[08-07-2024] Chasseurs

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Il y a de cela quelques jours, les derniers échos de la guerre entre la lumière et l'obscurité s'estompèrent. Les peuples, épuisés mais résolus, se tournèrent vers la reconstruction de leurs foyers dévastés. Parmi eux, un jeune héros, dont le nom allait bientôt résonner à travers les terres de Endora, prit la décision sacrée d'aider à restaurer cette magnifique cité.

Endora, jadis réputée pour sa beauté et sa prospérité, gisait désormais en ruines sous un ciel voilé de tristesse. Les tours qui avaient jadis touché les cieux étaient désormais des carcasses éventrées, et les rues autrefois animées étaient maintenant silencieuses, hantées par les spectres du passé. Parmi les décombres fumants, le jeune héros se tenait, scrutant l'ampleur des dégâts avec une détermination inflexible. Pour lui, restaurer Endora ne représentait pas seulement un devoir, mais un appel de son âme à réparer ce qui avait été brisé.

Ce jeune homme, un dresseur de renom aimé de tous, avait traversé la guerre en perdant de nombreux amis, humains comme animaux. Portant le poids de cette perte sur ses épaules, il chercha refuge dans la capitale, Slacornes. Là, sur la place du village, il aperçut une petite estrade. Sans hésiter, il s'y avança et, d'une voix déterminée, annonça :

— Je me nomme Invadors, et je veux rebâtir Endora avec vous.

Quelques personnes présentes esquissèrent un rire moqueur. Ignorant les railleries, il poursuivit :

— Beaucoup d'entre nous ont perdu des êtres chers, ainsi qu'un foyer où il faisait bon vivre. Ce que je propose, c'est que nous reconstruisions ensemble Endora à notre image, non pas selon les desseins de nos dirigeants qui nous ont menés à la guerre pour voir trois quarts de notre peuple décimé par l'envahisseur. Et en retour, que nous ont-ils offert ?

Un silence lourd s'abattit sur la petite place, les curieux s'attendant à la suite de cet homme au discours enflammé.

— Rien du tout ! Nous ne sommes que des pions manipulés à leur gré. Pour ma part, je refuse de continuer à combattre pour rien, dans une guerre sans fin. J'ai vu l'horreur du front, où il n'y avait que des combattants, pas de médecins. Si l'on se blessait et que l'on devenait inapte au combat, notre propre chef d'escadron nous abattait sans autre forme de procès. Est-ce cela que vous trouvez acceptable ?

Les têtes baissées révélaient la confusion et l'inconfort de l'auditoire.

— Pardonnez-moi donc de vouloir reconstruire Endora. De la faire renaître selon nos compétences et nos valeurs. Qui veut se joindre à moi ?

Toutes les mains présentes se levèrent spontanément. Que ce soient des blessés, des handicapés, des jeunes ou des vieux, tous étaient animés du désir ardent de contribuer.

Invadors descendit de l'estrade et alla serrer la main de chaque volontaire, leur exposant en détail son plan.

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Invandors regarda les ruines de la cité Endora avec ses compagnons. L'odeur de la guerre lui revint dans les narines. Certains de ceux qui l'accompagnaient durent s'éloigner pour reprendre leurs esprits, d'autres s'écroulèrent à même la terre. Beaucoup d'entre eux n'étaient jamais revenus ici depuis que le combat avait commencé, et voir leur merveilleuse capitale dans cet état les décourageait. Tous se tournèrent alors vers le jeune homme qui les avait ramenés ici avec espoir. Invandors, sentant le poids de leur regard et de leur désespoir, observa les alentours et trouva un endroit, un peu en hauteur, pour faire un discours d'encouragement. Il commença à y aller tout en réfléchissant à ce qu'il allait dire, puis se ravisa. Il se tourna vers les personnes venues de plusieurs endroits différents et dit :

— Voyez les ruines d'Endora, notre cité majestueuse. Elle était la plus belle de tout le royaume, mais a été détruite vulgairement comme un château de cartes. L'odeur de la guerre est toujours présente malgré le cessez-le-feu.

Tous les regards se tournèrent vers lui, attendant de savoir quoi faire dans ce nouvel endroit. Invandors reprit :

— Je vois à vos visages que vous êtes perdus, déboussolés, tristes, que vous ne savez pas quoi faire. Ce n'est pas grave. Ce que nous allons faire pour commencer à faire renaître Endora, c'est observer ce que nous pouvons récupérer et réutiliser dans un premier temps. Ensuite, on avisera.

Une jeune fille, à peine âgée de douze ans, leva la main timidement. Invandors l'encouragea d'un signe. Elle prit la parole d'une petite voix :

— Je suis la plus âgée des enfants, ce que je vous propose, c'est de nous laisser les endroits exigus à fouiller.

Invandors fut content de voir que même les plus jeunes voulaient aider. Il accepta et fit des groupes en fonction des compétences de chacun.

— On doit être en début d'après-midi au vu de la position de l'astre lumineux qu'est Étolas. Ce que je vous propose, pour vous grouper, c'est de vous séparer en plusieurs groupes. Les enfants, face à moi, au milieu. Les personnes qui peuvent porter des objets lourds et conséquents, à ma gauche. Les autres, à ma droite.

Toutes les personnes présentes s'exécutèrent. Dans le groupe des plus forts, il y avait principalement des forgerons et des mineurs. Au milieu, une vingtaine d'enfants, d'âges et d'ethnies différents. À droite, une douzaine d'hommes et de femmes menu. Invandors se dirigea vers ce dernier groupe et leur demanda leurs compétences. Il apprit qu'il y avait parmi eux une cheffe cuisinière, une couturière et une infirmière, qu'Invandors décida de garder sous la main. Il compta combien ils étaient. Ils étaient 109, lui compris. Il annonça :

— On va faire des groupes de sept. Dans chaque groupe, j'aimerais que vous preniez au moins un enfant. Il sera sous votre surveillance.

Les groupes se formèrent sans disputes, c'est l'avantage quand tout le monde se connaît. Invandors prit un plan de la cité et le divisa en 15 quartiers. Il demanda à chaque groupe de s'occuper d'un quartier. Avec la cuisinière Gisla, la couturière Feyne et l'infirmière Codie, ils iront au centre de la cité. Gisla commença à chercher du bois pour allumer un feu pour le repas du soir. Feyne se dirigea vers une ancienne boutique de couture et récupéra tous les tissus possibles pour les transformer en couvertures pour la nuit. Codie, accompagnée d'Invandors, fit le tour des groupes pour soigner d'éventuels blessés.

La nuit commençait à tomber quand une cloche retentit. Gisla en était à l'origine. Tout le monde se regroupa sur la place du marché d'Endora. La cuisinière avait préparé un ragoût de loup d'or. Elle expliqua que des chasseurs étaient venus et leur avaient donné les animaux pour le repas. Ils étaient ensuite repartis en abattre d'autres. Invandors s'empourpra. Au moment de réagir violemment, un hurlement se fit entendre, suivi du cri d'un homme. Invandors observa Gisla qui blêmit. Il comprit alors que c'était les chasseurs venus plus tôt.

Sans dire un mot, un petit groupe s'arma de bouts de bois et se dirigea vers la sortie de la cité. Invandors s'énerva :

— Revenez avec vos armes de pacotille. Ce ne sont pas les loups d'or nos ennemis, ni même ces pauvres chasseurs.

Tous se retournèrent et le regardèrent, incrédules. Invandors s'expliqua :

— Près de nous, il y a trois grandes meutes de loups d'or inoffensifs. Ils ne nous attaqueront pas. J'ai vu cela avec les chefs des meutes.

Un homme baraqué sortit du groupe, le pointa du doigt et dit :

— Tu es un sorcier ! Au bûcher !

Tous l'observèrent et éclatèrent de rire. Invandors reprit :

— Mon cher Liam, les bûchers ne servent plus aux soi-disant sorciers, mais aux menteurs et aux traîtres. Je ne suis pas un sorcier. Si tu me connaissais vraiment, tu le saurais.

Invandors s'assit près du feu et raconta :

— Il y a longtemps, je suis né dans la forêt. Cette même forêt qui nous entoure. Ma mère a accouché près d'une meute de loups d'or car elle n'avait plus la force d'aller à Endora. Personne ne savait qu'elle était enceinte de moi. Les loups d'or m'ont recueilli. Avant de pouvoir parler votre langue, j'ai appris la leur. Le chef de la meute, Dorus, m'a demandé une faveur. J'ai essayé de faire ce que je pouvais, mais ne parlant pas comme vous, je me faisais rejeter. Alors, un jour, j'ai décidé d'aller au front. Là-bas, le chef d'escadron se moquait de mon âge ; pour lui, je n'étais qu'un bout de viande à brûler. J'ai sauvé mon groupe plusieurs fois grâce à ma meute de loups d'or. En échange, certains du groupe, qui sont morts depuis un moment, ont décidé de m'apprendre leur langue. Je me suis promis qu'au premier cessez-le-feu, j'irais vous aider à reconstruire votre cité perdue, Endora, et qu'en échange, je vous demanderais une chose...

De nouveau, il se fit interrompre par l'infirmière :

— Si tu veux qu'on aille les aider, c'est maintenant. Vu les cris, il ne doit pas rester grand monde des chasseurs.

Invandors garda le silence. Il s'approcha de l'infirmière et lui demanda :

— Tu es prête ?

Elle le regarda droit dans les yeux et prit le commandement :

— Le groupe qui voulait partir, divisez-vous en deux. Une dizaine avec nous. De préférence, ceux qui ont une grande endurance ; les autres, restez ici et protégez les enfants. Invandors et moi, nous mènerons l'expédition. Quand la cloche sonnera, on partira.

Tous s'exécutèrent. Invandors la remercia et sortit d'Endora. Il fit un petit hurlement perceptible uniquement par sa meute.

Un jeune loup d'or au pelage grisâtre s'approcha. Il le renifla puis s'assit en attendant ce que l'homme allait lui dire :

— Je sais que tu viens de la meute de Dorus, dis...

Le jeune loup d'or l'interrompit :

— Dorus a été abattu par ta race. Nous ne te faisons plus confiance. Tu nous as trahis !

Le louveteau se releva et commença à partir. Ivandors ne le retint pas, mais lui demanda :

— Qui est le chef alors ?

Sans se retourner, le loup d'or prononça un nom qui fit blêmir Ivandors :

— Lupya !

Le jeune loup disparut dans la nature. Ivandors trembla, mais il ne devait pas se laisser abattre. Il se retourna et vit Codie l'observer en silence. Son visage était calme. Il s'approcha et lui laissa le temps de poser ses questions, si elle en avait :

— Tout va bien ?

Ivandors hocha la tête et lui expliqua ce qu'il venait de se passer. L'infirmière n'avait qu'une question :

— Qui est Lupya par rapport à toi, Ivandors ?

— Lupya est une louve d'or qui a voulu m'abattre dès ma naissance, car je suis humain. Pour elle, je faisais partie de la race qui les exterminera. Elle ne voulait pas s'occuper de moi comme l'un des siens et elle a été bannie par Dorus.

— Le chef de meute tué par les chasseurs ?

— C'est bien cela. Si c'est vraiment elle qui dirige maintenant, nous n'avons aucune chance pour que les loups d'or des environs nous laissent tranquilles.

— Tu as une idée, je pense.

— Non, plus aucune, dit Ivandors avec tristesse.

Ils rentrèrent à Endora. Codie fit sonner la cloche. Quelques minutes après, le groupe partit en direction des hurlements.

Sur le trajet silencieux, Codie et Ivandors réfléchissaient. Il fallait trouver une solution. La seule qui venait à l'esprit du jeune homme était de se sacrifier pour tous.

Ils arrivèrent à la clairière et virent le massacre se dérouler sous leurs yeux. Ivandors observa l'horreur des combats, impuissant. Lupya le vit au loin et fonça sur lui. Le groupe qui accompagnait Ivandors voulut se positionner face à leur chef, mais celui-ci leur fit comprendre d'un geste de la main qu'il n'en avait pas besoin.

Lupya n'était plus qu'à une enjambée d'Ivandors. Elle gratta le sol. Les combats cessèrent. Ivandors s'assit en tailleur face à elle. Les trois groupes — les chasseurs, la meute de loups d'or et le groupe d'Ivandors — attendirent en silence en se toisant.

Pour des humains lambda, le silence dura longtemps, mais pour ceux parlant le Lorpouss, une discussion avait lieu entre Ivandors et Lupya. Celle-ci commença :

— Tu dois être Ivandors ?

— Et toi, Lupya, la nouvelle cheffe de la meute !

— Grâce à vous. Vous avez abattu Dorus, j'ai pu prendre sa place que je convoitais depuis longtemps.

Ivandors ne sut pas comment réagir. Lupya reprit :

— Tu es venu nous ramener du gibier à abattre ? C'est gentil de ta part.

— Non, je suis venu parlementer.

— Parlementer avec un bout de viande ? Si je t'abattais comme les chasseurs que l'on a tués jusque là et que l'on discutait après, ça ne te dirait pas ?

— Lupya, reprit Ivandors d'une voix calme, je sais que tu nous détestes. Avant de nous attaquer nous aussi, laisse-moi te raconter quelque chose.

— Tu vas nous raconter quoi ? Ta vie au front ? Je sais tout de toi.

— Toi peut-être, mais pas ta meute qui semble être née depuis quelques lunes pour certains.

— Je t'écoute attentivement, mais au moindre mensonge, j'abats les trois chasseurs encore en vie.

Ivandors regarda au loin et vit les chasseurs en question. L'un d'entre eux était très mal en point. Il inspira profondément et commença à raconter son passé au front en Lorpouss :

— Comme vous le savez, j'ai été combattant en première ligne lors du combat contre l'Obscurité. J'avais un escadron où je me sentais bien. Un jour, notre chef nous a demandé de cartographier la zone. En arrivant dans la forêt de "Sombrus", on s'est fait attaquer par des humains de la faction adverse. On les a repoussés tant bien que mal, aidés par la meute de loups d'or des environs. Les femmes et les hommes qui m'accompagnaient savaient qu'il ne fallait pas attaquer les animaux qui nous aidaient, c'étaient nos amis. Le soir venu, on s'est installé dans une prairie pour se reposer un peu. J'étais de garde. Étant épuisé, je me suis endormi. Je me suis fait réveiller par mes compagnons hurlant de douleur. On se faisait attaquer sans raison par les loups d'or des environs...

Lupya s'avança dangereusement vers Ivandors et lui coupa la parole :

— Tu mens ! Lors de cette journée, l'un de vous a tué un de mes petits qui vous aidait sans ma bénédiction.

— Ce n'est pas vrai. Comment l'aurions-nous tué selon toi ?

— Vous avez tiré une flèche enflammée qui a détruit un arbre. En s'écroulant, cinq de la meute ont été abattus par votre faute.

— Une flèche, tu dis ?

— Oui, une flèche de feu !

— Cela ne peut pas être nous. On combattait qu'avec des épées et des boucliers.

— Donc, tu vas me dire que c'est l'esprit de Sombrus qui a fait jaillir une flèche tuant cinq de mes loups ?

— Tu étais là, ce jour-là ?

— Oui, cachée, répondit Lupya en baissant la tête.

Les loups d'or derrière elle se regardèrent en silence. Ivandors reprit :

— Tu as vu la flèche avant qu'elle embrase l'arbre ?

— Oui, je ne peux pas l'oublier.

— De quelle couleur était la plume "coq" ?

Lupya regarda Ivandors d'un air interrogatif. Il s'expliqua :

— Normalement, une flèche a trois plumes à l'arrière. Deux d'entre elles sont appelées "poules" et elles sont alignées avec l'arc. La troisième, appelée "coq", est perpendiculaire aux deux autres. Elle est souvent d'une couleur différente pour la distinguer. De quelle couleur était cette plume ?

— Elle était violette !

Ivandors, choqué, se releva. Violette, cela ne pouvait signifier qu'une chose. Lupya l'observa, la tête sur le côté, se demandant quand est-ce qu'elle pourrait le déchiqueter, mais se ravisa. Le jeune homme se tourna vers Codie qui se trouvait à sa gauche :

— Codie, tu as été au front lors de la guerre dans la forêt de Sombrus ?

Elle hocha la tête en silence. Il lui demanda d'une voix calme :

— Si je me souviens bien, en tant qu'infirmière, si des personnes ne pouvaient pas se déplacer, tu devais les abattre ?

Elle hocha à nouveau la tête, les larmes aux yeux. Ivandors continua :

— Si je me souviens bien, ce jour-là, on s'est fait attaquer par des archers, non ?

Codie s'écroula au sol. Le souvenir de cette guerre, encore frais dans sa tête, la secoua. Elle revit la scène au ralenti. Son mari avait été tué par ces flèches. On lui avait intimé de ne pas dire la vérité sur les véritables attaquants, mais vu que la guerre est en pause, elle annonça la vérité :

— Le combat que tu as mené ce jour-là, c'était contre des Harpus de l'Obscurité. Elles étaient dans les arbres et tiraient des flèches faites avec leurs propres plumes, des plumes violettes. Le but de ce combat, selon votre chef, était de vous décimer car vous posiez trop de questions. Donc, quand votre escadron a fini vainqueur de ce combat, ton chef ne savait pas quoi faire. Il a pris un arc et une flèche d'une Harpus morte, y a mis le feu et a tiré sur un arbre pour abattre des loups d'or. En faisant ça, il s'assurait que ton escadron ne soit plus en vie au coucher d'Étolas. Je ne savais pas que tu faisais partie de ce groupe. Je ne savais pas vos noms. Pardonne-moi.

Ivandors regarda Codie. Il ne s'énerva pas. Il se retourna face à Lupya qui l'observait, énervée. Elle lui dit :

— On a été bernés par tes chefs ? On devrait tous vous exterminer pour ça.

Elle gratta à nouveau le sol. Trois de ses loups se ruèrent sur le chasseur le plus mal en point et le tuèrent. Les deux autres ne bougèrent pas.

Ivandors hurla dans la langue de Lupya :

— Arrêtez ça ! Vous voulez qu'on s'entretue ? C'est ça votre but dans la vie ?

Lupya le regarda avec défi :

— Tu proposes quoi ?

Une jeune louve d'or sortit d'un buisson et s'approcha d'eux sous le regard inquisiteur de Lupya. La louve prit la parole :

— Je suis Dorusa, petite de Dorus, tué par un humain. C'est à moi, si je le souhaite, de demander dédommagement aux humains, pas toi Lupya.

Lupya vit rouge et hurla :

— Je suis ta cheffe ! C'est à moi de prendre les décisions concernant la meute, pas toi !

Dorusa reprit calmement comme si la colère de Lupya ne l'atteignait pas :

— Lupya, tu es cheffe car tu t'es auto-proclamée. Dans notre meute, ce sont les descendants du chef qui prennent la relève. En l'occurrence, c'est moi. Toi, tu as été bannie il y a de cela 240 Étolas. Tu n'as pas ton mot à dire autrement dit.

Dorusa se tourna alors vers la meute de loups d'or qui la regardait :

— Je vous demande à tous d'arrêter les combats. Regardez dans quel état vous êtes !

Tous les loups d'or se regardèrent en silence et s'éloignèrent de leurs proies. Ivandors reprit la parole dans la langue des humains :

— Les deux chasseurs, rejoignez-nous, Codie va vous soigner.

Codie se releva, aidée d'un homme baraqué. Ils se mirent à l'écart avec les deux chasseurs survivants, Paulo et Pierro.

Ivandors se tourna vers Dorusa et lui dit :

— J'aimerais que nos deux peuples ne se fassent plus la guerre !

— J'aimerais que vous arrêtiez de nous chasser pour manger !

Ivandors observa son groupe et leur demanda :

— J'aimerais instaurer une nouvelle directive pour Endora, si vous êtes d'accord.

Tous l'écoutèrent en silence. Il reprit :

— J'aimerais que notre nouveau peuple, la nouvelle Endora, ne mange plus d'animaux. L'acceptez-vous ?

Un des chasseurs, Pierro, dit :

— Et on mangerait quoi selon toi ? La viande, pour nous chasseurs, c'est notre gagne-pain.

Ivandors regarda Codie qui lui sourit. Ils pensaient tous les deux à la même chose. Codie expliqua leur pensée commune :

— Si tu acceptes cette directive, Gisla te fera goûter de merveilleux plats sans viande.

Dorusa, comprenant ce que disent les humains, s'approcha plus près d'Ivandors et lui proposa :

— Ce que l'on peut faire, en accord avec les esprits, c'est qu'à notre mort, si les loups d'or acceptent de leur vivant, c'est de donner notre corps aux humains. Nous, les loups d'or, avons de la fourrure qui peut les aider en hiver à combattre le froid. Notre viande peut les aider également en hiver à tenir quand plus aucune plante ne peut être récoltée. L'acceptez-vous, ma meute ?

Les loups hurlèrent affirmativement. Ivandors venait de conclure le premier accord d'une longue lignée avec les loups d'or.

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