[12-07-2024] Ours

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Codie se réveilla, confuse. Elle avait fait un étrange rêve. Ce songe, c'était souvent le même. Elle se voyait sortir de la cité et se rendre dans les montagnes pour discuter via un portail magique dissimulé dans un puits. Les discussions variaient, mais souvent, elles tournaient autour des mêmes thèmes. Elle recevait des ordres et devait s'exécuter. Pourtant, ce jour-là, elle ne se souvenait plus des paroles de ce "maître". Elle se rappelait avoir vu Taunya plusieurs fois, elle avait même senti entrer en contact avec elle, mais l'entité la repoussait à chaque tentative.


L'infirmière ouvrit les yeux et se retrouva, nez contre museau, avec Taunya, qui ronflait si fort qu'il aurait pu décrocher la mâchoire d'un ours. Elle leva son bras pour caresser le haut de la tête du loup quand Lupya, qu'elle n'avait pas vue, ouvrit les yeux à son tour. La louve, tous muscles tendus, observait attentivement, prête à réagir au moindre geste suspect de l'humaine. Codie rabattit son bras contre le torse de Taunya, préférant ne pas provoquer la méfiance de Lupya.


Taunya ouvrit à son tour un œil après l'autre. Réchauffé par la présence humaine, il se sentait en sécurité, mais les souvenirs des événements de la nuit précédente le ramenèrent à la réalité. Il se dégagea rapidement de Codie et s'éloigna, troublé. En marchant tranquillement, il vit les humains s'affairer à leurs tâches de reconstruction, remarqua aussi que des jeunes loups aidaient les petits humains. Parmi eux, une jeune louve au pelage d'or, ornée de taches blanches, travaillait d'arrache-pied. Sentant un regard posé sur elle, elle se retourna et leurs yeux se croisèrent. Une lueur de bonheur, la même que lors de sa naissance, il y a de cela sept lunes, brilla dans ses yeux. Elle courut le rejoindre, mais avant qu'il ne puisse la saluer, Lupya, surgissant de nulle part, les interrompit :


— Bon, les amis, j'ai eu une idée. Et si on allait se balader aujourd'hui ?


Taunya la regarda, interloqué. La jeune louve s'assit et répondit :


— Lupya, je veux bien, mais aujourd'hui c'est ton équipe qui doit aider les petits humains. C'est pour ça que nous sommes là, nous !


Lupya, remise en place, fit mine de réfléchir et proposa :


— OK, ok, j'avais oublié. Ce que je vous propose, c'est que Taunya et toi, vous irez vous balader.


Elle regarda Taunya avec insistance :


— Il sait très bien de quel endroit je parle.


La jeune louve le regarda de ses jolis yeux couleur bois. Taunya prit enfin la parole après un long moment de silence :


— Pourquoi veux-tu que j'emmène une petite avec moi ? Elle ne ferait que me ralentir et en plus, si c'est la zone à laquelle je pense, cela peut être dangereux...

— Mais au moins, quelqu'un veillerait sur toi, répondit Lupya.


Lupya les observa tour à tour. Taunya, pour ne pas blesser la jeune louve, acquiesça. Lupya, contente d'avoir réussi à motiver le loup, partit en sautillant.


Les deux loups se regardèrent en silence. Taunya aperçut au loin Ivandors et se demanda s'il ne valait pas mieux le prévenir avant cette expédition. Cependant, le regard curieux de la jeune louve à ses côtés l'en dissuada. Il s'avança vers la sortie de la cité, suivi de près par Durina, la louve qui lui avait été attribuée. Absorbé par ses pensées, il ne remarqua pas que le dôme protecteur de la cité s'était transformé en simples remparts. Les rayons du soleil réchauffaient son pelage propre, lui rappelant que les saisons chaudes approchaient et qu'il serait bientôt temps de récolter des plantes pour les remèdes contre les coups de chaleur.


Une fois sortis d'Endora, la jeune louve se planta devant Taunya, le regard vif et déterminé.


— Pourquoi m'as-tu traitée de petite devant mon mentor ? demanda-t-elle.

— Parce que tu es petite, Durina, répondit Taunya sans détour.

— Je ne suis pas petite, père, et tu le sais ! Je suis la plus rapide de mon groupe...

— Mais pas la plus rapide de la meute, répliqua Taunya.


Durina soupira. Être la fille d'un guérisseur très réputé n'était pas de tout repos. Elle devait constamment faire le double de ce qu'avaient fait ses parents plus jeunes, et elle était toujours comparée aux autres à cause de sa génétique. Elle en avait plus qu'assez qu'on la prenne de haut, mais bon, c'est ainsi, pensait-elle.


Elle baissa les yeux un moment, cherchant à dissimuler sa frustration, puis releva la tête, déterminée à prouver sa valeur.


— Très bien, père. J'en ai marre qu'on nous compare souvent, alors laisse moi organiser une course.


Taunya, le regard déterminé, la regarda grandir devant lui. Elle reprit :


— Tu te souviens, au loin, il y a une clairière, et si on y allait en courant comme au bon vieux temps ?


Taunya se rappela de cet endroit, c'était sur le chemin. En voyant le regard déterminé que lui lançait Durina, il lui proposa :


— Et si la course était plus longue, ça te tenterait plus ?


Elle hocha la tête. Alors il dit :


— On va courir jusqu'à la fin de la forêt.


Un hurlement de joie se fit entendre, c'était Durina, heureuse de pouvoir montrer ses aptitudes à son père.


Taunya donna le top départ et sa fille s'élança, rapide comme le vent. Alors qu'il se préparait à la suivre, il sentit Codie essayer d'entrer en contact avec lui. Il accepta l'échange brièvement, échangeant des banalités, mais à la question "T'ai-je vexé ?", il coupa brusquement le lien. Une vague de culpabilité l'envahit, mais il ne voulait plus prendre de risques. Il tenta de rattraper sa fille, mais elle avait déjà pris une avance considérable.


Doruna arriva à la clairière et ne vit pas son père. Elle ne s'inquiéta pas, cela l'aurait ralentie. Elle voulait continuer d'avancer, mais quelque chose la retint. Une ombre bougea devant elle. La jeune louve se mit sur ses gardes et avança prudemment. Elle sentit derrière elle une présence accélérer. Sans se retourner, elle dit :


— N'avance pas, père, je ne sais pas ce qui est devant nous !


La personne derrière elle ralentit, confirmant ses soupçons. Pourtant, son père n'était pas avec elle.


Au loin, de l'herbe bougea, et Doruna pensa qu'un louveteau de son groupe l'avait suivie. Elle s'avança aussi silencieusement que possible. Au moment d'écarter les feuilles qui obstruaient sa vue, elle vit des créatures aux longues dents se positionner tout autour d'elle. Se sentant en danger, elle recula précipitamment et faillit marcher sur la patte d'un lièvre d'argent derrière elle.


Elle pensa : "C'est la fin de mon aventure." et s'assit, attendant de voir comment elle allait mourir. Le temps se figea. Plus personne n'osait bouger ou même respirer.


Un hurlement se fit entendre. Elle ne sut pas de qui il venait, mais cela suffit à faire fuir ses agresseurs. Elle ne chercha pas à les rattraper. Elle se maudissait d'être devenue défaitiste. Elle aurait pu au moins en abattre quelques-uns s'ils l'avaient attaquée.


Quelque chose bougea derrière Doruna. Elle se retourna, sortit ses griffes, prête à se défendre, et vit son sauveur : son père. Elle le rejoignit en courant et fondit en larmes dans sa fourrure. Taunya avait vu toute la scène, mais quand il l'avait vue s'asseoir sans sortir ses griffes, il repensa à la mère de Doruna. Celle-ci s'était battue courageusement contre une attaque de lièvres d'argent, mais il n'avait jamais osé l'avouer à sa fille. Ce qu'elle savait, c'était que sa maman était partie chercher des plantes pour Taunya, et qu'elle n'était jamais revenue.


Le souvenir était encore douloureux pour Taunya. Il serra sa fille contre lui, réconfortant Doruna avec une tendresse rare. Ses pensées vagabondèrent vers le passé, revivant cette nuit tragique. La bravoure de sa compagne, son sacrifice... Il se jura que Doruna ne connaîtrait jamais une telle fin. Il la protégea de son propre corps, sentant son cœur se serrer.


— Doruna, murmura-t-il, ta mère serait fière de toi. Ne laisse jamais la peur te paralyser. Tu as en toi la force de mille loups. N'oublie jamais cela.


La jeune louve hocha la tête, ses larmes se tarissant doucement. Elle releva la tête, déterminée à prouver sa valeur, non seulement à son père, mais aussi à elle-même. La clairière, désormais silencieuse, semblait respirer avec eux, apaisée par cette promesse silencieuse de protection et de courage.


Ils reprirent leur course, cette fois-ci c'était Taunya qui menait la marche. Il ralentissait souvent pour ne pas perdre sa fille de vue. À chaque halte, il prenait soin de marquer les arbres, traçant leur chemin avec précision. Le vent, jusque-là frais et doux, changea brusquement de température, devenant étrangement chaud. Les oiseaux, jusque-là invisibles, surgirent et volèrent à contre-sens, ajoutant une note d'inquiétude à l'atmosphère déjà tendue. Taunya s'interrogea sur ce phénomène étrange.


Il vit sa fille apparaître à ses côtés, le regard interrogateur, cherchant dans ses yeux une explication qu'il ne pouvait fournir. Le loup d'or décida de continuer d'avancer prudemment, les sens en alerte, chaque pas résonnant comme une promesse de danger. Plus ils s'approchaient de la lisière de la forêt, plus son cœur battait la chamade, répercutant son inquiétude et son anticipation.


Les arbres devenaient de plus en plus serrés, leurs branches entrelacées créant un labyrinthe de verdure impénétrable. Il était de plus en plus difficile de passer rapidement à travers cette dense végétation. D'un commun accord, les deux loups arrêtèrent leur course et se concentrèrent sur les éventuels dangers qui pouvaient rôder dans les environs.


L'odeur de la chaleur leur parvint aux narines, signe que la fin de la forêt était proche. Voyant Durina épuisée, Taunya décida de faire une pause. Le loup sentit la présence de l'eau à proximité et choisit de chercher ce point de fraîcheur avec précaution. Durina le suivait péniblement, ses pattes lourdes de fatigue.


Les loups d'or découvrirent bientôt une rivière à l'eau si limpide qu'on pouvait apercevoir les poissons nageant gaiement. Durina voulut s'approcher de ce spectacle enchanteur, mais son père l'en empêcha brusquement, ayant repéré un gros animal à quelques pas d'eux. Cette créature, massive, était deux fois plus grande que le plus gros loup de la meute. Ils n'osèrent pas s'approcher davantage.


L'ours de bronze, voyant au loin les deux loups d'or épuisés, s'éloigna de la rivière pour leur laisser l'espace nécessaire pour s'abreuver. Il retourna dans sa grotte pour se reposer au frais. Les loups interprétèrent son geste comme une invitation et s'approchèrent de l'eau. La fraîcheur de l'eau était un répit bienvenu, leur apportant un soulagement immédiat.


Taunya sortit son museau de l'eau et vit un poisson le regarder. Il eut l'impression que le poisson lui souriait. Le loup se demanda s'il n'hallucinait pas. Durina, quant à elle, appréciait cette pause tant méritée. Cela faisait quelques heures qu'ils couraient sans relâche. Elle leva le museau et observa son père, perdu dans ses pensées, fixant l'horizon.


Autour d'eux, des centaines de montagnes aux sommets variés s'élevaient majestueusement, leurs silhouettes découpant l'horizon dans un contraste saisissant avec le ciel. Taunya repensa à la nuit précédente, essayant de reconstituer mentalement le chemin qu'ils avaient parcouru. Mais la vue des paysages inconnus, qui n’avaient pas retenu son attention quelques heures plus tôt, plongea son esprit dans une réflexion confuse et labyrinthique. S’apercevant de la difficulté de son père, Durina, avec une sagesse acquise au fil du temps, lui offrit un conseil avisé :


— Père, je comprends que la nuit a été longue et que le chemin semble désormais incertain. Mais peut-être devrions-nous nous rappeler que les étoiles ont toujours guidé les voyageurs. Nous devrions chercher un repère dans le ciel pour nous orienter. En trouvant une montagne ou une formation rocheuse distinctive, nous pourrons peut-être établir notre route et retrouver notre chemin plus facilement. Les signes de la nature sont parfois aussi fiables que les marques sur les arbres.


Taunya ferma les yeux un instant, se concentrant sur les souvenirs de la poursuite de Codie à la sortie de la forêt. Il fit quelques pas hésitants, puis une compréhension éclaira son esprit. Il courut vers l'orée de la forêt, ferma les yeux à nouveau, et plongea tête la première dans le flot de souvenirs. Il avançait au rythme de ces visions, cherchant la montagne où Codie s’était aventuré.


Durina le suivait de près, chaque trébuchement de son père la poussant à vouloir l’aider, mais il lui fit signe de rester en retrait pour qu’il puisse se concentrer pleinement.


Après une série de chutes éreintantes, ils arrivèrent enfin devant la montagne tant cherchée. Taunya ouvrit les yeux, fatigué par l'effort intense pour retrouver la grotte ou Codie s'est jettait dans le puit. Durina comprit que c’était bien l’endroit recherché quand elle vit son père pénétrer dans la montagne avec détermination.


L'obscurité les enveloppa alors, et les loups d'or durent s'arrêter. Cette fois, aucune lumière ne s’alluma pour les guider. Taunya tenta d’envoyer un appel télépathique à Codie, mais une barrière invisible entravait sa tentative. Il avait trouvé le bon endroit.


Au loin, deux lueurs dorées se rapprochaient dangereusement des loups d'or. Durina se plaça instinctivement devant son père, prête à le protéger. Taunya, encore absorbé par ses pensées, ne remarqua pas immédiatement le danger. Il sortit de sa torpeur lorsque l'ombre de l’animal de tout à l’heure se dessina à quelques pas d’eux.


L'ours de bronze les observa avec une intensité perçante. Voyant la peur se dessiner sur leurs visages, il s'allongea pour être à leur hauteur, rendant le moment moins intimidant. Les loups, sur leurs gardes, le regardèrent avec méfiance. L'ours de bronze rompit le silence avec une voix grave et calme :


— Que font deux loups d'or aussi loin de chez eux ?


Durina ouvrit la bouche pour répondre, mais Taunya la devança avec fermeté :


— Nous sommes partis explorer le royaume.


L'ours reprit avec une sérénité presque apaisante :


— Ici, ce que vous trouverez ce sont de vieux esprits enfermés dans des portails. Hier, un esprit puissant s’est échappé, profitant de la pleine lune et d’un réceptacle faible. Cet esprit est un démon qui souhaite tout détruire en échange de l'immortalité. Ce n'est que la première d’une longue série. Les puits sont leurs prisons.


Les révélations de l'ours de bronze frappèrent Taunya comme un coup de lame dans le cœur. La gravité des mots le laissa un instant sans voix. Il finit par poser la question qui le tourmentait depuis le début :


— Si un humain se fait posséder, peut-on le sauver ?


L'ours répondit avec une sagesse mélancolique :


— Peut-on réellement sauver quelqu'un de sa propre cupidité ?


La réponse de l'ours résonna dans l'air comme une sentence inévitable. Taunya, bien que secoué par la gravité de la situation, chercha à comprendre davantage. Son regard croisa celui de Durina, qui partageait le même désarroi. L’obscurité autour d'eux semblait maintenant peser lourdement sur leurs épaules.


— Mais s’il y a encore un espoir, — insista Taunya, — n’existe-t-il pas un moyen de contrecarrer ce démon ? Une façon de restaurer ce qui a été corrompu ?


L'ours de bronze inclina légèrement la tête, ses yeux dorés brillant d’une lueur bienveillante mais empreinte de tristesse.


— L’espoir est une flamme fragile dans l’obscurité, — répondit-il doucement. — Pour chaque démon, il y a un prix à payer. La vraie question est de savoir si le sacrifice nécessaire est supportable. Les puits, qui contiennent les esprits, sont conçus pour garder l’équilibre. Mais si un démon s’échappe, il seme le chaos jusqu’à ce que ses plans soient contrecarrés ou que la balance soit rétablie.


Taunya hocha la tête, conscient que les réponses apportaient plus de questions. Il se tourna vers sa fille et murmura :


— Il doit y avoir quelque chose que nous pouvons faire. Peut-être que les portails, ou les esprits eux-mêmes, possèdent des indices sur comment agir.


L'ours de bronze les observa avec une curiosité attentive.


— Les portails sont gardés par des esprits anciens qui ont des ours comme moi, — expliqua l’ours. Ils connaissent les secrets et les chemins vers l’immortalité que le démon convoite.


Taunya se mit à pleurer en silence. La réalité l’avait frappé de plein fouet : il venait de comprendre qu'il avait perdu Codie, son humaine bien-aimée. Sa peine était immense, et le poids de la perte le dévastait.


Durina, la petite louve, observait la scène avec une tristesse palpable dans ses yeux. Sa voix, à peine un murmure, rompit le silence :


— Je ne sais pas comment t’appeler, mais j’aurais une question.


L'ours de bronze, Gardos, se tourna vers elle. Ses yeux profonds et sages la scrutaient, pleins de sollicitude.


— On me nomme Gardos. Dis-moi tout, jeune louve.


Durina, les yeux remplis de chagrin, se tourna vers son père et demanda d'une voix tremblante :


— Si un humain, portant un démon en lui, a été lié à un loup d’or, peut-on la sauver ?


Gardos scruta la petite louve avec une intensité qui trahissait son souci. Il réfléchit profondément, mais malgré ses vastes connaissances, il se sentit étrangement démuni. Les souvenirs des anciennes légendes et des liens entre les races semblaient lui faire défaut. Pour une fois, l'ours répondit avec une tristesse sincère :


— Je ne sais pas...


Avant qu'il puisse ajouter quoi que ce soit, un souffle glacé balaya la grotte. Les loups frissonnèrent et se précipitèrent près de Gardos, cherchant refuge. Par réflexe, l'ours de bronze les coucha derrière ses larges pattes poilues pour les protéger.


Les oreilles des loups se dressèrent alors qu'ils captaient le bruit de pas résonnants dans l'obscurité. Ils tendirent l'oreille, attendant l'arrivée de l’inconnu avec une méfiance palpable.


Gardos, conscient que l’individu qui approchait n'était autre qu'Agors, son propre fils, continua de protéger les loups. Agors engagea la conversation avec respect :


— Oh, père des gardiens, père de moi, puis-je demander audience auprès de vous ?


Son langage formel était typique des nouvelles générations d'ours de bronze, les gardiens vénérables. Gardos inclina légèrement la tête, signe d’acceptation. Agors poursuivit :


— J’ai failli à ma mission, comme tu peux t’en douter. Le démon Irsa s’est échappé hier soir. Aucun de nous n’avait pu le prévoir. Oh, père des gardiens, père de moi, que dois-je faire maintenant ? Dois-je informer le Haut-Conseil de ma faute ?


Gardos baissa la tête, murmurant à l’oreille de Taunya sans que son fils n’entende :


— Irsa est le démon qui habite ton humaine. C’est la plus malveillante de toutes, la plus insidieuse.


Reprenant la parole de manière plus audible pour Agors, l'ours de bronze déclara avec fermeté :


— Va quérir le conseil, nous aurons besoin d’eux !


Agors s’éloigna en courant, son visage marqué par la détermination. Gardos déplaça ses pattes pour libérer les loups, qui se précipitèrent pour respirer un peu d’air frais. L’ours de bronze, après un moment de réflexion, expliqua :


— Si mon fils parvient à voir le conseil rapidement, je devrais assister à la réunion concernant ce démon. Je peux leur demander de vous accepter dans le cercle afin que vous puissiez obtenir les informations nécessaires et nous aider dans cette crise.


Taunya et Durina acquiescèrent en chœur, reconnaissant l'importance de la démarche. Gardos ajouta :


— Jeune loup, si j’ai bien compris, tu es en lien avec l’humaine corrompue ?

— C’est exact..., répondit Taunya

— Sors de la grotte et contacte-la. Explique-lui que la louve qui t’accompagne est malade et contagieuse. En raison de cela, tu ne pourras pas la voir immédiatement. Cela te donnera le temps de réfléchir, avec nous, à la situation particulière de ton humaine. Ce n’est pas une obligation, mais une suggestion.


Taunya obéit immédiatement. Il quitta la grotte en courant, se frayant un chemin à travers la forêt jusqu’à ce qu’il soit en vue d’un arbre. Là, il contacta Codie pour lui expliquer la situation : Durina était malade et il était contraint de rester où il se trouvait. L'infirmière eut du mal à le croire, mais Taunya insista. Malgré tout, elle ne perçut rien qui pourrait l’aider.


Avant de repartir, il sentit Codie forçait le passage à travers ses yeux. Il la laissa faire. Elle ne vit que l'arbre qui lui montrait. Avant de couper la conversation, Codie s'énnerva. Taunya sentit que ce n'était pas Codie, mais le démon qui lui avait répondu.

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