EFFACEMENT
Ce soir, je vais saigner sur la feuillée déchue :
Gisant sur un humus qui ne sait qu’exciter
Je vais signer en blanc sous un ciel raturé
L’inceste en ses tourments sans plus de retenue.
La Radieuse me voit : Elle sait mon désir…
Elle ne sait que trop ce qui peut me combler
En remontant le cours de ma soif de gésir
Pour m’accorder sans heurts toutes les voluptés.
Le soubresaut passé du hoquet semencier
J’attrape un couperet pour ne plus être lui :
Je vais signer au sang le destin avorté
De la petite fille avouant qu’elle a fui !
Je ne suis que béance en cette ultime nuit…
Mon cœur s’est amorti dans un dol silencieux,
Irriguant la jonchée de Celle et de Celui
Et libérant l’émoi des carcans sentencieux !
De mes vies suppliciées s’échappe à tire d’aile
Un essaim vrombissant parcouru de cris blancs :
Tous mes oiseaux de nuit, ces ombres infidèles,
Regagnant cet ailleurs où fut tué l’enfant.
C’est alors que le sol voulut me suivre au ciel :
Tourbillon frémissant et puis chaos sans fiel,
Le monde déserta sa funeste matière
Aspirée par le temps, cet aveu délétère.
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