SANS ESPACE EST SANS TEMPS
J’ai traversé le temps pour être moins distant,
J’ai éteint les reflets, je me sais mieux qu’avant;
Je vois en cet instant que je suis ce qui est:
Moins distrait, moins épais, je suis, et c’est parfait.
J’ai couvert cet espace où la mort devient vie ;
J’ai foulé tous les bruits où mon jour s’étourdit :
Je suis assis, ici, silencieux, immobile,
Sous la lune, alangui, j’ai trouvé mon asile.
J’ai adouci l'amer au secours de l'enfant,
J’ai consumé les feux en vidant les volcans,
Je brûle au ralenti des jours plus courts qu’avant :
Sans espace et sans temps, ma mémoire est devant.
J’ai fondu le mirage, l'agonie du réveil...
J’ai un compte à rebours à nul autre pareil ;
Je me réfère à lui en marchant en plein ciel,
Dans l’azur, au soleil : le un devient pluriel.
J’ai su alors comment m’absenter au présent,
J’ai soufflé en premier les appels du néant
La vie, devenue songe, a descellé mes rêves :
L’ordinaire est magie quand enfin vient la trêve.
Enfermé volontaire aux confins de mes nuits,
J’aspire un jour de plus, j’aspire ce qui fuit…
Il fait bon quand vient l’aube à l’abri des scories:
Le calme est établi, un instant, dans ma vie.
Comment leur dire adieu, je ne reviendrai pas,
Alors que je sais bien que retour suit trépas ?
Se taire et s’en aller, seul: parti, arrivé,
Revenu, épuisé, coulé bas, en privé.
Résonne alors l’appel, cet écho sidérant,
M’enjoignant à quitter tout ce qui est mourant,
M’enjoignant à fêter tout ce qui est vivant,
Tout ce qui n’est pas né dans l’espace et le temps.
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