'il n'allait pas lui répondre, Marianne daigne l'aider à se lever.
MARIANNE lui tend une main - Peux-tu te relever ?
HUMAIN finit par lui attraper sa main – Vous...Vous êtes vraiment humaine ?
MARIANNE enjouée – Oui, puisque je te le dis ! J’ai même un prénom ! Je me nomme « Marianne ». Et toi, quel est ton nom ?
HUMAIN hésitant – Eloi. Eloi Grambergin.
Marianne ne peut s’empêcher de se rapprocher de lui pour l’observer de plus près. Les yeux grand ouverts, elle tourne autour de lui pour le regarder sous tous les angles. L’homme ne sait comment agir face à elle.
MARIANNE - Quel beau corps que voilà. Je comprends pourquoi tu as pu courir si vite. Pourquoi t'es-tu enfuie face à moi Eloi ?
ELOI rougissant - J'ai cru que vous étiez un être de la forêt et que vous alliez me punir de vous avoir observé impunément. Mais...Je n'arrivais pas à détourner mon regard de vous, c'était si...
MARIANNE - Je sais je sais, qui le pourrait ? Personne, évidemment.
La Jeunesse s'élança dans un rire cristallin, riant à sa propre remarque. L'homme la regarde faire, ne savant comment réagir face à son étrange comportement.
ELOI curieux – Et vous ? Puis-je savoir ce que vous faîtes seule dans la forêt ? Il n'est déjà pas coutume de croiser quelqu'un ici, et encore moins une demoiselle telle que vous.
MARIANNE - Je ne faisais que danser sous le clair de lune. Tu devrais essayer, c'est si agréable de les sentir se mélanger à notre peau et aux ténèbres de la nuit. Je pourrais continuer encore des heures !
ELOI hésitant - Etiez-vous en train de faire de la sorcellerie ?
MARIANNE - Sorce quoi ? Je ne suis pas sûre de connaître ce terme, aurais-tu la gentillesse de me l'apprendre ? J'aimerais surprendre quelqu'un en lui montrant que je connais un nouveau mot sans son aide !
ELOI - Vous ne savez pas ce qu'est la sorcellerie ? Où diable vivez-vous pour ignorer cela ?
Marianne affiche un petit air d'incompréhension, Neo ne l'avait pas averti que les humains posaient autant de questions. Que devait-elle lui répondre à ça ? Elle n'était pas censée être là et encore moins lui adresser si impunément la parole.
MARIANNE - Je m'occupe seule de ma grand-mère, ceci explique mon manque de connaissance, j'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur.
La Jeunesse lui dédia un sourire imprégné d'innocence, espérant que sa réponse soit assez convaincante. Eloi sembla soudainement plus détendu en l'apprenant, il lui rendit son sourire.
ELOI - Vous possédez beaucoup de générosité et de courage pour vous occuper seule de votre grand-mère. Habitez-vous loin d'ici ? Je pourrais vous reconduire jusqu'à chez vous, elle doit s'inquiéter pour vous de vous savoir dehors à cette heure-ci.
MARIANNE surprise - Mais oui tu as raison, si la lune est si haute dans le ciel, cela veut dire que...Oh je dois me dépêcher de rentrer chez moi ! Ne t'inquiète pas pour le retour, je vais me débrouiller. Nous pourrions nous revoir à la prochaine pleine lune et danser ensemble ? Cela te plairait ?
ELOI - Si vous me le permettez gente dame, je serais ravie de vous revoir. Dépêchez-vous, elle doit vous attendre.
MARIANNE - Au revoir Eloi !
Elle agite plusieurs fois son bras tout en reculant, puis disparaît de la vision d'Eloi qui est resté quelques instants immobile, fixant l'endroit où avait disparu la Jeunesse.
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