DANSE
Ainsi fusa mon rire où la musique éclate !
Quand le silence absent se fit prétexte obscur,
Je glissai élancée sur les ricochets sûrs,
Envoûtée de satin, en robe délicate.
La jalousie fleurie, à l’épine écarlate,
Égratigna ma soie révélant mon azur
Pour que palpite enfin mon sang revenu pur
Contemplant de très haut son filet, mes stigmates.
Je danse à contretemps d’une époque à rebours :
La débâcle est foulée pour m’éblouir toujours
D’un rêve à l’abandon dans la nuit que j’éteins.
À mes pieds, suppliants, ne sont froids que de loin,
Les souvenirs d’un sol où se noient mes chagrins...
Ainsi fusa mon rire oublieux des témoins !
Ainsi dansa mon rire où la musique éclate !
Je glissai élancée sur un satin obscur,
Ce silencieux accent de mes émois impurs,
Envoûtée de regards aux désirs écarlates…
En ma robe lovée, je signai les stigmates
Sur les corps absentés de mes vies dans l’azur :
J’égratignai ma soie sur l’épine aux fruits mûrs
Tandis qu’au loin mes fleurs s’épanchaient délicates…
Je danse à tous les temps en cet âge à rebours :
Ma débâcle est foulée quand mon cri se fait sourd
Je rêve à l’abandon dans la nuit que j’étreins.
Jalousie, mon amour, que ta froideur est loin…
C’est ton sol qui me dit où se tait mon chagrin :
Ainsi vola mon rire oublieux des témoins !
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