Diapo 05

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La nuit battait son plein, son souffle murmurait contre les vitres, donnant à la rue des airs de maison fantôme. Une voiture venait compléter la chenille au bord du trottoir. La portière s’ouvrit d’abord, une main en dépassa, comme pour s’appuyer, puis un corps, ou plutôt un visage traînant un mannequin de cire. Il resta là, dans la même position. L’on ne pouvait deviner son regard et l’hors champ paraissait un abysse. Après ce temps d’hésitation, il décida de décoller sa main de la portière et la referma, faisant au passage clignoté les phares de la voiture en la verrouillant. Il chevaucha le rebord du trottoir comme l’on passerait au-dessus d’une barrière et s’avança péniblement vers le bâtiment. Le froid se collait à ses jambes. Le pas de plomb. La bouche à demi ouverte, pour reprendre son souffle ou demander de l’aide à la lune, le vieil homme tomba d’abord sur le portail, s’y appuyant d’une main hésitante, haletant, l’œil vers le sol – puis, le reste s’y hâta, d’un coup net, tombant tête la première dans les bras de Morphée.

Quelques secondes ou minutes passèrent. Le temps d’un rêve. Quand Caïn passa et vit le corps dépassé parmi les ombres, il s’accroupit, le secoua rapidement. Une grimace se dessinait sûrement sur son visage.

Le vieil homme ne bougeait toujours pas quand les lumières bleues l’embarquèrent, allongé sur un brancard comme sur un tapis de roses. L’ambulancier parla rapidement à Caïn. Les lumières des foyers du quartier s’allumaient l’une après l’autre. Les premiers visages contre les fenêtres virent les portes de l’ambulance se refermait, démarrée et s’enfuir, loin, tandis qu’encore et partout toujours ces foutues lumières.

Notice diapo :

« — Plus de nouvelles de l’homme depuis que la caméra l’a vue s’écrouler. Minuit et l’ambulance l’ont gobé. Sans me le rendre. L’un de mes personnages est peut-être mort et ma télécommande ne le ramènera pas. Je pourrais faire le tour des hôpitaux : « Bonjour, vous avez possiblement une de mes créations sur le billard, j’aimerai savoir si vous le retapez bien.. » Direction les fous.

Je ne sais pas si je dois continuer. Dehors la vie se multiplie et l’œil devient fou. L’automne me paraissait un bon compromis, l’été semblait trop agité pour le capturer alors j’avais choisi la saison des défunts pour donner un air de vie à une nature morte.. Grosse erreur, la pluie et les hommes brouillent mon image. »

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