LIBÉRATION
Allongé sur la terre, espace horizontal,
Mon pauvre corps aspire à un plus long repos :
Je ne le nourris plus que des couleurs sans eau
Et mes sens sont dissous hors séjour carcéral.
La nuit n’est que soleils éparpillés sans bruits
Dans un monde épuisé par la fin sans pareille
Elle est trace et s’efface, s’estompe où je m’enfuis,
Elle est légère aussi quand les arbres la veillent.
Je suis un océan, suspendu sans rivages,
Débordé, libre enfin : nulle grève où mourir.
Je suis un ciel vibrant posé sur des soupirs,
Exhalés sans retours par delà tous les âges.
Nul contour ne me fige et j’ai quitté la mort
Je m’apprête au retour pour sauver tous mes autres :
Ils sont là, enfermés, dans un temps qu’ils croient nôtre
Alors que l’infini les appelle au dehors.
Mon souffle a dissipé l’obscur et ses vapeurs
La montagne a surgi pour m’enfanter sans pleurs
Sur une île alanguie, où la vague est écrin
Se dessine un destin qui fera signe aux miens.
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