CARN
Il est un bain sacré où nager ensorcelle :
Yeux ouverts ou fermés n’y voient qu’immensité
Le corps flotté n’y est que pour s’y oublier
C’est un bain très secret où la vie était belle.
Yeux ouverts ou fermés n’y voient qu’immensité :
C’est l’éclat inchangé de la mort parallèle.
C’est un bain très secret où la vie était belle :
Mais le jour arriva où il fallut marcher.
C’est l’éclat inchangé de la mort parallèle
Où l’oubli perd de vue et le vide et ses ailes
Pour flotter nonchalant en se faisant nacelle…
Mais le jour arriva où il fallut marcher.
Où l’oubli perd de vue le vide et ses ailes,
Je repense à l’avers et à ses monts bleutés
Mais le jour arriva où il fallut marcher :
Il est un bain sacré où nager ensorcelle…
Je recule immobile ancré dans le reflux
De ce sable éreinté de trop grandes marées…
Je ne bascule plus, je me noie sans bouger
Au fil d’un temps passé que l’horizon exclut.
Dans ce sable éreinté qui se meut sans bouger
Je m’avance immobile, étourdi de reflux,
Au fil d’un temps passé que l’horizon exclut,
Vers un futur éteint par les espoirs lassés.
Je m’avance immobile, étourdi de reflux,
Au midi de la nuit quand le sang est vicié
Vers un futur éteint par les espoirs lassés
Pour nager sans flotter aux abysses goulus.
Au minuit de ma vie quand le sang est vicié,
Je me souviens sans fin de mes espoirs diffus :
Plonger aux abysses signifiait être élu
Aux destins les moins purs des plus grands carnassiers.
Je reflue sans bouger, je ne bascule plus…
Je contemple muet le plus grand des charniers :
Tous les morts sont bien là et les vivants, non nés…
Le temps est toujours prêt : le voilà qui m’englue...
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